23/07/2011
Le çof (Raymond MARIVAL)
La veille, en effet, quelques misérables mourant de faim étaient venus protester sous les arbres du jardin de M. Soubiron. Embauchés pour l'empierrement des routes, ces ouvriers attendaient depuis trois jours, sans pain et sans abri, que M. Castaréde, payeur principal, voulût bien verser entre leurs mains les salaires en retard. Et tous les mois la même scène pitoyable se renouvelait. Sous les plus futiles prétextes, M. Castarède, qui vivait au chef-lieu d'arrondissement une existence retirée de fesse-mathieu, retardait son voyage à Gravelotte*, tergiversant parfois durant une semaine avant de se résoudre à l'accomplir. Il était d’une ladrerie sordide. Lorsqu'il maniait des fonds, on aurait cru, à voir ses mains tremblantes, que chacun des écus sortait de sa propre bourse, et que, pour les gagner, il avait dû peiner de longs et douloureux efforts ! On ne savait plus alors quel était le plus triste et la plus lamentable, de celui qui remuait l'argent, ou du manœuvre minable qui attendait, la main ouverte et le ventre creux !
La plupart des colons de la vallée se montraient incapables d'une telle bassesse d'âme. Beaucoup même, parmi eux, conscients des services rendus, témoignaient, dans les rapports avec leurs khammès, sinon de bienveillance, tout au moins d'une louable équité. Tous cependant, et ceux-là même dont l'intelligence paraissait la plus ouverte, conservaient pour l'indigène une répulsion involontaire et irréfléchie.
C'est que le peuple kabyle est le peuple vaincu qui, par droit de conquête, demeure taillable et corvéable à merci ! Dans l'esprit simple et sans lecture du colon, persiste toujours l'instinct des races pillardes. Sur aucun d'eux n'a soufflé le vent humanitaire qui passe ! Tous ignorent qu'il n'y a plus aujourd'hui de peuples déchus, mais que les races, parallèlement, suivant les lois qui les régissent, doivent évoluer la main dans la main. Un jour viendra où ils comprendront, et c'est alors seulement qu'on verra s'épanouir cette floraison d'énergie et de travail qui, pour féconder la terre algérienne, ne demande plus qu'à être dirigée !
Ces temps peut-être ne sont pas lointains. La vie matérielle de l’indigène, encore que précaire, s'est beaucoup améliorée. Ils apprécient nos voies de communication, nos marchés et nos écoles; ils savent gré des efforts accomplis; pour que l'entente nécessaire à nos intérêts mutuels s'exécute, il suffirait sans doute de faire preuve, à leur égard, d'un peu plus de sympathie.
Le malheur est que, pour cela, la collaboration est indispensable de tous les fonctionnaires musulmans, et que jusqu'ici le recrutement de ces derniers a toujours été déplorable.
Cadis, cheiks, kebirs ou mezouars, de plus petit jusqu'au plus grand, presque tous abusent des fonctions qui leur furent départies pour pressurer leurs coreligionnaires et s'assurer des provendes. Accablés sous les impôts, en butte aux vexations sans nombre, les fellahs avec répugnance sentent peser sur eux cette autorité qu'ils n'estiment plus. C'est la lèpre qui ronge les douars et dont André, sous ses yeux, avait des exemples frappants : cadis concussionnaires, cheiks vivant d'exactions et de rapines, oukils rapaces, aouns disposés aux besognes louches, tous gorgés de vols, engraissés d'abus et d'arbitraire, grouillant sur le peuple minable comme une vermine dans une toison !
(Pseudo de Louis VAISSIÉ)
Le çof
Mœurs kabyles
Éditions Mercure de France
1902
Pages 96-99
* Gravelotte : village au nord-ouest de Constantine (Chebligui-Makhlouf ?)
