TIMKARDHIT, Bibliothèque virtuelle de KabylieBienvenue sur ce Blog, espace complémentaire de mon SITE "AKKA" : LA KABYLIE DES ECRIVAINS.2023-10-30T06:15:53+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://timkardhit.hautetfort.com/ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlMarcel Elkaïm et Amirouche Aït Hamouda.tag:timkardhit.hautetfort.com,2023-10-30:64685142023-10-30T06:12:45+01:002023-10-30T06:12:45+01:00 Marcel dessine le patron, reporte les mesures effectuées dans la nuit. Il...
<p lang="en-US" align="JUSTIFY">Marcel dessine le patron, reporte les mesures effectuées dans la nuit.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Il pense à Amirouche.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Amirouche Aït Hamouda.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Avant qu'il ne disparaisse dans les montagne et ne devienne le « loup de l'Akfadou », le sanguinaire décrit dans <em>La Dépêche algérienne</em>, le terrible qui arrache méticuleusement oreilles, nez, paupières, aux traîtres, et égorge même ses camarades de combat les plus proches, le combattant avait été bijoutier à Relizane.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Marcel lui avait acheté les plus belles parures de Viviane, la bague de fiançailles sertie de diamants, le collier de leur première année de mariage, cascade d'or jaune tressée, qu'elle portait en toute occasion au risque de faire des jalouses.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Amirouche lui avait fait des remises en échange de costumes à prix coûtant. Quand Marcel 1e livrait, ils buvaient le thé à la menthe dans l'arrière-boutique du joaillier.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- Tu pourrais rejoindre notre lutte, Marcel, je vois dans tes yeux que tu es fiable. Tu es un homme fidèle.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Il insistait.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- Le noyau de la fidélité, c'est la fidélité à des convictions, savoir qu'on peut crever pour ça.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Plus rien n'arrêtait sa logorrhée, ni les clients au seuil de la boutique, renvoyés d'un geste brusque, ni les heures à l'horloge, ni même le dernier appel du muezzin.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- Messali Hadj, t'en as forcément entendu parler ? Interdit de séjour ici, déporté en France, plusieurs fois emprisonné pour ses idées. Le parti du peuple algérien, l'Étoile nord-africaine, ça te dit quelque chose ? La résistance nationaliste ? Marcel, me dis pas le contraire ! Toi tu lis les journaux ! Et Maurice Thorez, même Maurice Thorez a déclaré que l'Algérie était « une nation en voie de formation », et c'était en 1939... Depuis, il y a eu Sétif. Sétif, premier acte de notre soulèvement, et à quel prix ? Celui du sang, des morts qui tremblent dans leurs tombes. Nos enfants devront se battre avec des armes pour conquérir leur liberté. Je te jure, les Francaouis, ils ont encore rien vu.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Marcel se souvenait des tracts noirs écrits en français et en arabe, « Le voÿage de Maurice Thorez en Algérie, 28 janvier-12 février 1939 ». Ces brochures glissées au petit matin sous les portes de la ville et que Lella jetait dans le kanoun. Chez elle, on ne faisait pas de politique et, de toute façon, elle ne savait pas lire.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- On n'en restera pas là, Marcel. La violence a fini par s'imprimer dans nos corps et dans nos esprits. La violence nous a rendus fous, et maintenant, on veut savoir à quoi ressemble la liberté, on veut le savoir à tout prix.</p><p align="JUSTIFY"><br /><br /></p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Le PCF les soutenait, et derrière le PCF, il y avait l'URSS. Il faudrait se battre pour le droit à l'indépendance des peuples colonisés, martelait Amirouche. Il faudrait se battre contre les impérialistes, de tous côtés.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- Ils ont trop d'intérêts économiques ici. Le intérêts économiques, ça empêche de distinguer le bien et le mal. Je te parle du Congo, je te parle de, l'Indochine. Je ne te parle pas seulement de l'Algérie. Et toi, toi, tu es algérien au-delà de l'Algérie !</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">Amirouche pointait l'index et le majeur, de ses yeux vers ceux de Marcel.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY">- Je le vois dans ton regard.</p><p lang="en-US" align="JUSTIFY"> </p><p lang="en-US" align="RIGHT"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/01/974566830.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6485926" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/01/3292712734.jpg" alt="ELKAIM-Le-tailleur-de-Relizane_couv.jpg" /></a>Olivia ELKAIM</strong></p><p lang="en-US" align="RIGHT"><strong>Le Tailleur de Relizane</strong></p><p lang="en-US" align="RIGHT">Éditions Stock</p><p lang="en-US" align="RIGHT">2020 (extrait p64-66)</p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlProfession du père (Sorj CHALANDON)tag:timkardhit.hautetfort.com,2022-09-08:64000232022-09-08T08:00:44+02:002022-09-08T07:58:00+02:00 Profession du père (Sorj CHALANDON) Extrait Émile a été...
