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10/04/2012

La main de Nouara (Fatima KERROUCHE) 1

Que mon conte soit beau et doux comme du miel et qu'il se déroule comme un long fil d'or dans votre âme et votre cœur.

Autrefois, au pays dIlloula Oumalou, vivait un couple qui avait deux enfants : Nouara, aux cheveux d'or et Urthilan, fier cavalier. Les parents s'inquiétaient pour leurs enfants, ils voulaient les voir mariés. Surtout Urthilan, car le jeune homme préférait passer son temps à cheval dans la forêt. Parfois, Nouara le suivait, elle se baignait dans la fontaine d'eau claire où la monture avait l'habitude de boire. Un jour, en nageant, elle laissa tomber un de ses cheveux d'or. Le soir, quand le frère voulut abreuver son cheval, celui-ci refusa. Le cavalier s'approcha de l'eau, prit une petite branche de chêne et la promena dans l'eau. Quand il la retira, un long cheveu souple et blond pendait au bout du bâton. La lumière jouait dans les gouttelettes qui s'y étaient accrochées. Le jeune homme admira le cheveu, le recueillit avec soin et le rapporta à la maison.

-   Mon père et toi mère, dit-il à ses parents en arrivant, puisque vous me poussez à me marier...

-   C'est que nous sommes vieux et nous voudrions, avant de mourir, vous voir mariés, interrompit le père.

Le jeune homme alors montra le cheveu :

-   Et bien, dit-il, si tu trouves la femme à qui appartient ce fil d'or, je l'épouse.

La mère, transportée de joie par cette nouvelle inespérée, prit le cheveu et alla faire le tour des maisons du village. Elle l'essaya à toutes les filles, mais... à son grand désespoir, il ne seyait à aucune. Il était trop long, trop fin ou trop clair. Le père, qui attendait le retour de sa femme impatiemment, fut déçu :

-   Tu es sûre de n'avoir oublié personne ? lui demanda-t-il.

-   Personne, dit-elle, sauf Nouara, naturellement.

-   Et si tu l'essayais à Nouara, au moins, nous saurions qu'il est inutile de chercher plus longtemps.

 

La mère fit venir Nouara, elle lui essaya le cheveu et... ô miracle ! C'était la même couleur, la même longueur, la même finesse. Les parents étaient atterrés, leur fils n'allait tout de même pas épouser sa soeur.

De retour de la chasse, Urthilan demanda :

-   Alors ?

La mère qui avait peur que son fils renonce à se marier, prit d'infinies pré­cautions :

-  J'ai visité toutes les filles du village, lui dit-elle, il y en a de très belles, dont les cheveux ressemblent à celui-ci à s'y méprendre.

-   Ils lui ressemblent, mais ils ne sont pas les mêmes.

-   Aucune, murmura la mère, aucune n'a exactement les mêmes cheveux, sauf...

-   Il y a donc une femme? dit le jeune homme. Vite, dis-moi qui elle est, et je l'épouserai.

-   C'est Nouara.

-   J'ai juré d'épouser la femme à qui ce cheveu appartient et je ne renoncerai pas.

La mère essaya en vain de lui faire entendre raison.

-   Je dois respecter mon serment, sinon je quitte le pays.

Terrifiés à l'idée de perdre leur fils unique, les parents acceptèrent la mort dans l'âme et durent promettre de lancer les préparatifs du mariage entre... le frère et la soeur.

 

À Nouara, ils dirent que son frère allait se marier, mais sans plus. La mère commença par le trousseau de la mariée. Chaque fois qu'elle achetait un habit, elle l'essayait à Nouara.

Les robes :

-   Tu sais la fiancée de ton frère a juste ta taille.

Les souliers :

-   La fiancée de ton frère a la même pointure que toi.

Les bijoux :

-   La fiancée de ton frère a le même tour de cou, les mêmes rondeurs de bras et les mêmes chevilles que toi.


Mais lorsque Nouara demandait qui était la fiancée d'Urthilan, la mère se taisait.

 

 

KERROUCHE Fatima_Les contes de Mademoiselle Soumicha_couv.jpgFatima KERROUCHE

 

Les contes de Mademoiselle Soumicha

 

 

Pages 19 à 25

 

Éditinter 2011

 

 

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