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01/08/2007

L’oued de ma mémoire (Marc TESTUD)

Aujourd'hui le village* (de Novi) porte un nom à la couleur plus locale Sidi Ghiles.

M'hamed, un ami d'enfance, m'a rapporté deux versions de l'historique de cette appellation racontées par des anciens du village.

La première parle d'un homme inconnu établi au bord de l'oued. Dans le Coran, il est souvent question d'allégories, de métamorphoses d'êtres humains en animaux. D'après la légende, ce personnage mystérieux avait un pouvoir surnaturel qui lui permettait de prendre l'apparence d'un tigre. Il fut appelé Ghiles qui en est la traduction en kabyle. Le lieu fut appelé Sidi Ghiles, Monsieur le Tigre.

La seconde évoque trois pieux personnages intemporels arrivés de Kabylie, Sidi Abdellah Nedjari, Lala Mesguida et Sidi Ghiles. En raison de leur vie ascétique et charitable ils furent à leur mort élevés au rang de marabouts et enterrés sur les lieux.

J'ai toujours connu le mausolée à coupole blanche abritant le tombeau sur la route de la briqueterie au bord de l'oued.  

Novicien de Sidi Ghiles, je revendique cette appellation qui me semble le mieux évoquer la dualité de mes racines et mon identité.  

À sept kilomètres de Cherchell, Sidi Ghiles s'étale sur une langue côtière descendant en pente douce vers la mer, mamelonnée au sud de collines étagées, coiffées de calottes de pins et de lentisques.

Vu du réservoir qui domine le village, j'ai en mémoire une tache blanche et rouge posée au bord de l'eau azurée, les points d'exclamation du plumeau des palmiers tournés vers le ciel. J'ai encore dans les yeux le damier vert sombre, bleuté de sulfate, des parcelles de vigne, le triangle svelte du clocher-arcades à travers lequel un oeil exercé pouvait distinguer un coin de Méditerranée.

De Cherchell on arrivait au village par la nationale, longue ligne droite bordée de grands platanes qui devenait la rue principale soulignée par la géométrie vernissée des ficus aux troncs soigneusement blanchis.

En toile de fond, juste dans l’axe, s'aligne, éternelle sentinelle de granit, la masse rassurante du Kourb.  

L’agglomération était un quadrilatère tracé au cordeau comme un camp militaire. Les rues ne portaient pas de plaques. On leur avait attribué naturellement des noms à la notoriété toute locale puisque c'étaient ceux des riverains.

Couvertes de tuiles romaines et toutes de plain-pied les maisons se ressemblaient et étaient mitoyennes. La même rue changeait de nom plusieurs fois. La rue de Daniel Roseau devenait celle de Mouloud Aïssani ou de Tintin; celle de Beuchotte, la rue de Nahouche.

Le village était ceinturé sur trois côtés par une triple rangée d'eucalyptus géants, voûte sans fin aux colonnades blanches, parfumée et cendrée, bruissante de moineaux.

Au « centre-ville », l'obélisque de granit gris du monument aux morts regardait la mer. Autour, les ficus taillés en brosse cernaient la place et son kiosque à musique encadrés de l'église, des écoles et de la mairie.

Juste derrière, entre le presbytère et le cinéma paroissial, un large terrain vague bordé de trottoirs que les enfants avaient baptisé terrain de foot, quatre acacias à la position approximative servant de buts.

Les odeurs rythmaient le déroulement de la journée. Ça sentait le pain chaud, le crottin de cheval, le feu de bois, la semoule, le jasmin, l'anisette, la fleur d'oranger. L’après-midi apportait les relents de marc et de vinasse, les effluves iodés de varech et l'odeur mêlée d'eucalyptus et de sulfate de cuivre.

Au-dessus du village, le long d'un canal étroit qui traversait chacun d'eux, les jardins s'alignaient sagement dans leur huis clos de roseaux.

Seul l'un d'entre eux, à la haie éventrée, s'ouvrait largement par le devant. Un olivier, un grenadier et quelques orangers cernés par les ronces, les herbes folles, les chardons et les concombres sauvages indiquaient à l'évidence que la nature y avait repris ses droits. C'était l'espace de liberté et d'aventures des enfants qui l'appelaient le jardin abandonné.

Et puis, plus bas, au pied du long bâtiment blanc de la cave coopérative, entre le rocher de la Triche et l'embouchure de l'oued, une plage étroite semée de galets et de petits graviers, parfois bosselée de mattes d'algues aux rubans verts et bruns.

