21/12/2007
ALGÉRIE, Récit Anachronique ? (DANIEL TIMSIT)
« J'étais en dernière année de médecine. À ce moment-là, je rentre à Alger, je me planque, et là, le Front me recontacte et me demande de reprendre la fabrication des explosifs dans la zone autonome de Yacef Saadi. Nous étions en juin 1956. Le contact a été rétabli par l'intermédiaire d'un ex-étudiant communiste comme moi, Oussedik, le cousin d'Omar Oussedik, qui a ensuite été capitaine de l'ALN et qui était à la direction des étudiants communistes.
En pratique, vous voyez qu'il n'y avait pas de distinctions réelles entre les militants communistes et ceux du FLN. Simplement, quand on en a eu assez de l'immobilisme communiste, on s'est dit : "On reste ce qu'on est mais y'en a marre, on est déjà pratiquement membres du FLN, eh bien nous serons complètement membres du FLN." Nous avons d'ailleurs été accueillis à bras ouverts.
On a refait un réseau à Alger, un laboratoire à Birkatem - pour les maquis, hein, c'était toujours pour les maquis. Pour moi, les explosifs, c'est pour les forces armées, c'est pour les maquis... Vous savez, c'est terrible... Si vous voulez que... c'est trop dur, c'est très dur, très dur... même encore aujourd'hui... les attentats terroristes dans la ville... C'est atroce, on en souffrait tous d'ailleurs, on en souffrait tous parce qu'on te dit : «Ils bombardent les dechras », et des enfants étaient tués... c'est vrai que si on analyse froidement la suite, il faut bien reconnaître que les attentats ont mobilisé à Alger la division de parachutistes de Massu, une force d'élite, et dégagé ainsi les maquis. Par quoi cette force a-t-elle été retenue à Alger ? Par quelques dizaines de groupes terroristes. Appuyés par la population, certes, mais ils ne dépassaient pas la centaine sur Alger. Et pendant que les divisions d'élite étaient à Alger, elles n'étaient pas dans les Aurès, elles n'étaient pas en Kabylie. Il y a toute une réflexion que je ne vais pas faire comme ça, maintenant, parce qu'il faut vraiment réfléchir sur tous ces épisodes... Mais c'est extrêmement douloureux, jusqu'à aujourd'hui. Pour moi, c'est très douloureux...
J'étais donc à Alger. Dans la clandestinité complète. Complètement coupé de mes parents. Ils ne m'ont jamais jugé.
Ils avaient peur pour moi, ils souffraient, mais ils ont toujours pensé qu'on luttait pour la justice. Mes parents ne m'ont jamais abandonné, ni moi ni mes frères. Toute la famille était combattante. Ma soeur a été torturée pendant la bataille d'Alger.
Notre réseau était dirigé par Si Mourad, qui est mort, et Hassiba Ben Bouali, qui était notre agent de liaison ; elle transportait les explosifs qu'on fabriquait. Ils ont arrêté le propriétaire de la villa où on fabriquait les explosifs. J'ai été informé tout de suite, et je me suis planqué dans un endroit qu'en principe personne ne devait connaître, sauf quelqu'un qui devait passer en Tunisie et qui, demeuré à Alger, s'est fait arrêter.
On ne va pas raconter ça comme ça, parce que c'est du roman, mais quand je pense que ce soir-là on m'a donné à choisir entre deux planques et que j'ai justement choisi celle où je me suis fait arrêter... »
DANIEL TIMSIT
ALGÉRIE, Récit Anachronique ?
ÉDITIONS RAHMA
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Commentaires
bon soir tata ranaia.si tata ajour la poupeloin cherhe lartisste .belaid bambari.en tounke il truve toujour lui sa fami aouadene ....aitlmouloude dechiri
Écrit par : belaid | 15/12/2008
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