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13/02/2012

Les Pères-Blancs dans la Guerre (Georges OUDINOT) 1

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CHAPITRE 1 : CAP SUR l'ALGÉRIE

 

Jacquotte et Raynaud (SAS de Ouadhias et Beni-Douala) ont lancé leur projet de bordj pour matérialiser leur volonté de présence. À la SAS de Mekla, on n'en est pas encore là.

 ...

Au cours de ce premier et cordial contact, j'ai mis le doigt sur une source de difficultés non encore évoquée : la présence dans le paysage de Communautés de Pères-Blancs et de Sœurs-Blanches. Deux SAS, pour l’instant, sont concernées : celle de Jacquotte, aux Ouadhias, et celle de Raynaud, à Beni-Douala. Ces présences créent des situations ponctuelles qui s’avèrent difficiles à gérer ; j'aurai l'occasion d'y revenir.

 

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CHAPITRE 2 : BENI-DOUALA

Le terrorisme ayant commencé à frapper au cours de l'été 1955, le Pays s'est peu à peu replié sur lui-même. Mon prédécesseur, le capitaine Raynaud, a créé la SAS à Beni-Douala le 15 novembre 1955.

Quinze jours avant son arrivée, le 1er novembre 1955, une grève générale ordonnée par le FLN a paralysé toute l'Algérie ; elle a été effective partout en Kabylie par crainte de répressions terroristes.

Les quelques instituteurs qui avaient rejoint leur poste en octobre, menacés à nouveau, ont quitté leurs fonctions ; les écoles vont rester désespérément fermées. Quelques-unes seront brûlées ou saccagées ; les Pères-Blancs, qui avaient ouvert les leurs, ont eux aussi obtempéré à l’ordre de grève FLN.

 

Pages 126-127

En juin (1956), j'ouvre à Beni-Douala une école « symbolique », baptisée « Cours de vacances » : deux puis trois classes, avec des Instituteurs-Paras. Les gosses affluent, parfois de loin, récompensés de l'effort consenti par le « casse-croûte » de midi ; on ne tarde pas à y chanter À la claire fontaine et, bien sûr, Debout les Paras !

 

OUDINOT_SAS-Beni-Douala_Ph-Film.jpg


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Les Fells vont recruter …

Un matin, je vois arriver dans mon bureau le Père Duplan, le plus jeune des quatre Pères-Blancs, le seul avec qui j‘avais eu jusque-là des relations convenables en apparence, mais chaleureuses en privé. Il m’explique qu'un certain nombre de jeunes de Taguemount-Azzouz*, anciens élèves des Pères, scolarisés en secondaire au lycée d'Alger, sont remontés au village.

Il craint que, désœuvrés, ils ne se laissent recruter par les Fells... Il m’affirme qu'il y a des contacts... Il ne voit qu'une solution : les occuper pour les soustraire au désoeuvrement et si possible aux ravages de la propagande. Il a arraché à son supérieur l'autorisation d’ouvrir une espèce de foyer dans une annexe de leur école où il compte les réunir.

- De quoi as-tu besoin ? lui demandai-je.

Il sort une petite liste de sa poche. Je lis « balles de ping-pong, jeux d ‘échecs et de dames... ». Étonné par la modicité de sa demande, je l’interroge du regard... Il reprend :

- Si j’osais, je te demanderais si tu n'as pas quelques machines à écrire, du papier, des crayons, quelques cahiers, de la craie. Le père Martz a refusé de m’ouvrir son stock de fournitures scolaires actuellement inutilisées.

J’avais une dizaine de machines à écrire portatives récupérées auprès des anciens secrétaires de Centres : elles firent l'affaire. Pour le reste, le problème fut vite réglé.

Un mois plus tard, j'ai vu revenir le Père pour me demander un laissez-passer et... me faire ses adieux : « Je suis viré comme un malpropre parce que j’ai sollicité et accepté ton aide », me dit-il.

Le Père Martz lui avait fait rendre le matériel prêté au poste militaire le  plus proche et lui avait intimé l'ordre de se présenter dès le lendemain au supérieur de leur ordre, à Maison-Carrée...

Une dizaine de jours après son départ, j'ai pu vérifier qu'une demi-douzaine de jeunes gens avaient pris le maquis, condamnés à mourir sous nos balles, les uns après les autres, dans les mois qui vont suivre, par la faute d'un prêtre français...

Une triste réalité face à laquelle j'étais impuissant !

 

* Ce village est le plus important avec près de 3 000 habitants.

  

 

OUDINOT-Georges_Mission-en-Kabylie.jpgGeorges OUDINOT

 

UN BÉRET ROUGE EN KÉPI BLEU

 

MISSION EN KABYLIE … 1956-1961

 

L’esprit du livre éditions

 

2007

 

 

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