<p align="JUSTIFY">Profession du père (Sorj CHALANDON) Extrait</p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><em>Émile a été <span style="font-family: Times New Roman, serif;">"abandonné" par son père (grand mythomane) à l'âge de 21 ans.</span></em></p><p align="JUSTIFY"><em><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Il n'a pas revu ses parents depuis des années (pas même pour son mariage avec une "Kabyle" de Rosporden !)</span></em></p><p align="JUSTIFY"> </p><p align="JUSTIFY"><u>Pages 258-265 :</u></p><p align="JUSTIFY">Je suis revenu voir (mes parents) sept ans plus tard, en juillet 2002. Clément était né en mars, comme moi. Je voulais qu'ils le rencontrent. Nous sommes arrivés en ville par le train de midi. Je ne leur avais pas donné notre heure d'arrivée. Ils ne l'avaient pas demandée. Avant d'aller chez eux, j'ai emmené Fadila et mon fils dans un restaurant de la rue Belgeard.</p><p align="JUSTIFY">- Tu viens avec ton bébé ?</p><p align="JUSTIFY">Oui, j'avais répondu au téléphone. Bien sûr, évidemment. C'est même pour cela que nous venions. Ma mère avait posé la question avec sa voix soucieuse.</p><p align="JUSTIFY">- Vous allez manger où ?</p><p align="JUSTIFY">- Déjeuner où ? Nous trouverons.</p><p align="JUSTIFY">Elle avait semblé soulagée.</p><p align="JUSTIFY">- Dans le train ?</p><p align="JUSTIFY">- Non, dans la vieille ville, je pense.</p><p align="JUSTIFY">Mon père écoutait tout. Je sentais sa présence autour d'elle, j'entendais son silence. Il regardait ma mère, la fenêtre, elle encore, le plafond.</p><p align="JUSTIFY">- Il vient avec son Arabe ?</p><p align="JUSTIFY">Elle ne lui répondait pas. Elle s'inquiétait du métro bondé.</p><p align="JUSTIFY">- On prendra un taxi à la gare, ne t'inquiète de rien.</p><p align="JUSTIFY">- Ça fait des frais, a dit ma mère.</p><p align="JUSTIFY">- De quoi ? il a demandé au loin.</p><p align="JUSTIFY">- Ils vont aller au restaurant, ça a répété ma mère.</p><p align="JUSTIFY">Il pleuvait. Une pluie fine et légère, que nous ne sentions pas. Lorsque nous sommes arrivés dans leur était à la fenêtre. Elle attendait, penchée, mains jointes. Elle surveillait les taxis. Nous sommes arrivés à pied. Je portais le couffin d'osier, Fadila avait le sac. Du trottoir, j'ai fait un geste de la main. Trop grand, le geste. J'ai agité mon inhalateur, aspiré trois doses violentes, comme en présence d'un chat.</p><p align="JUSTIFY">Leur appartement sentait toujours la poussière, les ténèbres et le rance. Mon père était assis dans son fauteuil, en pantalon de velours trop court. Il avait une chemise bleu nuit, des chaussettes blanches à motifs rouges et des pantoufles de laine noire et jaune. Lorsque nous sommes entrés, la pluie avait cessé. Le soleil d'été labourait les nuages. L'appartement était un four.</p><p align="JUSTIFY">- Il va sûrement repleuvoir, a soupiré ma mère.</p><p align="JUSTIFY">- Ici on ne craint rien, a souri Fadila.</p><p align="JUSTIFY">Ma mère l'a regardée.</p><p align="JUSTIFY">- Oui, mais s'il pleut quand vous repartez...</p><p align="JUSTIFY">Ma femme avait du mal avec mes parents. Elle les reniflait comme une louve inquiète. Jamais je ne lui avais parlé de mon enfance. Ni de la violence, ni de la folie. Surtout pas de l'OAS. Des mots, ici ou là. Rien de plus, mais elle devinait. Elle m'observait en secret. Une tristesse, une pluie d'automne, une colère brutale, une émotion trop vive, une larme de Noël, un regard battu. Elle leur en voulait de m'avoir abîmé.</p><p align="JUSTIFY">- Je suis soulagé, vous n'avez pas trop le type algérien, lui avait dit mon père lors de leur première rencontre.</p><p align="JUSTIFY">Il la déshabillait du regard. J'ai manqué d'air. Ma femme a souri. Elle a pris mon bras.</p><p align="JUSTIFY">- Je crois que c'est un compliment, mon chéri. Ma mère a hoché la tête.</p><p align="JUSTIFY">- Fatma ? C'est ça ?</p><p align="JUSTIFY">- Fadila, je préfère, a répondu ma femme. Elle a ri. Ma mère aussi.</p><p align="JUSTIFY">- C'est mieux que Fatma. Ça fait bonniche, Fatma, a jeté mon père.</p><p align="JUSTIFY">Fadila était française. Mère bretonne, père kabyle, née à Rosporden.</p><p align="JUSTIFY">J'ai déposé le couffin sur le tapis, dans l'obscurité de leur caveau.</p><p align="JUSTIFY">- Le soleil est revenu, vous savez, a encore essayé ma femme.</p><p align="JUSTIFY">- C'est pour ça qu'on ferme les volets, a répondu ma mère.</p><p align="JUSTIFY">Clément dormait. Je l'enviais. Sur le dos, poings serrés sous sa gorge, bouche ouverte, il dormait. Ma mère s'est penchée sur le couffin.</p><p align="JUSTIFY">- Il n'est pas serré là-dedans ?</p><p align="JUSTIFY">Fadila l'a rassurée. Mais elle m'a reposé la question. À moi, son fils qui savait. Non, maman. Pas serré. Il est bien, à la fois au chaud et au frais. Il dort. Il rêve. Il profite de votre obscurité. J'avais soif. J'avais demandé au taxi de nous laisser à quelques rues de chez eux. Marcher les derniers mètres sous la pluie, plutôt que d'être livrés à leur porte. Nous avions longé les quais sans un mot.</p><p align="JUSTIFY">Depuis Paris, j'étais mal. Dans le train, je me suis endormi. À 10 heures du matin, épuisé comme à minuit. Je me suis réveillé lorsque nous avons traversé la rivière. Réveillé par la voix du chef de bord. Depuis, je sommeillais. Au restaurant, mes yeux se fermaient. Je sentais dans la rue tout le poids de la nuit. Et encore après, dans cette chaleur d'août, ces relents de tombeau. Ma mère est allée à la cuisine. Elle est revenue, un verre d'eau pour elle seule. Elle a bu.</p><p align="JUSTIFY">- Qu'est-ce qu'il fait chaud.</p><p align="JUSTIFY">Fadila m'a regardé. J'ai évité ses yeux. Un instant, j'ai voulu prendre mon fils, ma femme, et les sauver. J'ai passé un peu de lait sur les lèvres de notre enfant. J'ai sorti son brumisateur d'eau minérale. Je l'ai vaporisé de loin. Il a grimacé. Je me suis mouillé le visage.