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LE FILS DE L'ALGERIE PROFONDE
Algérie, au début de l’année 1956 : dans un petit village qui entre progressivement dans la guerre, l’auteur, âgé de six ans, assiste à la vie tourmentée de son père qu’il commence à peine à connaître et à aimer. Un père, âgé de cinquante ans qui, pour rester en marge d’un conflit dramatique qui oppose ses compatriotes, quitte la France où il travaillait depuis une vingtaine d’années pour rejoindre sa famille en Algérie.
Enfant, l’auteur vit ainsi une double tragédie. D’un côté les pratiques injustes et incompréhensibles de certains de ses propres concitoyens envers un père profondément nationaliste, de l’autre la répression aveugle qu’exerce l’armée coloniale sur son peuple en lutte pour sa liberté, qui aboutit à l’assassinat de ce père, entre autres.
Adolescent, l’auteur est exclu de l’école primaire de l’Algérie indépendante qu’il chérit plus que tout. A seize ans, il entre dans la vie active où il sombre dans une dépression nerveuse.
Adulte, l’auteur quitte sa région natale pour tenter sa chance dans la grande ville où, après d’énormes déboires, il réussit à décrocher un petit emploi qui lui permet de faire en parallèle des études - son rêve de toujours.
Courageux et persévérant, l’auteur sait aussi souffrir et apprendre, visiter sa mémoire ardente, observer la vie autour de lui et exprimer sa pensée – temporelle - spirituelle.
Ainsi, avec une plume franche trempée dans l’encre de sincérité, l’auteur nous livre une autobiographie émouvante tout en nous faisant participer en dehors de toute fioriture, à une page de l’histoire de la guerre d’Algérie qui ne cesse de susciter la curiosité des deux peuples algérien et français.
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT ………………………………………………7
LES PREMIERS SOUVENIRS D’ENFANCE ....... 11
CHRONIQUE DES ANNEES DE guerre... ........ 19
L’INDÉPENDANCE DU PAYS
OU LE RÊVE BRISÉ ……................................ 65
LA GENESE D’UNE GALERE ………………………….. 95
LES EFFETS PRODIGIEUX DE LA FOI ……….... 127
Edité en février 2007, l’ouvrage est disponible chez l’éditeur :
L'HARMATTAN
Édition -Diffusion
5-7, rue de l’École Polytechnique 75005 Paris
Tél. 01 40 46 79 20 (comptoir et renseignement libraires)
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El Watan - quotidien indépendant - Edition du 15 mai 2007 > Culture
Parution-Fils de l’Algérie profonde
Ouvrage d’un autodidacte
Amar Idjerouidène, auteur autodidacte, a publié récemment un ouvrage intitulé Le Fils de l’Algérie profonde chez L’Harmattan. L’ouvrage est considéré par l’auteur comme un formidable accomplissement d’un projet qu’il porte depuis une décennie.