 

* Ce village proche de Cherchell n'est pas en Kabylie, mais son nom est d'origine berbère.

 

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L’oued de ma mémoire

 

Marc TESTUD

 

Pages 74-76

 

Éditions Siloë 2006

 

Commentaires

Je suis de Sidi Ghiles, pardon de Novi; ça me ferait plaisir d'avoir un livre sur notre ville. Je t'envoie une invitation pour visiter votre anciene ville.

J'attends ta réponse dans le plus court temps possible.

Merci et bon courage.

Écrit par : youcef | 30/06/2008

Bonjour Youcef,
Je viens de découvrir ton commentaire. je suis content qu'il soit écrit par un "ould bladi".
J'aurais aimé te répondre plus longuement mais je n'ai pas ton mail.
Bien amicalement
Marc Testud

Écrit par : Testud Marc | 05/11/2008

Bonjour,

Un grand merci à vous M. Testud! Quel bonheur et quelle émotion !
Moi qui croyait que personne ne connaisait cette ville, si chère à mes yeux !
Chaque été, je passe plusieurs semaines à novi, chez mon cher & tendre grand-père.
J'aime beaucoup cette ville, et je suis ravie d'apprendre, à travers cette page, qu'un livre lui est consacrée. Pas de doutes, je dois me le procurer !

Je laisse mon adresse email dans l'hypothèse où vous souhaiteriez me contacter. Par ailleurs, je possède quelques photos de Novi d'aujourd'hui et je me ferais un plaisir de vous les faire partager :)

Cordialement,

Slamiaa. M

Écrit par : Slamiaa | 19/12/2008

bonjour
je suis une novicienne de coeur .naufrager d exile je suis nee a novi - sidi ghiles j ai grandis en france je suis la petite fille de fettoumi .l immence joie que vous me procurer de bercer votre enfance a travers ces recie sur votre livre.je souhaiterais bien communiquet avec vous
cordialement.
kheira.

Écrit par : seraiche | 30/12/2008

Je vous invite à visiter le site
http://www.oued-de-ma-memoire.com qui présente le livre "L' oued de ma mémoire"
Bien cordialement
Marc Testud

Écrit par : Testud | 24/02/2009

bonne histoire!
je suis le petit fils de djelloul fettoumi et toutes cette histoire je la connais.

Écrit par : fettoumi | 29/03/2009

bonjour,

votre ami d'enfance sagit il de m'hamed fettoumi?? de novi?? je suis sa petite fille je vie en france et je n'ai pas eu le bonheur d'aller a novi pour le moment
s'il sagit de mon grand père pouvez vous me contacter svp
cordialement

dalila

Écrit par : dalila | 06/09/2009

azul M.TESTUD
je viens de découvrire votre tres jolie roman par l'intermédiare de l'association fontaine d'argent dont je suis devenue membre puisque je viens juste de m'installé dans ce village,j'ai eu aussi un etres bonne conversation avec un Monsier de cette region que sont pére et frére est sité dans ce livre (le commerçant).je vous souhaite une reussite pour d'autre romain car notre culture souffre et la region aussi(exp le site historique deviens une carriére pour gravier...)salutation Frére

Écrit par : Rachid Imekhlef | 11/09/2009

bonjour,

je suis un enfant de novi,j'habitais face l'église chez Maurice Fabre,je connais biensur vos parents et les ancienns de novi.j'ai été à l'école chez Mr POULET, de1943 à 1951,
je voudarais bien savoir,si vous etes le fils de Paule TESTUD ou d'AUGUST TESTUD.
quant à moi ,je suis né en 1937 à novi, donc je connais tout le monde Français et Musulmen du village.
je serai tres heureux d'avoir votre livre et de m'entretenir avec vous par mail.
Amicalement TALBI

Écrit par : talbi hamdoud | 27/01/2010

Je suis fièrt d'avoir un fils du bled de novi qui à écrit pour cette charmante ville qui a son hospitalité particulière .
Toute la population de novi vous attend à bras ouverts.
je suis très content pour vous .