</p><p align="JUSTIFY">- Ça, c'est drôlement pratique, a lancé ma mère.</p><p align="JUSTIFY">- Lorsqu'on a soif ? C'est formidable ! a répondu Fadila.</p><p align="JUSTIFY">Elle était à bout. Nous étions là depuis quinze minutes et elle n'en pouvait plus. Sans un mot de moi, sans un regard, elle savait, elle sentait, elle devinait. Elle était gagnée par le dégoût. Elle tenait son sac contre elle, regardait la porte d'entrée comme un naufragé surveille le canot.</p><p align="JUSTIFY">- Qu'est-ce qui est formidable ?</p><p align="JUSTIFY">Mon père. Sa voix faible, sa langue de bois, ses lèvres molles.</p><p align="JUSTIFY">Depuis que nous étions entrés, il était tassé dans son fauteuil, silencieux. Il regardait Fadila, ma mère, moi. Il n'avait pas remarqué le couffin.</p><p align="JUSTIFY">- Émile a un vaporisateur avec de l'eau, je n'avais jamais vu ça.</p><p align="JUSTIFY">Mon père a regardé ma mère. Son visage étonné.</p><p align="JUSTIFY">- Pour son asthme ?</p><p align="JUSTIFY">- Non, pour se rafraîchir, elle a répondu.</p><p align="JUSTIFY">Il a sifflé entre ses dents. Ou expiré, je ne sais pas. Son bruit de père qui n'a pas entendu, ne s'intéresse à rien, rattaché à la vie par un chuintement de bouche. Après, généralement, il lâchait : « Eh ben dis donc ! »</p><p align="JUSTIFY">- Eh ben dis donc ! a lâché mon père.</p><p align="JUSTIFY">Et puis le silence. Je l'ai laissé entrer, avec sa sale gueule. Comme ça, pour voir ce qu'il adviendrait de nous. Un silence de poisse, de glu. Un silence de gêne, de honte, de rien à se dire. Un silence de bout de table, de fin du jour, un silence d'après nuit, un silence de regard baissé. Fadila m'a aidé. Assise sur le tapis, elle caressait sans un mot la joue de notre fils. Ma mère comptait ses doigts, posés en oiseaux morts sur son tablier 'a fleurs. Mon père avait les yeux mi-clos. Je les ai regardés, tous. C'est comme si l'un de nous venait d'avouer le pire. Comme si le sort cognait. Un drame muet s'abattait sur nous. Des images me hantaient. Un gendarme à la porte, qui annonce le décès du jeune fils. Un médecin à mallette, accablé de cancers. Nous étions là, sans regards et sans vie. À attendre la fin du monde, la vague géante, la comète qui fonce vers la Terre. Nous venions d'apprendre que le soleil ne serait plus jamais. C'était le dernier jour, avant la dernière nuit.</p><p align="JUSTIFY">- On y va?</p><p align="JUSTIFY">Fadila. Debout devant le couffin.</p><p align="JUSTIFY">- Ça nous a fait bien plaisir de vous voir, a dit ma mère.</p><p align="JUSTIFY">Mon père a ouvert les yeux.</p><p align="JUSTIFY">- Tu y comprends quelque chose à l'euro ? Depuis six mois, il avait des pièces inconnues dans sa poche.</p><p align="JUSTIFY">- Il faut multiplier par sept, j'ai dit.</p><p align="JUSTIFY">Mon père a désigné la commode du doigt.</p><p align="JUSTIFY">- Montre-lui ce que j'ai découvert.</p><p align="JUSTIFY">Une pièce de deux euros était posée sur le bois. Elle venait d'Allemagne. Ma mère me l'a tendue. Mon père a ri.</p><p align="JUSTIFY">- Tu vois ? Tu vois ça ?</p><p align="JUSTIFY">J'ai regardé la pièce.</p><p align="JUSTIFY">- De Gaulle et tous ces cons, ça a servi à quoi ? Je ne comprenais pas.</p><p align="JUSTIFY">- Mais la guerre, bordel ! Toutes leurs conneries Ça a servi à quoi ?</p><p align="JUSTIFY">Fadila s'était levée. Tranquille, impolie, hautaine, superbe. Elle avait soulevé le couffin. Elle s'est avancée vers ma mère. Trois baisers.</p><p align="JUSTIFY">- Chez nous, c'est deux, a expliqué maman avant de se dégager.</p><p align="JUSTIFY">Il n'y avait jamais eu de baisers chez nous.</p><p align="JUSTIFY">- Ton père a découvert qu'il y avait un aigle sur l'euro.</p><p align="JUSTIFY">Je l'ai regardée. Elle a eu un geste embarrassé.</p><p align="JUSTIFY">- Un aigle, tu te rends compte ? a continué mon père.</p><p align="JUSTIFY">Il a toussé.</p><p align="JUSTIFY">- Toutes ces conneries de Résistance pour se retrouver avec un aigle nazi sur nos pièces françaises Fadila était dans le couloir.</p><p align="JUSTIFY">- Si tu as un copain journaliste, donne-lui le scoop !</p><p align="JUSTIFY">Mon père a levé la main.</p><p align="JUSTIFY">- Mais sans raconter que c'est moi qui ai découvert le truc. Tu vois ce que je veux dire ? Silence radio.</p><p align="JUSTIFY">Secret secret. Tu lui dis de me laisser dans l'ombre. Je me suis levé à mon tour.</p><p align="JUSTIFY">- Tu as vu Clément ? j'ai demandé.</p><p align="JUSTIFY">Il m'a regardé sans comprendre. Son front de rides, ses yeux transparents.</p><p align="JUSTIFY">- Émile te demande si tu as vu son fils. Mon père a haussé les épaules.</p><p align="JUSTIFY">- Oui. Il était là, non ?</p><p align="JUSTIFY">Son doigt vers le tapis, dessinant le couffin manquant.</p><p align="JUSTIFY">Je l'ai embrassé. Sans savoir pourquoi, j'ai placé ma main derrière sa nuque, sur ses cheveux mouillés de sueur.</p><p align="JUSTIFY">- Tu connais ton père, a dit ma mère.</p><p align="JUSTIFY">Fadila lui a souri, comme un avocat encourage un condamné.</p><p align="JUSTIFY">- Tout va bien se passer.</p><p align="JUSTIFY">Clément dormait toujours. Il n'avait rien vu, rien entendu, ne saurait jamais rien d'eux. Quand la porte s'est refermée, j'ai pris les escaliers, seul. Cinq étages pas à pas pour retrouver de l'air.</p><p align="JUSTIFY">- Plus jamais, a dit ma femme lorsque nous sommes sortis.</p><p align="JUSTIFY">Comme moi, elle s'est retournée. Geste de la main, à la vieille dame penchée à sa fenêtre. Un dernier regard en cadeau d'adieu.</p><p align="JUSTIFY">- Plus jamais, a-t-elle répété.</p><p align="JUSTIFY">Nous avons longé la rivière, les grandes avenues du dimanche sans personne. Et puis elle m'a pris la main.</p><p align="JUSTIFY">- Je ne veux plus jamais les voir, parce qu'ils te font encore du mal.