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30/07/2008

Étude sur la domination romaine en Kabylie (Henri AUCAPITAINE)

 

Excepté le Syda municipium , l’histoire ne mentionne aucun établissement ou tentative d'établissement dans l'âpre région des Jubalènes, ancêtres directs des modernes Igaououen.

J'ai été assez heureux pour signaler à l'attention des archéologues [1] quelques ruines découvertes sur les âpres et difficiles versants des Aïth Iraten. De nouvelles recherches m'ont mis à même de corroborer l’opinion que je n'avais pu d'abord émettre qu'avec doute, savoir que des ruines romaines, parfaitement caractérisées, existent sur les contre-forts des Irdjen [2] et prouvent qu'il y a eu au moins des essais de domination permanente à mi-côte de ces montagnes.

Il existe au bord de la rivière qui sépare les Aïth-Aïssi des Aït-Iraten, et proche le Souk El-A’dni de cette dernière tribu, un mamelon appelé Taks'bet (forme berbère et diminutive du mot arabe kasba : citadelle) ; l'explorateur est toujours certain de glaner quelque intéressant renseignement dans les nombreuses localités qui, en Kabylie, portent ce nom. C'est là que j’ai observé les vestiges du premier poste de la ligne de circonvallation destinée alternativement à bloquer ou à protéger les Jubalènes dont les Raten actuels sont les descendants.

J'ai décrit les vestiges du burgus établi sur un des premiers contre-forts de la montagne, au-dessus du village d'lril-G’ifri à l’intersection du chemin de Thala-Amara et du marché du Mardi ; l’assiette stratégique de ces ruines et leur construction dénotent parfaitement leur destination.

En relisant l'ouvrage si remarquable du capitaine Carette, j'ai été amené à reconnaitre à environ 8 kilomètres d'lril-G’ifri, au centre du hameau d'Agouni ou Djilbân [3] , une ruine assez remarquable. Ces débris présentent environ 20 mètres de longueur sur 7 de large; 3 mètres d'une enceinte massive, construite en fortes pierres s'élèvent encore au-dessus de terre et donnent une idée de ce poste militaire, composé de deux réduits contigus. La porte, comme dans nos blokhaus, devait être élevée au-dessus du sol. On est tout d'abord frappé à la vue de ces ruines par la grosseur des pierres de taille, l'épaisseur des murailles et la solidité du ciment, caractères évidents de constructions militaires.

À 8 kilomètres d'Agouni ou Djilbân sur l’emplacement du marché du Tléta (Mardi) un peu au-dessous du village de Tacheraït, se trouvent quelques pierres taillées, coupées de mortaises, et les affleurements d’une muraille épaisse appartenant à un fortin correspondant aux précédents. Une tradition locale vient appuyer cette présomption : les Kabyles attribuent aux Djouh’ala (idolâtres) l’érection d'une fontaine sise en contrebas du marché, fontaine d’architecture toute berbère, mais dont les matériaux sont de ces pierres de grand  appareil qui, en tout pays, caractérisent les édifices romains.

De plus les indigènes racontent qu'à la suite d'une grande bataille, les idolâtres  furent tous exterminés et enterrés sous les ruines ! … À défaut de faits précis que recherche une saine critique, contentons-nous donc de cette légende, peut-être récit défiguré d'un dramatique épisode des luttes de l'indépendance berbère.

Ainsi quatre postes fortifiés, placés sur une même ligne, à des distances à peu près égales, pouvant défendre ou faciliter 1'accès des montagnes, garantissaient la sécurité de la route du Syda municipium qui n’est plus éloigné que de 4 kilomètres et séparé d'ailleurs du Ratin par l'Assif-Talerlour (assif : rivière).

Mes recherches dernières confirment donc 1'hypothèse émise dans la Revue archéologique, lorsque je supposais qu'un réseau de burgi  analogue au burgus dont on voit les traces sur les frontières du Limes ausiensis, s’étendait jusqu'à Syda.

Baron Henri AUCAPITAINE

Étude sur la domination romaine en Kabylie,

Fort-Napoléon Février 1860

Bulletin de la Société de Géographie

Pages 240 à 242


[1] Ruines romaines chez les Beni-Raten  (Kabyles) (Revue archéologique, n° d’avril 1859  p. 25 à 29)
[ 2 ] Fraction des Aïth Iraten.
[ 3 ]  Agouni ou Djilban (le plateau des lentilles). Dans son beau travail : Élude sur la Kabylie proprement dite, M. Carette mentionna des ruines sur ce point. Qu'on me permette de dire ici combien est encore exact ce livre d'une époque de guerre, où le pays nous était totalement inconnu. Cet ouvrage, fait principalement sur renseignements, renferme dans les parties politiques et historiques des notions justes et réellement vraies sur le pays et les moeurs des Kabyles. - Il est à regretter que son format ne l'ait pas rendu plus populaire, bien qu’il ait été souvent mis à contribution.

Commentaires

Je cherche sur l'internet le livre de AUCAPITAINE HENRI: LES KABYLES ET LA COLONISATION DE L'ALGERIE, Challamel, Paris, Alger 1864

Écrit par : Anna Marangou | 26/11/2009

Plusieurs auteurs citent ce livre dans leur bibliographie mais apparemment il n'est pas en ligne !
Voir en bibliothèque.

Écrit par : GéLamBre | 26/11/2009

je cherche tous ce qui a un lien sur la kabylie romaine ruines;occupation:revoltes;................

Écrit par : salem | 05/12/2013

Les commentaires sont fermés.