12/05/2009
Alix ETIENNE et ses CM1-CM2 en 1962
Témoignage d'un instituteur civil en Algérie. (1960-1962)
Septembre 1960. Avant la rentrée des classes, je «testais» le tableau. Notons l'estrade montée à l'aide de caisses vides du 9e RIMa.
«J'arrivais à «Béni», il n y avait pas de fournitures ni de livres. Je contactais l’Inspecteur d'académie à Tizi-Ouzou qui me donna carte blanche. Alors, nous avions pris le half-track et nous nous sommes rendus à une librairie que nous avions pratiquement dévalisée en cahiers, livres, etc. ... etc. ... La facture a été transmise à la mairie de Camp du Maréchal.»
Anecdotes, par Alix Etienne :
«Comme classe, je faisais les cours élémentaire et moyen. J'arrivais à avoir 35 à 40 élèves et il n'y avait pas de problème de discipline. Ils me respectaient. Le matin, je leur mettais des gouttes dans les yeux (trachome), examinais leurs mains. Les enfants étaient propres parce qu'il y avait de l'eau. En calcul, ils étaient des champions, surtout en calcul mental. En dictée, c'était plus difficile. Le programme était le même qu'en France et je les notais normalement car ils avaient un livret scolaire. Bien entendu, je ne disais pas que leurs ancêtres étaient des Gaulois. Ils avaient une bonne mémoire et apprenaient une récitation en 15 minutes. N'oublions pas que les Kabyles avaient, peut-on dire, des cerveaux neufs curieux et ouverts qui ne demandaient qu'à assimiler. Ils n'étaient pas attirés par les grandes villes.
Ils étaient studieux, leur avenir était en jeu et cela, je le leur ai fait comprendre à l'indépendance. Je donnais peu de punitions. Parfois j'ordonnais de copier cinq fois un mot mal orthographié, mais pour eux ce n'était pas une punition. Quand je leur demandais « qui veut balayer la classe ? », ils étaient tous volontaires parce qu'au bout il y avait ... un morceau de pain, de la viande et autres victuailles. Je voyais les parents quand j'allais au village. Je n'ai eu aucune menace. Mes journées passaient très vite. Le soir, j'étais avec mes copains du 9e RIMa. Les sous-officiers et les autres se retrouvaient dans notre piaule. On s'entendait à merveille. Je corrigeais les cahiers à la clarté d'une lampe à gaz et je préparais les cours du lendemain. On m'avait proposé un poste à Alger, j 'ai refusé. J'étais mieux dans le djebel avec mes élèves et les militaires du RIMa.»
«A «Beni», je donnais des cours, «gratis», aux adultes kabyles (des gens âgés de l'autodéfense) ; je leur apprenais surtout à écrire leur nom ainsi que des mots simples, ils étaient toujours reconnaissants et pleins de sollicitude.»
«Toujours à «Beni», un village sur un piton de Grande Kabylie, quand mon linge était sale, parfois il disparaissait ; le lendemain je le retrouvais sur mon lit propre et repassé. Je n'ai jamais su qui le lavait, certainement des parents kabyles voulant me remercier.»
Par ailleurs, «Quand je descendais de ce piton dans les Ali Bou-Nab par le convoi à Camp du Maréchal pour une journée (ce n'était pas rare le dimanche), et que j'entrais dans un café boire une bière, c'était toujours payé ! Par qui ? Je ne l'ai jamais su !»
«Un jour, une fille de ma classe s'est prise dans les barbelés ; sa jambe était ouverte jusqu'à l'os, pas de toubib bien sûr ! les militaires du poste de Ouarzeddine ont passé un message à Camp du Maréchal. C'est un vétérinaire militaire qui venu par la piste. Il a recousu la plaie sans l'endormir. Je tenais la tête de la gosse et un militaire l'empêchait de gigoter. A mon avis, aucun Européen de son âge n'aurait tenu le coup. Quarante huit heures après, la gosse allait à l'école et courait comme un lapin. La mère nous offert le thé pour nous remercier.»
Alix ÉTIENNE
Extraits de :
Témoignages – Livre 2
Soldats dans la Guerre d’Algérie
Par Jean-Yves JAFFRÈS
2002
16:26 | Lien permanent | Commentaires (8) | Facebook
Commentaires
Voici un témoignage authentique comme on aimerait qu'il soit. Cette photo souvenir de 1962 que vous avez gardée 47 ans après, donne la preuve de votre attachement à une noble cause, celle d'inculquer le savoir.
Écrit par : Idir | 16/05/2009
slt mon dr ca va je via sa voir ase que la les photo des etudiant de village de ouarezddine du commene de comp du marechal en 1956à1962
Écrit par : farid | 03/11/2009
Bonjour !
D'émouvantes images et scènes de vie d'autrefois dans la grande kabylie du côté de Sidi-Ali Bounab que vous décriviez.
Moi j'étais un élève pendant cette guerre et ses misères à l'école d'El-Maïn. En 1952-1954, nos jeunes instituteurs étaient des civils mais nous n'avions aucune photo d'eux et de nous-mêmes.
En 1957 quand j'avais 11 ans, notre instituteur s'appelle Monsieur Zerga un soldat du contingent comme vous. Ensuite, c'étaient Méssieurs Leroux en 1958, Saïdi en 1959, Géry Claude, Naze Daniel, en 1960. En 1961, arrivent Mesdemoiselles Libault et Mercerand notre Diréctrice enseignantes des jeunes filles, Dejean ou Dejuan, Tourney, Brilland, Hervé Boussard....Les moniteurs de sport étaient Méssieurs Saïdi, ensuite Badji, Moulay, Saouli, Brakta Amar, Benmostépha, Chikhi et Salah.
C'était un poste militaire avancé de la 19 ème division d'infanterie, 4ème régiment de dragons, 4ème escadron SP 86692 F.M. capitaine Georges Laurent, dépendant de la S.A.S de Béni-Hafed que commandait le capitaine Audry.
J'aimerai qu'un jour l'un de vos camarades soldats envoient leurs photos comme vous. Un simple souvenir et une passion culturelle à partager.
Écrit par : AMAROUCHE | 13/12/2009
bonsoir
j ai etais dans la classe de alix etienne a iggounen a sidi ali bounab
j aimerais savoir si vous avez d autre photos de la classe de alix etienne avec d autre eléve ainsi qu une de l ecole
Écrit par : adoul | 29/05/2012
bonsoir
j ai etais dans la classe de alix etienne a iggounen a sidi ali bounab
j aimerais savoir si vous avez d autre photos de la classe de alix etienne avec d autre eléve ainsi qu une de l ecole
Écrit par : adoul | 29/05/2012
bnjour , je cherche des temognages lies a la vie et au passage des francais a ait yahia moussa , dra el mizan , sidi ali bounab ; soldats , instituseurs ou autres .
Écrit par : mohamed sediki | 23/03/2013
des appelés français installés à michelet peuvent ils me renseigner sur philippe olibet, de jean jacques parisien, de michou, ainsi que gilbert il était communiste et habité grenoble, si ma mémoire est encore bonne, merçi
Écrit par : farida | 11/04/2013
j aimerai bien si c est possible de publier les photos des eleves des annees 62 63 de l ecole primaire d iagounene .sidi ali bounab camps du marechal g.kabylie surtout de l enseignant michel fournier ou viguier
Écrit par : djema mohammed | 26/09/2014
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