</p><p align="JUSTIFY">À la gare, j'ai acheté de l'eau. Nous avons repassé la rivière. Au loin, la petite église carrée de mon enfance, la colline, le ciel retourné en été. J'ai posé mon front contre la vitre. Clément dormait toujours. Fadila sommeillait.</p><p align="JUSTIFY">Et alors j'ai pleuré.</p><p align="RIGHT"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/02/00/815921692.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6384726" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/02/00/392902286.jpg" alt="CHALANDON_Profession du père_2015-couv.jpg" /></a></strong></p><p align="RIGHT"><strong>Profession du père </strong></p><p align="RIGHT"><strong>Sorj CHALANDON</strong></p><p align="RIGHT"><strong>Éditions Grasset</strong></p><p align="RIGHT"><strong>2015</strong></p><p align="RIGHT"> </p><p align="RIGHT"> </p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlLes Beni-Douala le 7 octobre 1856 (Alphonse BERTHERAND)tag:timkardhit.hautetfort.com,2021-01-23:62927372021-01-23T07:55:26+01:002021-01-23T07:55:26+01:00 Les Beni-Douala (Les " Beni-Douela " dans le texte ) Campagnes de...
<p align="justify">Les Beni-Douala (Les <span style="font-family: Liberation Sans, sans-serif;">"</span>Beni-Douela<span style="font-family: Liberation Sans, sans-serif;">"</span><span style="font-family: Liberation Serif, serif;"> dans le texte</span>)</p><p align="justify">Campagnes de Kabylie (Pages 182 à 184)</p><p align="justify">Alphonse Bertherand · 1862</p><p align="justify"> </p><p align="justify"><u>(Division Renault) le 7 octobre 1856 :</u></p><p align="justify">Après deux heures consacrées au repos et au déjeuner, les troupes complètement ralliées, se remettent en marche à midi et s'élèvent insensiblement, par les contours interminables qui enlacent des mamelons successifs jusqu'à l'Arba des Beni-Douela. II est trois heures quand les premiers arrivés mettent sac à terre. Aucune cartouche n'a été brûlée de toute la journée. Mais, des pilons qui dominent le bivouac, il est aisé de reconnaître qu'une grande agitation règne dans la contrée où une marche rapide et inopinée vient de nous jeter, au milieu d'ennemis avec lesquels nous avons quelques revendications à régler. Des Kabyles armés courent inquiets d'un village à l'autre, tandis que les vieillards, les femmes et les enfants se sauvent à la hâte, en désordre, emportant au loin hardes et provisions ; des groupes d'hommes valides - du sein desquels s'échappent des cris, des vociférations et parfois des injures en langue française - semblent se concerter pour la défense ou l'agression. Les Beni-Douela passent pour compter parmi eux bon nombre d'anciens tirailleurs indigènes libérés ou fugitifs, et prétend-on aussi, plusieurs déserteurs français.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Les troupes massées et le camp assis, la colonne est bien tôt rejointe par la brigade du colonel Pellé, sortie le matin de Tizi-Ouzou. L'eau peu abondante est assez éloignée du camp, disposition qui n'échappe pas à l’attention de l'ennemi.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Dès sept heures du soir, les Beni-Douela, renforcés de quelques contingents des Raten, commencent leur feu sur les grand-gardes et le continuent jusqu'à minuit. Enhardis par le silence prescrit à nos vedettes, ils s'avancent jusqu'aux avant-postes, tuent 3 hommes et en blessent 5 : 2 du 75<sup>e</sup> régiment de ligne, 1 du 60<sup>e</sup> et 2 du 2<sup>e</sup> de Zouaves. Un retour offensif les rejette aussitôt dans les ravins où ils ont, à leur tour, 6 hommes tués et plusieurs blessés.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">La conduite des Beni-Douela méritait une leçon sévère. Le 7 au matin, une colonne de cinq bataillons allégés de leurs sacs, commandée par le général De Ligny fut lancée contre le village de Taddert-Ouffella autour duquel s'étaient concentrés les rebelles. Ses abords obstrués par d'immenses abattis d'arbres, défendus au loin par des groupes bien fournis de tirailleurs, tout fesait croire à une résistance énergique. Mais ébranlés bientôt par les salves de notre artillerie de montagne, décontenancés surtout par un mouvement de quelques compagnies dirigées sur la droite pour tourner la défense, les Kabyles lâchent pied sans nous disputer davantage leurs maisons et leurs barricades. Maîtres de Taddert-Ouffella nos soldats poursuivent les fuyards avec vigueur, les chassent successivement de trois autres villages et les tiennent en respect pendant le temps nécessaire à d'autres troupes accourues du camp achever l'œuvre de châtiment.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Quand la destruction parut assez avancée, de nature à produire sur le pays une douloureuse mais salutaire impression, la retraite commença, offrant comme toujours, à un ennemi audacieux et irrité, le facile mais éphémère avantage du terrain, pour inquiéter notre arrière-garde. Efforts impuissants !</p><p align="justify">À deux heures, tout le monde rentrait à l'Arba.</p><p align="justify"> </p><p align="right"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/00/00/753665091.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6219289" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/00/00/370429686.jpg" alt="BERTHERAND_Campagnes_1862_couv.jpg" /></a>Campagnes de Kabylie. </strong></p><p align="right">Histoire médico-chirurgicale</p><p align="right">des expéditions de 1854, 1856 et 1857.</p><p align="right"><strong>Alphone BERTHERAND</strong></p><p align="right">Éditeur : Paris (France) : Baillière</p><p align="right">Année de publication : 1862</p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlL'éveil de l'Horizon (Mokrane MAAMERI) Présentationtag:timkardhit.hautetfort.com,2019-12-27:62010062019-12-27T11:47:01+01:002019-12-27T11:47:01+01:00 Réfléchir en se divertissant . C’est presque...
