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17/06/2012

France terre d'écueils (Aomar MOHAMMEDI) présenté par Abderrahmane ZAKAD

Les policiers français sont-ils racistes ? C’est la question qui vient à l’esprit dès la lecture des premières pages. Le témoignage commence au centre de rétention de Blagnac où l’auteur-narrateur, en situation irrégulière, est dans l’attente d’une reconduite vers l’Algérie, sa patrie. Des policiers le réveillent. Ils font leur devoir, comme d’autres l’ont fait avant eux, les 16 et 17 juillet 1942, quand ils ont raflé les Juifs de Paris. Ils appliquent la loi, on ne peut rien leur reprocher. Rien ? La loi les autorise-t-elle à traiter Monsieur Mohammedi de « bicot » ? Les autorise-t-elle à lui dire : « Tais-toi, sale bougnoule » ? à le gifler ? à lui serrer les menottes pour le faire souffrir ? à lui interdire l’accès aux toilettes pour l’obliger à uriner dans son pantalon ? L’humiliation et les souffrances physiques des immigrés clandestins sont-elles inscrites dans la loi ?

 

MOHAMMEDI_France_Planche-Omar.jpg

(Planche de la version BD)


Kabylie, terre d’accueil

Dans l’avion qui le ramène au pays, Aomar Mohammedi revoit son enfance, au cœur de la Kabylie, dans la ferme de ses parents. « Chaque jour était consacré à cultiver l’orge, le blé et les légumes à sécher, aux soins des arbres fruitiers, des oliviers et des figuiers. » Pourquoi ce besoin de partir ? « En Algérie, il n’y a aucun salut pour un jeune voulant progresser dans les études » Aomar quitte sa terre natale d’autant plus facilement qu’il n’a aucune appréhension sur ce qui l’attend : dans la ferme paternelle, il a souvent rencontré des étrangers, en général français, qui venaient faire une halte, pour une nuit ou quelques jours. On les accueillait avec sympathie. Ceux avec qui on se montre généreux peuvent-ils vous vouloir autre chose que du bien ?

 

Toulouse, la galère.

Dès son arrivée à Toulouse, la douche est glaciale : aucun accueil à l’Université. Pour un Algérien, les hôtels sont complets. Ses diplômes non reconnus. Le choc est à la mesure du décalage entre la Francevue de là-bas, et la Francevue d’en bas… « Bientôt, je se serai plus un homme, mais un étranger coulé dans un moule non conforme, immergé dans une société (…) laissant s’échapper des relents de racisme ».

 

Clandestin : la descente aux enfers.

Aomar Mohammedi termine ses études. Son titre de séjour est périmé ; finis les petits boulots. Restent la faim, l’errance. Si le Kabyle n’a rien perdu de la fierté qui coule dans ses veines, « J’avais, de plus en plus, honte d’exister. » On atteint le fond de la désespérance.

La honte, mais pourquoi ? Les immigrés clandestins sont à mes yeux de véritables héros. Ce sont les Argonautes du XXIème siècle ; à l’image des Grecs anciens, ils partent à la quête de la Toisond’or. Et si le danger est sur leur route, elle n’en a que plus d’attraits. Un « dos mouillé » interviewé à l’arrivée de sa pirogue aux Canaries, questionné sur sa connaissance des dangers de la traversée, a répondu : « N’oubliez jamais que dans clandestin, il y a destin !» La honte n’est pas sur les immigrés, elle doit être dans le coeur de ceux qui refusent de les accueillir dans des conditions décentes.

 

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Si la lecture de France… terre d’écueils fait mal, ce livre est indispensable aux candidats au départ, non pas pour les dissuader de partir, mais pour qu’ils sachent ce qui les attend. Il l’est encore plus pour ceux qui refusent leur venue. Ce récit sincère est comme un miroir. Il permet de prendre conscience qu’avant d’être un clandestin, l’immigré est un homme.

 

MOHAMMEDI_France_couv.jpg

Aomar MOHAMMEDI

France terre d'écueils

 

Livre d'Esprit (Algérie)

2009

 

Commentaires

Je le tire chapeau a ce brave jeune immigré dans son livre que
Nous avons constatés ,certes ces fauves policiers français que par leurs traitement indignes méritent de les abondanés au désert algeriens a la portés des loups sans eaux .
Je suis témoin du paragraphe cité dans son ouvrage .les années 78,79 les français circulent en algerie de ferme en ferme tout le monde l acceuillent a bras ouverts .voyons donc leurs monnaie vers les algeriens . Je reste témoin,car ce brave jeune c'est mon frère ,sale chien policier français

Écrit par : Samir | 16/08/2012

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