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23/05/2008

L’inattendue rencontre (Moussa BOUCHAKOUR)

Là où nous sommes, c'est une altitude de plus de 600 m par rapport au niveau de la mer, ce qui rend cet endroit idéal, beau, merveilleux, proche du parfum des genêts au printemps, proche des figuiers en automne, proche de la neige et du froid en hiver, proche du soleil et du miel des abeilles en été.

Je continue à regarder vers le ciel, un peu à gauche, à l'est le nuage qui s'est dissipé a fait découvrir la montagne resplendissante, comme une forteresse, surplombant la ville, du lever du soleil jusqu'au coucher. …

Vers le nord-ouest, à l'embouchure des monts et de la colline, l'ancien Fort Turc, surplombe toute la vallée jusqu'à l'ancienne Rebeval. Ce monument historique garde, à nos jours, sa salle des tortures et sa guillotine,  bien que légèrement rouillée aux extrémités. Malheureusement l'Etat n'a rien fait pour restaurer cet édifice pour le verser dans le patrimoine de la révolution de libération nationale. 

Le temps change de face. Le soleil brille Au dessus de nos tètes et au loin un immense nuage noir couvre le ciel. En quelques instants la pluie revient. Je contemple avec un grand plaisir le ruissellement de l'eau de pluie sur la vitre. Du regard je balaye le splendide et pittoresque panorama.

Au loin, vers le sud ouest, à l'horizon, la brume blanche qui s'était dissipée, s'est mélangée à une espèce de fumée de pneu brûlant, montante, grisâtre, pour constituer un autre nuage qui couvre la montagne. Plus loin, à gauche, le radar et les environs surplombants les vallées. Au fond, à l'horizon, dans la trajectoire de vision. Vu de loin elle ressemble à la bouche béante d'un requin. Sinistre lieu au passé honteux, durant la révolution de libération nationale.

D'après les anciens combattants, plusieurs maquisards ont été jetés du haut de cette falaise, dans le vide,  pour réprimer leurs activités avec la guérilla.

Cette sale besogne est faite par l'armée coloniale pour opprimer, faisant de ce site un lieu d'exécution qui avait l'appellation de: «Mur de la mort».

On raconte qu'un jour le Capitaine, Chef de la S.A.S, un militaire très dangereux, avait ordonné, de jeter, du haut de cette falaise, un pauvre militant, Au moment du fait, le malheureux, bleu de peur, s'agrippa au bras du militaire, qui voulait le balancer, et ils tombèrent ensemble dans le vide, pour aller s'écraser sur l'amas de pierres qui se trouve au bas de la falaise.

Dans le couloir (de l’hôpital) , des hommes conversent et de temps à autre l'infirmier appelle un malade ; il y a eu un brouhaha, je me retourne pour voir d'où vient ce chahut, je rencontre des yeux bleus maquillés d'une jeune femme, la trentaine environ qui me regarde fixement, sans clignoter.

Elle a des yeux azur, un merveilleux visage blond, qu'entoure une chevelure dorée, reposant sur les épaules. Elle a une taille mannequin, un peu maigrichonne ; la jeune femme accompagne un malade. Elle portait une robe bleue, boutonnée de haut en bas, à la limite des genoux et des bottes longues cavalières qu'elle a fait découvrir de par sa position assise, jambes croisées l'une sur l'autre. Une beauté très rare.

Je fis une prière, maudissait Satan et me remis à regarder par la fenêtre. À un moment, je me déplace au plus loin de cette femme, mais à peine arrivé à l'angle que j'entends l'infirmier m'appeler, en même temps que la jeune femme et son malade.

L'infirmier nous dirige vers la salle d'attente.

Je marche lentement derrière l'infirmier et derrière moi les deux suivants. Pour les laisser passer devant, je fais semblant de regarder par la fenêtre et je ralentis puis je m'arrête.

La jeune femme et son malade sont devant moi de dix mètres. Elle se retourne, de sa main droite, elle relève ses cheveux sur l'épaule et s'adresse à moi:

Monsieur, s'il vous plait! Laissez passer mon frère en premier, il est souffrant.

2117523890.jpgMoussa BOUCHAKOUR

L’inattendue rencontre

 

Pages10 à 13

Éditions ELAMEL

Tizi-Ouzou 2004

 

Commentaires

Bravo pour ce site et ces infos sur nos auteurs kabyles. Toutefois, je n'ai pas trouvé d'informations concernant l'écrivain Youcef DRIS de Tizi-ouzou, bien qu'il ait écrit de très beaux ouvrages, particulièrement LES AMANTS DE PADOVANI, un chef d'oeuvre de littérature tiré d'une histoire vraie(voir commentaires sur le NET). J'espère que cette omisson sera réparée. bonne continuation.
A. Mohamed

Écrit par : abdallah | 26/05/2008

écrit de tres beaux ouvrages, ce n est de la culture si les sentiments sont absents.

Écrit par : loukkad | 20/02/2014

Les commentaires sont fermés.