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17/07/2012

La vie des deux orphelins (Ahmed ARARBI)

Il était une fois, un vieillard et sa femme qui avaient deux enfants encore petits: une fille et un garçon. Ils habitaient une vieille maison construite en pierres et en terre, située dans un petit village. Ils y vivaient depuis de longues années. Leurs enfants étaient élevés dans des conditions lamentables. Ils n’avaient rien à espérer de leurs parents: ni maison confortable, ni propriété … Ils grandissaient dans une misère noire : la faim et la privation. Ils n’avaient aucun soutien ; ils n’espéraient qu’en Dieu.

 Durant la saison des olives, ils se réveillaient à l’aube. Ils affrontaient le froid, le brouillard et la gelée, laissant seuls leurs petits enfants plongés dans leur sommeil. Ils quittaient donc leur logis pour rejoindre leur travail comme journaliers chez des gens en ramassant des olives. C’est ainsi qu’ils parvenaient à subvenir aux besoins de leurs enfants. Au déjeuner, le propriétaire leur remettait une galette d’orge et deux figues sèches. Ils partageaient le tout en deux. Ils mangeaient une part et ramenait l’autre part à la maison. Chaque soir, au coucher du soleil, comme d’habitude, ils revenaient chez eux avec un fardeau de bois que la vieille transportait sur son dos. Le jour où il leur arrivait de s’attarder dans les champs, les petits enfants, affamés, attendaient devant le seuil de la porte en pleurant. Dès qu’ils les voyaient arriver, ils allaient, tout joyeux, à leur rencontre pour les raccompagner à la maison. Alors, le père s’affairait à leur allumer un grand feu et les enfants s’asseyaient autour du Kanoun pour se réchauffer. Leur mère se précipitait pour leur partager la moitié de la galette et les deux figues sèches qu’elle avait ramenées des champs et les enfants se régalaient. Le repas terminé, celle-ci se mettait à leur raconter des histoires chargées de sens et de morale. Les vieillards conseillaient leurs petits et leur disaient: « soyez solidaires et tâchez que rien ne vienne vous séparer. Aimez-vous et ne soyez pas comme ce jeune homme qui demandait à son père la part qui lui revenait de l’héritage pour se séparer de ses frères. ».

Son père, pour le mettre à l’épreuve, lui donna un bâton et lui demanda de le casser. D’un coup sec, le jeune homme le brisa et le tendit à son père, tout content d’être parvenu à le casser. Le père prit ensuite trois bâtons qu’il rassembla et les remit à son fils en lui demandant de les casser à nouveau. Le jeune homme essaya une fois, puis deux, puis trois … impossible d’y parvenir !

- Oh ! Père !, dit-il, je suis incapable de les briser, tu m’en as trop donné !

- Tu vois mon fils, quand tu es tout seul, quiconque pourra te briser et te mépriser. Par contre, une fois réunis, aucun ne pourra vous nuire, car c’est avec la fraternité que vous parviendrez à briser tous les obstacles de la vie.

 Leur mère, à son tour, ajouta: « Vous voyez bien que votre père est vieux, abandonné par ses forces. Moi aussi, je suis âgée et malade. Par conséquent, nous craignons de quitter ce monde dans peu de temps. Vous serez alors livrés à vous-mêmes, tout petits que vous êtes et incapables de subvenir à vos besoins ».

Les petits enfants se mirent à pleurer par ce qu’ils venaient d’entendre et répondirent à leur mère : « Non mère, ne nous parle pas ainsi, tu nous brises le cœur. Nous ne pourrons supporter votre disparition. Nous en sommes incapables ! Qui pourrait bien prendre soin de nous ? En dehors de Dieu, vous êtes nos seuls protecteurs ! ».

Leur mère ajouta : « Nous ne souhaitons pas vous voir vivre cette histoire du rusé et du naïf. Malgré les conseils de leurs parents à l’égard de l’union et de la fraternité, ils ont fini par se séparer et par devenir ennemis, une fois grands ! ».

 La petite fille, les yeux pleins de larmes, lui répondit : « Non mère ! Nous ne vivrons jamais cette histoire que tu viens de nous raconter. Mon frère et moi, nous vivrons unis jusqu’à ce que la mort nous sépare ».

Néanmoins, ils continuaient à mener leur vie.

Quelque temps après …

 

ARARBI Ahmed_La vie des deux orphelins_2008_couv.jpg

Ahmed ARARBI

La vie des deux orphelins

 

Société des écrivains

Paris 2008

Préface de Liza MUYLEART

Commentaires

j'adore ce genre de texte romantique qui m'a vraiment emu,
merci pour l'auteur.

Écrit par : marion | 14/09/2012

Merci mon frere pour ce beau livre qui m'a beaucoup plu. Cela me rappelle notre enfance quand notre grand mere maternelle nous racontait ces histoires et nous sous les Adhilane et thifaesouday.
A bientot.
iddir frere.

Écrit par : Iddir frere | 14/02/2014

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