Le livre retrace, d’une manière romancée, la vie de l’auteur et celle des siens durant la guerre de libération dans son village près de Tigzirt, en Kabylie, et les premières années d’indépendance dans la ville côtière de Dellys où la famille s’était installée. A travers son expérience, Amar Idjerouidène fixe par l’écrit des épisodes poignants de la vie du pays. Témoin de plusieurs événements dramatiques, Idjerouidène les restitue au lecteur dans des détails touchants. Le roman est bouleversant dans nombre de ses aspects. Au delà de sa valeur historique, l’ouvrage décortique les relations humaines dans le village, si large et si étroit en même temps pour que les vagissements d’une Algérie naissante soient représentatifs. Un espace où la bravoure côtoie la trahison, où la dignité se dispute la félonie. L’auteur a réussi à dresser de beaux tableaux de l’époque ; la misère, le mode de vie, la nature, l’émigration, le rêve. Une introspective sincère, une étude psychosociologique d’un pays déchiré par la guerre, mais dont la population nourrissait d’immenses espoirs d’un avenir heureux. Ce roman de 186 pages n’est toutefois disponible qu’en France. L’auteur en parle : « J’ai passé des années à proposer mon manuscrit aux différentes maisons d’édition, mais seul L’Harmattan a accepté de le prendre. Je suis convaincu que mon livre rencontrera le lecteur, même si il est édité en France. On est dans un village planétaire. » Voici des passages choisis. En page 65, il est écrit : « Après la proclamation du cessez-le-feu, les autorités françaises nous autorisaient enfin à nous rendre dans nos villages respectifs d’origine (…) tout était sauvage, les sentiers étaient méconnaissables, les maisons dépourvues de tuiles. » Saisissantes images d’une Algérie profonde qui espérait tant…
Saïd Gada
Écrit par : Idjerouidene Amar | 08/09/2011
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=13537
Écrit par : Idjerouidene Amar | 08/09/2011
Je me soigne avec l'huile d'olive ... de Kabylie
mar, 2012-08-07 16:54 -- Stéphane Arrami
La maison d'édition El-Amel à Tizi-Ouzou, a publié ce 1er août 2012 un recueil de 100 pages intitulé "Je me soigne avec de l'huile d'olive" de l'auteur Amar IDJEROUIDENE.
Après huit années d’expériences personnelles dans l’usage de l’huile d’olive à titre thérapeutique, Amar IDJEROUIDENE a jugé utile de mettre à la disposition du public les résultats très appréciables auxquels il a abouti.
Le lecteur découvrira au fil des pages de la première partie du présent recueil tous les maux soignés avec cette huile.
L'auteur a voulu en savoir davantage sur les propriétés thérapeutiques et les qualités nutritionnelles de cette huile. Il a recueilli les différentes sources qui parlaient de l’olivier et de ses huiles depuis la nuit des temps.
«Ainsi, je pense que ma modeste contribution est un bien pour beaucoup de personnes qui souffrent et qui ne trouvent pas de quoi soulager naturellement leur mal. Mais attention ! Pas d’amalgame, je ne recommande pas de l’huile d’olive pour soigner une bronchite, par exemple. Et je ne dirais pas aussi : « Consulte l’expérimenté et ne consulte pas le médecin » comme dit le dicton populaire de chez nous. Mais je dirais plutôt : « Consulte l’expérimenté, mais n’oublie pas le médecin »."
Écrit par : Amar IDJEROUIDENE | 13/08/2012
La maison d'édition El-Amel à Tizi-Ouzou, a publié ce 20 avril 2014 un ouvrage de 208 pages intitulé "LE FILS DE L’ALGÉRIE PROFONDE" de l'auteur Amar IDJEROUIDENE.
Extraits du rapport de la commission de lecteur de l’écrit romanesque « Le fils de l’Algérie profonde »
"En lisant attentivement le roman (déjà apparu ailleurs), on découvre intuitivement la richesse réelle qui dépasse la littérature au sens strict pour s’orienter comme signe de la nécessaire et sainte volonté générale, la vôtre précisément. Nous l’avons décelée dans l’expression de survie et vers la vie rythmée par la force des événements.
Votre simplicité à les relater nous intéresse et nous interpelle à la fois allant d’une enfance foudroyée par la guerre et ses conséquences sur le corps social .........
La trame du roman s’inscrit dans le temps qui ressemble au nôtre. C’est pourquoi, nous le lisons de la 1ère à la dernière ligne sans nous arrêter. La perception est plus que subtile, l’autobiographie est nostalgique, la guerre et la mort sont déjà là, fissurant le bloc familial du jeune Amar, à la limite d’une maturité porteuse d’angoisse, entre rêve et réalité.
Nous recommandons votre livre aux lecteurs potentiels comme aux nôtre parce qu’il fait réfléchir sur l’organisation sociale actuelle de notre société, fragile et imparfaite dès lors qu’il s’agit des relations humaines."
Écrit par : Amar IDJEROUIDENE | 23/04/2014
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