<p style="text-align: center;"><img id="media-6072331" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/02/02/3886620760.jpg" alt="MAAMERI-Mokrane_Couv.jpg" /></p><p class="western" align="justify"> </p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Réfléchir en se divertissant</strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">. </span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">C’est presque une loi du genre que les récits d’un recueil de nouvelles soient lus à la suite sans esprit de synthèse; il en va autrement pour celles-ci, car elles composent un univers qui exprime une unité de pensée et de vision. En effet, ce n’est pas toujours que les nouvelles soient vouées à la légèreté qui invite purement et simplement au divertissement, il arrive que certaines creus</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">e</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">nt en profondeur et convient à la fois à réfléchir et à se divertir, une chose n’excluant pas l’autre. C’est ainsi que se présentent les quatre récits concis du présent recueil qui sollicitent des lecteurs éventuels la même attention que le nouvelliste a mise à les écrire. Nous dirions même que la lecture requiert un pré-requis d’informations pour mieux comprendre les enjeux idéologiques de l’ordre nouveau qui s’annonce, car, fondamentalement, c’est de cela qu’il est question. Mine de rien, c’est donc un livre coup de poing qui entend donner un vigoureux coup de pied dans la fourmilière idéologico-sociale en proposant un renversement de la table des valeurs. Et rien de moins !</span></span></p><p class="western" align="justify"> </p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Un esthète engagé.</strong></span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">L’auteur a adopté la double bonne attitude d’un esthète engagé, qui devrait être celle de tout écrivain, consistant, d’un côté, à couler l’œuvre dans une forme belle qui excite le plaisir de la lecture; de l’autre à plonger ses antennes dans les choses pratiques ; cela en accord avec le romancier et essayiste Paul Nizan qui a prôné une philosophie pratique qui s’intéresse aux vrais problèmes des vrais gens. C’est la ligne de pensée qui sous-tend la démarche scripturaire de l’écrivain esthète qui, loin de se contenter de fuir dans les nuages pour y établir sa demeure, a de préférence choisi courageusement de se colleter aux vraies questions qui travaillent en profondeur la société algérienne en particulier et le monde arabe en général entravés dans des problématiques d’oppression des femmes et d’obscurantisme nourri par les religions et la tradition afin d’en proposer des solutions. Et c’est aussi l’idée-force qui forme la trame du recueil distillée en de multiples observations et propositions.</span></span></p><p class="western" align="justify"> </p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Lutte de l’Ancien et du Nouveau</strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">. </span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Il est généralement admis qu’un ordre nouveau ne peut s’implanter sans remettre en cause un ordre préexistant. C’est-à-dire se poser en s’opposant. L’œuvre ne fait que reprendre ce principe de base. Schématiquement, le travail du nouvelliste se résume en des situations polarisées : on y verrait, d’un côté la lutte de l’ancien temps qui résiste pour se maintenir, de l’autre la lente implantation de la modernité qui cherche à prendre place ; autrement dit, il s’agit bien des détenteurs des ombres du passé, qui remonte à la période coloniale, et ceux qui jouent le rôle ingrat de porteurs de lumière. Mais la modernité est portée à bout de bras par les femmes, phalange de la nouvelle armée pour la régénération d’anciennes sociétés encore sous l’emprise des vieux démons des forces obscures du passé. </span></span></p><p class="western" align="justify"> </p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>La montée en force des femmes.</strong></span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Il apparaît évident qu’il existe une ligne de partage hommes//femmes où le sexe faible semble jouer le rôle actif et gratifiant. On se demande si le nouvelliste n’a pas la volonté arrêtée d’inverser l’ordre séculaire des choses en mettant les filles </span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">d’Ève</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"> en première ligne. Une indication précise est donnée dans la première nouvelle où les protagonistes Isabelle et Thinhinan ont tout simplement rompu les liens d’infériorisation dévolus à leur sexe en proclamant ouvertement leur volonté de « proscrire une page de notre existence. Ne laissons pas le terrain aux hommes qui croient avoir le monopole de l’histoire. » (p. 9) </span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Le ton était donné, et les trois autres nouvelles ne feront que confirmer cette prise de pouvoir féminine qui annonce une nouvelle société en gestation dans laquelle la phallocratie n’aura plus la partie belle. Voilà donc un livre de combat qui vise à vilipender l’obscurantisme, l’ignorance, la superstition, le colonialisme et l’indigénat. C’est aussi un plaidoyer pacifiste pour contrer le thème récurrent de la guerre. Cas d’Arezki qui va à l’encontre de l’opinion générale « convaincu que seule la lutte armée pourrait changer la donne. » (</span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">p. </span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">21)</span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><em><strong>L'éveil de l'horizon</strong></em></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"> est un recueil de nouvelles que nous avons lu avec beaucoup de plaisir, que nous lirons encore volontiers à sa parution, tout en vous invitant à faire de même.</span></span></p><p class="western" align="justify"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Guy CETOUTE</span></span></p><p class="western" align="justify"><br /><br /></p><p class="western" align="justify"><br /><br /></p><p class="western" align="right"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/00/1629187353.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6072333" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/00/467981757.jpg" alt="MAAMERI-Mokrane_Portrait.jpg" /></a>L'éveil de l'Horizon </strong></span></span></p><p class="western" align="right"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Mokrane MAAMERI</strong></span></span></p><p class="western" align="right"> </p><p class="western" align="right"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Éditeur : Belelan - Argenteuil (France)</span></span></p><p class="western" align="right"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">Année de publication : 2014</span></span></p><p class="western" align="right"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;">ISBN/ISSN/EAN : 978-2-953753-81-3</span></span></p><p class="western" align="right"><br /><br /></p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlEn attendant Ramadhan (Youcef MERAHI) Extraittag:timkardhit.hautetfort.com,2019-09-12:61755312019-09-12T09:33:52+02:002019-09-12T09:33:52+02:00 ... Ah, autre chose qui m'a fait marrer ; sérieusement, je me suis dilaté...
