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28/10/2012

La racine est la mémoire de la vie (Louïza FEKRACHE)

Mon frère A. avait la grosse tête, des idées absurdes et voulait tout avoir sans rien faire, avoir le « pouvoir » tout simplement.

Ma mère voulait qu'il ait plus de responsabilités dans les magasins de mon père, mais celui-ci refusait tout ce qu'elle demandait en lui précisant que tout allait rester tel quel.

 

En septembre 1965, mon père fut obligé de partir en France pendant trois mois pour se faire soigner. Mon frère R. le remplaçait, mais ne faisait pas preuve de beaucoup d'autorité envers les autres du fait de l'absence de mon père. Personnellement, je n'ai pas de rancune envers mon frère R. qui m'accueillait au retour de l'école. Toujours triste, il travaillait de plus en plus et ne comptait que sur lui-même.

Les ouvriers l'aidaient dans son travail et ses amis le soutenaient moralement.

 

Lorsque j'éprouvais le besoin de parler, il venait dans la cuisine avec moi et répondait à mes questions :

« As-tu des nouvelles de papa ? »

Il me répondait :

« Tu dois être très forte, tu es une grande fille. Si tu as besoin de quoi que ce soit, je ferai tout ce que je peux pour te le donner... Ne pleure pas, petite soeur, papa va bien... »

Mon frère R. me rassurait, mais a été « détruit » par un mensonge ou peut-être parce qu'il connaissait la vérité...

 

Au bout de quelques mois, mon père est revenu à la maison. J'en étais très heureuse, non seulement pour notre famille, mais aussi parce que mon frère A. ne pouvait plus me donner des ordres et me frapper comme il l'avait fait en l'absence de mon père.

 

Absence au cours de laquelle j'ai vu des choses que je n'aurais pas dû voir, mais ma mère m'avait interdit d'en parler à mon père !

Un moment donné, ma mère m'avait d'ailleurs suppliée de ne rien dire et de me taire, sous le prétexte que je devais laisser mon père se reposer quelque temps. J'ai toujours respecté ma mère, mais ce jour-là...

 

Mon père avait bien compris que cela n'allait pas du tout, il voulait tout savoir et savait que j'allais tout lui raconter. Ma grande sœur Z. tenait beaucoup à fêter le retour de notre père et à remercier Dieu de nous l'avoir ramené vivant. Mon frère R., sa femme, ma sœur Z. et son mari D.M. préparaient le dîner pour toute la famille et d'autres invités.

 

Pendant ce temps-là, ma mère parlait avec son fils préféré A. Elle lui faisait croire qu'il n'était pas considéré à sa juste valeur, mais bien comme un bon à rien ! Il croyait tout ce que ma mère disait et fit sa mauvaise tête. Bien que ce n'était ni le jour, ni le moment, il se plaignit auprès de notre père. Il lui expliquait qu'on s'occupait moins de lui, qu'il n'était pas content de travailler sous les ordres de son grand frère R., qu'il se sentait inférieur à lui et même aux ouvriers qui travaillaient pour lui. La réalité était pourtant tout autre.

Toujours bien habillé, à 18 ans, il avait déjà son permis de conduire et prenait la voiture quand il le voulait, tout en puisant de l'argent dans la caisse sans demander la permission à personne ! Il faut dire que mon père ne l'avait jamais véritablement empêché de faire cela.

Il s'est fiancé à 21 ans avec une fille du village voisin. Mon père organisa une grande fête pour célébrer le mariage en septembre 1967.

Quelques mois plus tard, en février 1968, il est parti en France pour rendre visite à son frère M. . Il y est resté deux mois et lors de son retour, mon père m'a immédiatement prévenue :

« Fais attention à toi, ma fille, il a le ventre plein... »

 

Mon frère A. aurait dû épargner un peu lorsqu'il travaillait encore chez notre père et que les affaires étaient encore florissantes.

 

Malheureusement, mon frère A. n'avait pas compris à quel point le grand frère M. pouvait être dangereux, jusqu'au jour où il découvrit que tout l'argent qu'il avait durement gagné avait disparu !

Il n'avait plus d'argent, ni chez lui, ni à la banque. Tout était parti en fumée.

 

 

FEKRACHE Louiza_La racine est la mémoire de la vie_2011.jpgLouïza FEKRACHE

La racine est la mémoire de la vie

 

Pages 74 à 80

 

Auto-Édition

Lille 2011

 

Commentaires

magnifique ce livre

Écrit par : fekrache | 29/07/2013

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