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17/12/2006

Les jours infinis (MOUNSI)

Je crois que personne au village, aucune personne même dans le pays, ne pouvait s'empêcher de rêver à ce qui avait existé ici, avant tout cela. La guerre était là. Maintenant, les enfants jouaient avec des bouts de bois, ils imitaient le bruit des fusils, ou bien ils se jetaient des cailloux en se couchant par terre, comme si c'étaient des grenades. Les vieilles femmes psalmodiaient, invoquaient les noms de leurs fils qui avaient été tués. Un jour, les Français sont arrivés dans le village. Un convoi formé de six camions et de trois Jeeps s'était avancé lentement sur la route défoncée, à travers les collines arides. Dans le camion de tête, il y avait des soldats en armes. Dans leurs visages pareils à des masques de terre le regard était absent. Les camions ont stoppé sur la place. Les soldats ont regroupé la population. Ils ont séparé les hommes et les ont fait défiler devant un individu à la tête cagoulée. Tous, un par un, ont dû passer devant lui. L'homme se taisait; quelqu'un aurait pu reconnaître sa voix. Ses mains étaient gantées afin que même le doigt avec lequel il aurait dénoncé les rebelles ne soit pas reconnu.    

Nous, les enfants, avions été rassemblés avec les femmes au centre du village, gardés par des soldats, le fusil à la main. Le silence était étrange, menaçant. Nous regardions avec la peur dans les yeux. Pendant ce temps, les hommes du village avaient été conduits face à un mur. Certains des soldats leur criaient des mots durs dans leur langue.  

Ce jour-là, l'homme à la cagoule n'a désigné personne et ils sont tous repartis. Mais ils sont restés dans les environs, investissant d'autres villages, patrouillant dans les collines.  

Un jour, près de la rivière, j'ai entendu un soldat qui chantait la Claire Fontaine". J'écoutais le glissement doux de sa voix. Je ne comprenais pas la langue, mais il me semblait qu'elle exprimait une profonde tristesse, telle qu’elle avait fait monter les larmes dans mes yeux.

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Les jours infinis

Pages 56-57

MOUNSI né en Kabylie en 1951 (Akfadou ?)

Éditions de l’Aube. 2000

Commentaires

merci pour votre commentaire laissé dans mon blog,
bon pour la musique d'Alilou, achetez ses albums, et si vous faites allusion aus paroles de ses chansons, ben il m'a promis de me les envoyer bientôt, et je vais les publier dans mon autre blog spécial musique, je suis en contact avec Alilou depuis un an et demi, espérant bien que je vais avoir ses textes.
pour mon blog spécial musique, le voilà :
http://hafsa.dzblog.com/

Là j'ai publié des textes de Céline Dion et Julio.

Écrit par : hafsa | 20/12/2006

"Les jours infinis" de Mounsi sont coédités par les Éditions de l’Aube avec les Éditions Rahma que dirige Hamid Bousselham.

Écrit par : Akram | 12/04/2007

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