Écrit par : semiani | 03/08/2010

Merci Marc pour ces précieux souvenirs.Souvenirs d'un village qui continue de garder jalousement les liens tissés par ses enfants .Des liens d'amitié que rien n'a pu altérer malgré tout ce temps passé.
Amicalement M.B
un enfant de Novi

Écrit par : Med.B | 12/10/2010

je suis très content de vous monsieur MARC TESTUD,de nous avoir honoré par votre livre qui fait revivre notre village novi de ces cendres.j'apprécis beaucoup votre style et vos romans,bonne continuation,votre fils du bled SEMIANI.

Écrit par : semiani | 28/11/2010

Vous êtes né chez nous on vous fait confiance,vous êtes le bienvenu.
merci d'avoir pensé d'écrire sur notre région et notre village.

Écrit par : semiani | 28/11/2010

vous êtes notre fièreté.

Écrit par : semiani | 28/11/2010

j'ai pas lus tout le livre l'oued de ma mémoire et s'est vraiment très intéressant comme livres surtout les beaux souvenirs que l'auteur a eu avec ses vieux amis d'enfance chacun par son nom et son surnom et comme moi je suis novicien je suis honorés et j'aimerais bien lire tout le livre

Écrit par : abdennour | 26/02/2011

novi a ses repères,monsieur TESTUD MARC,a bien posé chaque chose à sa place en écrivant ce roman pour les générations futur.
Quand à nous on manque de moyens,pour oeuvrer dans d'autres domaines culturel,artisanal,et touristique.

Écrit par : semiani | 26/02/2011

je suis mohamed fettoumi de sidi ghiles (novi) j'habite et j'ai des terre pret de le wally sidi ghies que mon grant pere fettoumi mouloud les a acheté de mr et mme roseau dans les années 1940 , ben je n'ai rien a dire car je me suis découvre ce livre et que je trouve intéréssent . et j'aimerais bien lier mon amitié a tous qui touche la famille fettoumi dans le monde . je suis sur facebook sur le pseudo (mohamed fettoumi)
merçi a tous

Écrit par : fettoumi | 08/04/2012

Voilà le profil de Mohamed FETTOUMI de Novi :
https://www.facebook.com/profile.php?id=100003598754621

Écrit par : GéLamBre | 09/04/2012

Je suis le petit fils de Kaddour MESBAHI Ancien survivant de la mission fourreau et lamy je voudrais si possible avoir une copie de votre livre L’oued de ma mémoire introuvable en algerie avec tous mes remerciements
M'hamed

Écrit par : M'ahmed | 23/05/2012

je suis de novi domage les vrais noviciens sont partie et les autres sont mort mon grand pere c fettoumi mhammed alh irhmou comme bourabrab ou il sont les sonciers domage aujoudhui novi a tout changer je remercie marc testud et les autre fransais qui sont nee a novi sont oublier ma famille a rians comme kheira et ma tante fettoumi qui sont partie de novi 1963

Écrit par : kadi | 12/09/2013

BSR A TOUT QUI SONT NEE A NOVI SOIYIER LES BIENVENS CHER MOI QUELQUE SOIT QUI SONT NEE A NOVI JE SUIS DE NOVI MERCI A TOUS

Écrit par : KADI MAHAMMED | 12/09/2013

Merci pour tous ces messages de sympathie.
J'ai le plaisir de vous annoncer la réédition de "L'oued de ma mémoire" aux éditions Lacour et la parution d'un nouveau roman "Le petit piquet de la grande plage".
Je vous invite à visiter le site qui présente les deux livres :
http://www.oued-de-ma-memoire.com
Cordialement
Marc Testud

Écrit par : Marc Testud | 25/12/2014

j'en suis ravi d'avoir monsieur testud écrire un roman

Écrit par : semiani | 07/04/2015

je suis un enfant de novi j'habiter juste derrière le mausolé sidi-ghiles mon grand père maternel travaillait chez darricarère et mon gp paternel était partenaire en commerce avec cassan tout petit j'ai connu rené courrieu les faizant dont paul qui y vit à présent et ses enfants en campagnie des grands j'allais acheter mes billes chez candella j"ai eu le plaisir de lire vos deux bouquins je les trouve fantastiques le premier c'est celui que vous avez dédié à fatma zohra labaci et
me la prété et le deuzième je l'ai eu par l'intermédière de ma nièce qui habite à aix en provence donc vous évoqué des souvenirs qui font revivre beaucoup de personne et ca c"est formidable bravo marc je me permet de t'appeler ainsi puisque naturellement tu fait parti des noviciens cordialement bm

Écrit par : BM | 07/05/2015

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