<p align="justify">...</p><p align="justify">Ah, autre chose qui m'a fait marrer ; sérieusement, je me suis dilaté la rate. J'ai entendu notre Premier ministre demander l'exportation de l'huile d'olive «d'ici 2019». <em>Zit zitoun, ya kho !</em> L'espace d'une seconde, j'ai vu notre Kabylie occuper les pipes et déverser de l'huile vers l'Europe, la Russie et, même, aux États-Unis. Soyons sérieux ! A peine si on arrive à subvenir aux besoins de la région en huile ; et voilà qu'on se met à rêver d'exporter notre huile. A moins que ce soit une boutade ! Si c'est cela, je l'accepte bien volontiers, d'autant que j'ai ri à satiété. Qu'on ne vienne pas me parler d'agriculture de montagne en Kabylie ! Un mouchoir de poche, pardi ! Qu'on ne vienne pas me parler de cerises en Kabylie ! Je n'en vois pas. J'ai cru comprendre qu'on allait organiser la fête des cerises. Avec quelles cerises ? Il n'y en a plus. Puis, ce n'est pas avec la pépinière de Tadmaït que nous développerons la région.</p><p align="justify">Par contre, il n'y a pas été question de tourisme, du tout. La Kabylie est une région touristique, par excellence. Comme l'est le Sud. Pourvu qu'on y mette les moyens. Il faut savoir vendre les atouts touristiques de notre pays. On ne le fait pas. Ou on ne le fait pas assez. Je me demande du reste à quoi peut bien servir un ministère du Tourisme, s'il ne ramène pas des touristes. D'ici et d'ailleurs. Deux pour cent du PIB : voilà ce que représente la part du tourisme dans notre pays. C'est dérisoire, au regard des potentialités touristiques. Rien qu'en Kabylie, on peut faire beaucoup, en ce sens. Mais il n'y a pas d'hôtels. Ni de gîtes. Ni d'office de tourisme. Ni de guides. Ni de balises. Exemple : allez voir le célèbre (!) village d'Aït-El-Kaïd. Une ruine repoussante, n'eût été la beauté captivante du coin. On me dit que ce village est classé au patrimoine national. Si c'est le cas, qu'a-t-on fait pour le réhabiliter ? Je tire chapeau aux quelques familles qui y vivent encore. Et ce n'est pas Omar et Samir, ces deux braves collégiens, qui m'ont tenu la main, dernièrement, quand j'ai revisité ce qui aurait pu être un pôle touristique d'excellence. Pensez-vous, il n'y a même pas de plaques indiquant la route. Heureusement que la population, là-bas, est hospitalière.</p><p align="justify">Je persiste à dire que la visite de notre Premier ministre n'a rien donné de nouveau. Aucun projet structurant ni aucune perspective. Sauf celle de l'exportation de l'huile. Elle est marrante, celle-là ! Il est venu. Puis, il est reparti. <em>Zyarra maqboula, nchallah !</em> Je vois d'ici certains esprits, amateurs de mondanités officielles, me rétorquer : il a fleuri la tombe de Dda Lmulud ! Oui, j'applaudis le geste. Et alors ? Je me dois de dire que Mouloud Mammeri dort du «sommeil du juste» sur les hauteurs d'une «colline oubliée», tentant «la traversée», pour le Beau et l'Humanité. Quid de l'amazighité, Monsieur le Premier ministre ? ça y est ! Elle a été officialisée. On n'en parle plus. C'est ici qu'il aurait fallu que vous en parliez, le plus. Dans le détail. Sans langue de bois.</p><p align="justify">…</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 06 - 2016</p><p align="justify"><a href="https://www.djazairess.com/fr/lesoirdalgerie/197150">https://www.djazairess.com/fr/lesoirdalgerie/197150</a></p><p align="right"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/02/2744235753.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6030860" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/02/809740323.jpg" alt="MERAHI_Algérie-Ctoyenneté_2018_couv.jpg" /></a>Youcef MERAHI</strong></p><p align="right"><strong>Algérie Dire et pouvoir.</strong></p><p align="right">Éditions Tafat</p><p align="right">2018</p><p align="right"> </p><p align="right">Extrait pages 71-73</p><p align="right"> </p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlImaginaire, émotion, pensée (Jeanne BENAMEUR) Extraittag:timkardhit.hautetfort.com,2019-07-29:61671652019-07-29T05:44:49+02:002019-07-29T05:44:49+02:00 … Un bon texte s'inscrit en nous, nous marque et continue à œuvrer...
