12/09/2019
En attendant Ramadhan (Youcef MERAHI) Extrait
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Ah, autre chose qui m'a fait marrer ; sérieusement, je me suis dilaté la rate. J'ai entendu notre Premier ministre demander l'exportation de l'huile d'olive «d'ici 2019». Zit zitoun, ya kho ! L'espace d'une seconde, j'ai vu notre Kabylie occuper les pipes et déverser de l'huile vers l'Europe, la Russie et, même, aux États-Unis. Soyons sérieux ! A peine si on arrive à subvenir aux besoins de la région en huile ; et voilà qu'on se met à rêver d'exporter notre huile. A moins que ce soit une boutade ! Si c'est cela, je l'accepte bien volontiers, d'autant que j'ai ri à satiété. Qu'on ne vienne pas me parler d'agriculture de montagne en Kabylie ! Un mouchoir de poche, pardi ! Qu'on ne vienne pas me parler de cerises en Kabylie ! Je n'en vois pas. J'ai cru comprendre qu'on allait organiser la fête des cerises. Avec quelles cerises ? Il n'y en a plus. Puis, ce n'est pas avec la pépinière de Tadmaït que nous développerons la région.
Par contre, il n'y a pas été question de tourisme, du tout. La Kabylie est une région touristique, par excellence. Comme l'est le Sud. Pourvu qu'on y mette les moyens. Il faut savoir vendre les atouts touristiques de notre pays. On ne le fait pas. Ou on ne le fait pas assez. Je me demande du reste à quoi peut bien servir un ministère du Tourisme, s'il ne ramène pas des touristes. D'ici et d'ailleurs. Deux pour cent du PIB : voilà ce que représente la part du tourisme dans notre pays. C'est dérisoire, au regard des potentialités touristiques. Rien qu'en Kabylie, on peut faire beaucoup, en ce sens. Mais il n'y a pas d'hôtels. Ni de gîtes. Ni d'office de tourisme. Ni de guides. Ni de balises. Exemple : allez voir le célèbre (!) village d'Aït-El-Kaïd. Une ruine repoussante, n'eût été la beauté captivante du coin. On me dit que ce village est classé au patrimoine national. Si c'est le cas, qu'a-t-on fait pour le réhabiliter ? Je tire chapeau aux quelques familles qui y vivent encore. Et ce n'est pas Omar et Samir, ces deux braves collégiens, qui m'ont tenu la main, dernièrement, quand j'ai revisité ce qui aurait pu être un pôle touristique d'excellence. Pensez-vous, il n'y a même pas de plaques indiquant la route. Heureusement que la population, là-bas, est hospitalière.
Je persiste à dire que la visite de notre Premier ministre n'a rien donné de nouveau. Aucun projet structurant ni aucune perspective. Sauf celle de l'exportation de l'huile. Elle est marrante, celle-là ! Il est venu. Puis, il est reparti. Zyarra maqboula, nchallah ! Je vois d'ici certains esprits, amateurs de mondanités officielles, me rétorquer : il a fleuri la tombe de Dda Lmulud ! Oui, j'applaudis le geste. Et alors ? Je me dois de dire que Mouloud Mammeri dort du «sommeil du juste» sur les hauteurs d'une «colline oubliée», tentant «la traversée», pour le Beau et l'Humanité. Quid de l'amazighité, Monsieur le Premier ministre ? ça y est ! Elle a été officialisée. On n'en parle plus. C'est ici qu'il aurait fallu que vous en parliez, le plus. Dans le détail. Sans langue de bois.
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Publié dans Le Soir d'Algérie le 01 - 06 - 2016
https://www.djazairess.com/fr/lesoirdalgerie/197150
Algérie Dire et pouvoir.
Éditions Tafat
2018
Extrait pages 71-73
09:33 | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook
Commentaires
Oui, ce n'est que de la poussière aux yeux: exportation de l'huile, des figues récemment de l'essence de figues de barbarie, le tourisme et ... pourquoi pas des incendies d'été, la cendre des oliviers séculaires, celles des figuiers pour la chique. Alors que l'Algérie est le grenier de l’Afrique, d'Europe,et ... C'est confirmé plusieurs fois. Avec tous ces maux multidimensionnels qui métamorphosaient son statut de nation; à chaque fois que le pouvoir s'enrhumer; elle demeure tout au moins le support de l'économie française; les trois pies de la mamelle de la vache à traire toujours coincée entre les lèvres pâles de ses ennemis jurés d'ici et 'ailleurs, ceux qui entravaient son épanouissement. l'Algérie est toujours trahie par ses " fils ". Un chanteur (je tais son nom) m'a raconté qu'une fois s'est assemblé avec un ministre dans un hôtel en Tunisie. ''J'ai demandé dit-il au ministre: pourquoi venir ici, alors que chez nous est magnifique, si ce n'est pas l'incompétence des responsables? le ministre m'a répondu: le peuple ne mérite absolument rien. il est, et demeure a la merci du pouvoir, du ghachi.
Écrit par : RAMDANE OUSLIMANI. | 18/09/2019
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