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02/01/2010

Conte de Tislit n’Lebher (Larbi RABDI)

 

Ceci est le conte de Tislit n’Lebher ; qu’il soit beau et se déroule comme un long fil.

 

Il était une femme qui avait une jolie petite fille qui s'appelait Aïcha.

Un jour, elle tomba malade. Sentant son heure approcher, elle appela son mari à son chevet et lui dit :

- Promets-moi de ne te remarier ou de donner notre fille en mariage que le jour où elle sera capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

En vérité, la pauvre femme voulait épargner les affres d'une marâtre à sa fille jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pourri être à la merci de personne.

- Je te le promets, lui répondit son mari.

 

Il n'avait pas terminé ses paroles que sa femme rendit l'âme.

Il tint sa promesse et resta avec sa fille, prenant le plus grand soin d'elle.

Mais, il y avait, au village, une vilaine femme qui avait entendu parler de cet homme qui vivait seul. Elle attira la jeune fille, la combla de cadeaux et commença à lui promettre monts et merveilles pour peu que son père consente à l'épouser, et la fille de s'en retourner chez elle le répéter à son père : « S'il te plaît papa, épouse cette femme ; elle me traitera mieux que sa propre fille » et, à chaque fois, son père de lui répondre la même chose :

- Il n'est pas question que je trahisse la mémoire de ta défunte mère.

 

Mais la fille n'en démordit pas, à tel point qu'elle ne tenait plus avec son père de conversation où il ne soit question de cette femme si vertueuse et si gentille...

Harassé et acculé par la ténacité de sa fille, son père finit par accepter et alla demander la main de la femme.

 

Les premiers temps, la femme choya la petite fille au-delà de ce qu'elle avait rêvé. Mais, aussitôt passée la lune de miel, elle changea d'attitude et dit à son mari :

- N'est-il pas temps que tu penses à donner ta fille en mariage ?

- Mais c'est une pauvre orpheline qui ne te dérange en rien, et puis j'ai promis à sa mère de ne la donner en mariage que lorsqu'elle serait capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

 

Devant cette réponse la femme comprit que seule la ruse payerait. Elle appela la petite fille et lui demanda

- Aimes-tu vraiment ton père ?

- Plus que tout au monde, chère tante.

- Et bien si tu l'aimes tant que ça, tu ne peux que tout faire pour le rendre heureux.

- Dites-moi ce qu'il me faut faire.

- Sais-tu que ce qui ferait vraiment plaisir à ton père c'est de te voir capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

- Mais je n'en serai pas capable chère tante, je suis si petite.

- N'aie crainte, je te montrerai comment faire.

Elle prit un tas de terre, le mit sur le sol dans la partie la moins éclairée de la chambre et façonna une sorte de marche assez haute pour que Aïcha puisse prendre facilement le pain, puis lui dit :

- Quand ton père sera de retour, je te demanderai de lui apporter le pain, et tu iras le chercher toi-même en montant sur cette marche-là.

 

Le soir venu, le père rentra. La femme s'empressa de demander à Aïcha de prendre le pain. Celle-ci, ne contenant que difficilement sa joie, alla vers le dekkan, prit soin de monter discrètement sur la marche, tendit la main et prit la galette de pain.

 

RABDI-Larbi_le-roi-et-les-3-jeunes-filles.jpgLarbi RABDI

Le Roi et les trois jeunes filles

(Lunğa yellis n’tamza)

 

L’Harmattan

Paris ; 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pages correspondantes en kabyle :

 

RABDI-Larbi_conte_p68.JPG
RABDI-Larbi_conte_p70.JPG
RABDI-Larbi_conte_p72.JPG

Commentaires

Notre culture qui était essentiellement orale est pleine de ce genre de littérature. Les histoires des ogres des rois et autres aventuriers représentent dans la culture berbère une autre version de la "guerre" éternelle entre le bien et le mal. Le bien qui triomphe toujours du mal a fait que nos parents ont incrusté dans notre subconscient collectif les valeurs ancestrales dont nous sommes aujourd'hui fiers d'en être les héritiers. Transmettons les aux générations future pour perpétrer la tradition.
Merci pour cette contribution. On en redemande.

Écrit par : Abdellah Hessas | 03/01/2010

Salut Larbi lekbaili ,
Au fait , il y a deux façons de commenter et je te laisse le choix d'en choisir une :
1- C'est extraordinaire ce que tu fais en reprenant des contes que , sans des oeuvres commes les tiennes , disparaitront avec le temps et pourtant ô combien ils sont précieux , ils font partie de notre identité , de notre culture et de notre passé qui doit impérativement être ecrit quelque part pour les générations futures.
2-Hé LARBI , lefhoula rahou lefransa darou taouil ou djabou tonobilete wenta gue3ed tektebli felemhadjiete

Je te souhaite beaucoup de courage et de la continuité dans ce que tu entreprends .

Malek

Écrit par : benyelles malek | 05/09/2011

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