<p> </p><p align="justify">… Un bon texte s'inscrit en nous, nous marque et continue à œuvrer en nous. Et pourtant nous n'avons pas quitté notre fauteuil.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Ce que nous éprouvons alors, ce prodige, nous le devons à l'imaginaire.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Nous détenons cette capacité extraordinaire et ce n'est pas juste, comme on voudrait nous le faire croire trop souvent, de quoi s'amuser pour qui s'ennuie et ne peut pas réfléchir sérieusement au monde. Non, l'imaginaire est une véritable puissance de l'être humain. Invisible, secrète, elle œuvre à l'intérieur de chacun de nous. C'est l'imaginaire qui nous permet de vivre véritablement ce que nous ne vivons pas réellement. Oui, nous éprouvons véritablement, joie, terreur, tristesse, rage ou extase. C'est notre corps tout entier qui vibre à la lecture, même si personne ne le voit. Cela se passe à l'intérieur de nous. Les mots, silencieusement, font image.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Nous quittons alors l'obscénité, au sens premier du terme, du spectacle qu'on nous sert via des médias qui en font leur fonds de commerce. Nous quittons le monde de l'exhibition. Nous entrons dans l'intime. L'intime de notre être, là où est notre chance de faire véritablement route humaine car la vérité de ce que nous éprouvons nous ouvre des territoires encore inexplorés à l'intérieur de nous-mêmes. Nous osons éprouver dans la durée et l'intensité les émotions les plus éloignées de nos vies réelles. Nous découvrons. Et nous pouvons ressentir ce que ressent un vieil homme dans la steppe ou une petite fille débarquée d'un bateau bondé sur une plage inconnue, peu importent notre âge, notre sexuation et notre lieu de naissance, nous multiplions nos vies. Nous créons des images à partir des mots et ces images sont les nôtres. Nous agissons. Loin de la place assignée de spectateurs, nous devenons visionnaires. Spectacle et vision ne sont pas les mêmes choses et ne nous mettent pas en mouvement intérieur de la même façon. Dans l'acte visionnaire, nous sommes créateurs et cela change tout.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Nous pouvons alors explorer, au plus profond de nous, ce qui nous fait humain. Nous pouvons atteindre ces zones obscures qui sont à l'intérieur de chacun de nous. Par l'imaginaire nous pénétrons ce qui rend le monde complexe. Nous en prenons le temps. Car il n'y pas d’un côté les barbares et de l'autre ceux qui seraient bons et pacifiques. Nous portons tous en nous les ténèbres les plus denses et la lumière la plus éclatante. Lorsque je regarde, en tant que spectatrice, les nouvelles d'un monde barbare, je me demande toujours quel est le barbare en moi qui regarde. Par l'imaginaire, je peux me mettre à la place de. Je quitte ma seule existence pour pénétrer, par ce que j'éprouve grâce à l'acte d'imaginer, d'autres vies, d'autres situations et je peux changer mon point de vue, me décaler un peu, voir les choses autrement. C'est cela qui est civilisateur, car par l'imaginaire je peux tenter de comprendre, en éprouvant dans mon propre corps ce que d'autres ont éprouvé. Nul doute que l'être qui conduit un autre être à la chambre à gaz se refuse à imaginer quoi que ce soit. Le pouvoir d'une idéologie peut s'attaquer à cette part humaine ou tenter de la manipuler. L'histoire est là pour nous le rappeler.</p><p align="justify"> </p><p align="justify">Par l'imaginaire, je peux aussi bien explorer la place du bourreau que celle de la victime, c’est cela aussi être humain et accepter de savoir qu'un être humain c'est tout cela, y compris l’abject. Connaître permet de quitter le monde binaire du «moi d'un côté et les autres, monstrueux, de l’autre». C'est comprendre qu'à l'intérieur de soi il y a tout, ce qu'on appelle couramment le bien et ce qu'on appelle le mal. C'est plus difficile. Mais c'est la seule façon de pouvoir véritablement penser le monde. Et de pouvoir combattre.</p><p>…</p><p> </p><p align="right"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/02/1498292396.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6017674" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/01/02/4135474626.jpg" alt="Apulée-2_de-l-imaginaire-et-des-pouvoirs_couv-2017.jpg" /></a>Extrait de IMAGINAIRE, ÉMOTION, PENSÉE.</strong></p><p align="right"> </p><p align="right"><strong>Titre : Apulée #2 : De l’imaginaire et des pouvoirs.</strong></p><p align="right">Type de document : texte imprimé</p><p align="right">Auteurs : (Hubert Haddad) *Collectif</p><p align="right">Éditeur : Paris (France) : Zulma</p><p align="right">Année de publication : 2017</p><p align="right">ISBN/ISSN/EAN : 978-2-84304-797-8</p><p align="right"> </p><p align="right">Pages 234-235</p><p align="right"> </p><p align="right">Voir : <span style="font-family: Arial, serif;"><span style="font-size: small;"> http://www.zulma.fr/livre-apulee-2-de-limaginaire-et-des-pouvoirs-572147.html</span></span></p><p align="right"> </p><p> </p>
ERB Maleghttp://timkardhit.hautetfort.com/about.htmlLa guerre est une ruse (Frédéric PAULIN) Extraittag:timkardhit.hautetfort.com,2019-05-12:61503362019-05-12T10:32:27+02:002019-05-12T10:32:27+02:00 En bas, Fadoul lit ses livres : elle n'a pas perdu espoir de...
