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15/08/2010

Etude de la stèle de DOUGGA (Ali Farid BELKADI)

 

 

C’est au provençal Thomas Darcos que l’on doit la découverte et la mise au jour en 1631 dans la partie orientale du Mausolée antique de Dougga (Thugga), à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis, d’une importante stèle dénommée: (la) dédicace du mausolée de Dougga (Figures: 9 et 10). Celle-ci, qui est incisée à l’aide d’un outil effilé, est formée de deux blocs de 70 centimètres de hauteur, juxtaposés horizontalement. Celui de droite qui porte le texte libyque est long de 99 centimètres. Celui de gauche, inscrit en caractères puniques -écriture des phéniciens de Carthage- est long de 114 centimètres. Les deux textes comprennent sept (7) lignes d’écriture chacun. Le texte gravé en phénicien de Carthage est intact, alors qu’il manque le début des trois premières lignes à la partie gravée en vieux-berbère.

 

DOUGGA_Stèle_Epigraphe littéraire libyque du IIè siècle avant J.C. 67_(Ali-Farid BELKADI).JPG
 

On remarquera d’emblée que la première phrase, fortement ornementée sur le plan graphique, est réitérée en leitmotiv sous forme de couplet, à trois reprises dans le texte: lignes 1, 4 et 7 (Figure 13). Il s’agit d’une strophe lyrique. Une même quantité syllabique agencée selon un centre strict, réalisé autour du groupe de mots STN TUNTGH’, nous renvoie aux règles de la versification commune aux peuples de l’antiquité. Que l’on retrouve encore de nos jours dans la poésie traditionnelle des aèdes berbères ainsi que dans la poésie populaire à caractère dialectal, le Chi’r Al Malħoun ou “poésie (vocale) orale”.

La strophe leitmotiv figure aux lignes une, quatre et sept:

1…. STN TUNTGH’ NSSTR USRGH’ LUS INTH D

4…. STN TUNTGH’ NSZNUNGT LUS INTH D

7.....STN TUNTGH’ NTGKN USIN LUS (dans cette dernière ligne de l’inscription, IHTH D est renvoyé au segment suivant, N° 8, comme pour relancer le rythme du texte).  En se reportant à l’ensemble de l’inscription, on remarquera dans cette structure la présence de rimes, qui donnent à la stèle une tournure littéraire incontestable:

Les Rimes en D: Ligne 1: INTH-D. Ligne 4: INTH-D. Ligne 7:INTH-D.

Les Rimes en GH’: Ligne 2: Ed SeR’AGH’. Ligne 5: USiRGH’.  Les Rimes en N: Ligne 3: TAGIKAN Ligne 8: TATSINN (En langue berbère les terminaisons en N ne sont pas muettes, contrairement au mot français “Lien” par exemple ou “bien”. Dans MASENSEN, qui est le nom du roi berbère Masinissa, on émet le son final N.

Les Rimes en R: Ligne 6: NEJJAT AWZIR. Ligne 10: IZETWAN

ASISER.

Ainsi que les Rimes en T: Ligne 9: UTKELKELT Ligne 11: UTIKLI T.  Il s’agit bel et bien d’une prosodie rigoureuse, au rythme soutenu, plutôt que d’une succession invariable et rébarbative de noms propres non attestés et inventés par J-B. Chabot.

 

 

Translation:

“Tisser (en étant) enceinte (et irascible), (malgré) les élancements de la douleur, tel est le singulier caprice de la belle-soeur.

Oppressée par la douleur, toute décrépie (de mine) et au bord de l’évanouissement.

(Elle étouffe) en sueur (elle est) gémissante, le visage blafard.  Tisser (en étant) enceinte (et irascible), elle sursaute écorchée par son point de coté (dû à la pneumonie) (qui soudain la fait s’enrouler sur elle-même), tel est le singulier caprice de la belle-soeur.  Oppressée, elle devrait se soigner, son point de coté à moitié vieux (qui dure) (qui se prolonge).

Son point de coté oublié (comme un endroit omis par la charrue dans le champ).

Tisser (en étant) enceinte (et irascible), le visage blafard, alors que nous la conjurons de s’enrouler au chaud (de se couvrir).  Oppressée le visage blafard, nous l’avons exhortée à se faire aider, afin de ne pas aggraver (sa toux).

Ainsi que de faire attention au fil de chaîne (du tissage) et à l’enfant qu’elle porte dans son ventre roulé en boule et à dorloter (à en prendre soin).  Le temps encore se couvre, qu’elle s’enveloppe de vêtements chauds et se repose.

Sinon elle mettra bas, en suppurant et la poitrine prise (pneumonie).

Qu’elle prête donc attention à nos conseils, en changeant de conduite”.

 

Ali Farid BELKADI

Association Mashwasha Histoire & Archéologie. Paris

Une épigraphe littéraire libyque du IIème siècle avant J.C.

 

 

Document en ligne ici

 

Dougga - Le mausolée punique avant sa restauration_vers1905.jpg
Le Mausolée de Dougga au début du XXème siècle

 

 

Commentaires

Je suis désoler mais ce n'ai pas du phénicien
regarder un vrais tableau et vous verrez

NicosB

Écrit par : Blanc | 13/11/2010

bonsoir je m'interesse boucoup a l'ecriture ancienne. mais je ne comprand a rien a cette ecriture berbere

Écrit par : belkadi | 10/07/2011

Les commentaires sont fermés.