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11/10/2009

Laïmèche Ali, L´Irréductible Révolutionnaire (Kamal AHMANE)

Un homme attaché à ses racines

La première chose à laquelle s’attaque le colonialisme, dans son entreprise d’implantation, est toujours le passé du pays dominé. La dévalorisation et l’anéantissement de la culture ancestrale, laquelle culture représente le cordon ombilical liant le peuple opprimé à son passé, le condamnent à une aliénation définitive. Laïmèche, nourri par la sève d’une histoire millénaire et cuirassé par un nationalisme sans faille, s’opposera telle une sentinelle vigilante à toute tentative de dépossession ou de falsification du passé. Fidèle à ses origines berbères, il fera de la préservation de l’identité du pays une priorité, car convaincu que la révolution, pour aboutir à une liberté « viable », doit s’articuler sur des référents authentiques. À travers ses compagnes de formation et de sensibilisation, il ne cessera jamais d’appeler les gens à s’accrocher à leur identité et leur culture ; considérant que ce sont là des éléments essentiels de

leur dignité.

 

Au sein du PPA, Laïmèche aura toujours un discours rassembleur à l’heure même où un clivage — accentué par l’attitude sectaire de la direction du parti — commençait à se dessiner entre une aile « légaliste » revendiquant davantage de collégialité et une autre, plus élitiste, incarnée par certains membres dirigeants à leur tête Messali Hadj. Dans cet antagonisme un peu larvé, le problème idéologique et identitaire, naguère en filigrane, ne tardera pas à prendre du relief. La clé de voûte de ce tiraillement conceptuel était la définition de la nation algérienne. Politiquement, la question était lourde par ses implications de première importance. Par conséquent, deux positions dichotomiques se mettront progressivement en évidence : celle de la direction représentée par Messali, qui dans son orientation politique s’appuyait sur des référents arabo-islamiques ; et puis, d’un autre côté, celle portée par un groupe de militants berbères, pionniers du Mouvement national, tels que Bennaï Ouali, Ferhat Ali, alias Ali Ou Mahmoud, Khelifati Mohand Amokrane, Aït-Amrane Idir, Ali Yahia Rachid et Laïmèche, qui mettaient en avant dans leur définition de la nation algérienne le concept de « l’Algérie algérienne ». En refusant le pouvoir discrétionnaire que s’est arrogé la direction du parti, les jeunes responsables du district de Kabylie vont inévitablement entrer en collision avec celle-ci.

 

À ce titre, la venue de Amar Khellil en tournée en Kabylie, à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire du PPA, en mars 1946, couvera l’un des plus graves incidents qui affecteront les rapports entre ces deux structures. En effet, lors de cette visite de deux semaines, ce membre de la direction va pouvoir découvrir et apprécier la remarquable organisation du district et le non-fondé des préjugés entretenus jusque-là par ses collègues à l’égard des militants kabyles. En revanche, ces derniers vont monter au créneau pour stigmatiser leur direction et partant ouvrir une brèche sur la « question amazigh ». Un problème sensible qui est le résultat d’une option politique et idéologique, au sein du parti, qui a fait l’impasse sur la dimension et la réalité berbère...

 

 

AMARA-Mohand+AHMANE-Kamal_Ali-LAIMECHE.jpgMohand AMARA et Kamal AHMANE

 

Laïmèche Ali, L´Irréductible Révolutionnaire

 

Éditions L’Harmattan

2009

 

 

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