<p align="justify"> </p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">En bas, Fadoul lit ses livres : elle n'a pas perdu espoir </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">de reprendre des études en France.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Benlazar lui a fortement conseillé de ne pas sortir. Elle peut aller dans le jardin en prenant garde que personne ne </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">l'aperçoive de la rue. Fadoul est sous le coup d'un arrêté </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">de reconduite à la frontière, et sa peau noire éveillerait rapidement les soupçons des gens du coin.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Vanessa, elle, peut aller faire les courses. Elle va boire un café ou une bière au bar sur la place de l'église, en fin </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">de matinée. Là, elle peut fumer tranquillement quelques </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">cigarettes. Son père ne sait pas qu'elle fume : il n'accepte</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">rait pas, alors que lui, il fume comme un pompier.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Hier, il les a quittées précipitamment : un imam a été assassiné dans le 18</span><sup><span style="font-family: Times New Roman, serif;">e</span></sup><span style="font-family: Times New Roman, serif;"> arrondissement. Elles ont vu ça aux informations du soir. Fadoul a dit :</span></span></p><p align="justify">— <span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Ton père est sur le coup...</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Vanessa ne comprend pas ce qui se passe : les généraux, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">les islamistes, le FIS, le GIA. Les assassinats là-bas — à </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Paris — succèdent aux attentats là-bas — en Algérie. Elle </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">ne savait pas qu'il y avait encore la guerre en Algérie. Les informations ont parlé de guerre au Rwanda, il n'y a pas longtemps. Elle croit se rappeler qu'il y a eu un génocide, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">u</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">n million de morts à coups de machettes. Elle sait aussi </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">qu'il y a une guerre dans les Balkans, même si elle ne </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">parvient pas à faire la différence entre Serbes, Croates, Bosniaques, et Bosno-Serbes. Parfois, à la télé, on voit de </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">longues files de femmes, d'enfants et de vieillards sur le </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">bord des routes, des hommes amaigris derrière des grillages </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">dans des camps de concentration, et d'autres qui tombent </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">sous les balles de snipers au milieu de larges avenues. Mais une guerre en Algérie, elle ne savait pas.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Leur problème à elles, ce ne sont pas les guerres en Afrique, en Algérie ou aux confins de l'Europe. Leur pro</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">blème, c'est que Fadoul risque d'être renvoyée dans son </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">pays d'origine si les flics lui mettent la main dessus. Son </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">père lui a assuré qu'il était en train de régler le problème. Vanessa aime l'idée que son père, un flic, passe par-dessus les lois pour aider Fadoul. Quelque part au fond d'elle, elle est fière de lui.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Pourtant, elle n'est pas dupe : il a accepté qu'elle reste </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">dans la maison de Paimpol parce qu'elle pouvait faire les courses sans éveiller les soupçons des voisins. Même avec son visage, elle se fond dans la masse des touristes arrivés </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">pour les vacances. Les voisins ne s'étonnent pas qu'une </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">petite Parisienne occupe la maison de sa grand-mère. </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Certains savent qu'elle a perdu sa mère quelques années </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">plus tôt, voilà pourquoi elle est seule : les souvenirs doivent être douloureux.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Elle pense à Gaspar, certains soirs. Elle ne l'a pas encore </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">appelé, elle le fera peut-être dans quelques jours. Et merde </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">si son père lui a ordonné de ne parler à personne de sa </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">présence à Plouézec! Gaspar, elle est attirée par lui, c'est </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">sûr. Ça fait presque deux ans qu'ils se tournent autour, et jamais elle n'a pu apercevoir la moindre lueur de dégoût </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">lorsque ses yeux fixent son visage. Gaspar est sans doute </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">le mec le plus cool qu'elle connaisse, mauvais élève, mais cultivé. À Plouézec, le soir, elle pense aussi au grand type aux yeux clairs qui l'a traitée de John Merrick à la sortie du </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">bahut, deux semaines auparavant. Lorsqu'elle y pense, une </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">agréable sensation lui chauffe le bas-ventre. Si elle avait </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">son numéro de téléphone, lui, elle l'aurait déjà appelé.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Q</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">uand</span> <span style="font-family: Times New Roman, serif;">il fait soleil et que la marée n'est pas trop basse, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">elle va se baigner à Boulgueff. Elle descend la route en </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">vélo et la remonte à pied en poussant son engin. L'eau est </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">froide et il faut s'allonger sur les galets, mais l'endroit est </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">très beau. Son père lui a dit que sa mère adorait cette plage, qu'elle y venait même l'hiver.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Il y a beaucoup de familles et quelques groupes de </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">jeunes.</span></span></p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Hier, deux filles l'ont saluée en repartant. Elle les avait déjà vues plusieurs fois. En temps normal, elle aurait voulu s'en faire des copines, mais elle sent qu'elle ne pourra pas </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">assurer : les inviter à la maison est impossible, les empê</span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">cher de passer à l'improviste aussi. Les amitiés de vacances, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">forcément trop courtes, vont vite, plus vite que pendant </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">l'année. On se permet d'empiéter sur l'intimité de l'autre, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">comme on se permet de se rapprocher sur une plage </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">trop peuplée. C'est ça, une amitié de vacances, les formes, </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">la politesse et les préliminaires n'ont pas lieu d'être. Ça </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">pourrait être dangereux pour Fadoul. Alors, Vanessa s'est </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">contentée de répondre vaguement au salut des deux filles. </span><span style="font-family: Times New Roman, serif;">Elle est passée pour une connasse, c'est certain.</span></span></p><p align="justify">…</p><p align="justify"> </p><p align="right"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong><a href="http://timkardhit.hautetfort.com/media/02/02/1249158181.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-5990051" style="float: left; margin: 0.2em 1.4em 0.7em 0;" title="" src="http://timkardhit.hautetfort.com/media/02/02/4224308216.jpg" alt="PAULIN_Guerre_2018.jpg" /></a>La guerre est une ruse </strong></span></span></span></p><p align="right"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Frédéric PAULIN</strong></span></span></span></p><p align="right"> </p><p align="right"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>Edition</strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>s</strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong> Agullo Noir</strong></span></span></span></p><p align="right"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>2018</strong></span></span></span></p><p align="right"> </p><p align="right"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>(Pages </strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>338 à 340 : </strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>1995</strong></span></span><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><span style="font-size: medium;"><strong>)</strong></span></span></span></p><p align="right"> </p><p align="justify"> </p><p align="justify"><span style="font-size: small;"><span style="font-family: Times New Roman, serif;"><br /></span></span></p>