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20/08/2010

L'Algérie assassinée (Hocine BENHAMZA) extrait 1

 

Hocine Benhamza, né en 1930 en Grande Kabylie, fils d’un officier de spahis qui, de ses dix enfants, "voulait faire de bons Français", a découvert la démocratie dans les réunions de tajmât, les valeurs républicaines à l’école française et l’idéalisme au collège des Pères Blancs d’At Yenni.

 

 

Je suis né en 1930, un siècle après la prise d'Alger, à El Kantra, un hameau de la Grande Kabylie, à trois heures à l'est d'Alger.

 

Mon père, un impressionnant officier de Spahis : cheval rouge, uniforme kaki (pantalon bouffant, tunique serrée), houseaux de cuir rouge, éperons nickelés, un guenour sur la tête. Francophile jusqu'à la moelle des os. Rescapé de la guerre 14/18, (il a « fait » Verdun) et des campagnes au Rif Marocain en 1912 puis en 1924. Chevalier de la légion d'honneur, il est chamarré de médailles commémoratives. Au village, on le surnomme « le spahi coupeur de têtes ».

 

Pieuse et illettrée, ma mère tremble devant ce rude mari, de vingt-sept ans son aîné.

 

Les seuls étrangers ? une poignée d'Arabes qui arrivent juste avant les grands froids pour troquer leur blé contre nos figues sèches et notre huile d'olive. Ils font baraquer leurs dromadaires, les déchargent, passent la nuit sous l'olivier de la mosquée, les rechargent à l'aube et repartent aussitôt.

Ce sont les seuls souvenirs de ma prime enfance à El Kantra. Un jour, notre père, ayant fait son temps à Aumale (Sour el Ghozlane), nous emmena à Laghouat où il venait d'être affecté.

 

Nous sommes en 1934. A l'époque, j'ai trois sœurs et un frère, nés au gré des affectations de notre père : Semina, l'ainée, à Aumale, Khedidja, la cadette et moi-même à El Kantra, Mohamed, mon ainé à Bou Saâda, Fatima ici même (Laghouat), un an après notre installation dans cette oasis. Semina et Fatima sont des rousses à peau laiteuse, Khedidja et moi peau brune, cheveux noirs, Mohamed, (je l'appelle Maomet) a la peau claire et les yeux verts. Notre père est grand roux, notre mère, petite et brune.

 

Entourée de remparts, Laghouat chevauche d'ouest en est, trois collines, entre une plaine au nord, et le désert, au sud. Côté nord, une pente encombrée de maisonnettes ; côté sud, le terrain plus escarpé, parfois à pic, présente un habitat épars. Un revers caillouteux au couchant, au levant une longue dune de sable roux. L'éminence intermédiaire se couronne d'un hôpital, vaste construction de maçonnerie solide blanche, aux murs aveugles, plantée sur un énorme piédestal de rochers bruns.

 

Nous habitions une maison à terrasse, propriété du Khalifa Djelloul, comme d'ailleurs toutes les bâtisses du quartier. Façade unie. Sur trois côtés de la vaste cour carrée, trois compartiments en fer à cheval. Celui de gauche sert d'écurie au cheval de mon père. Un haut mur protège la cour des regards. Ma mère et mes sœurs vivent en recluses.

 

Petites, frêles, yeux noirs saillants, dos fauve, ventre blanc, courte queue incurvée vers le haut, fines cornes noires torsadées et pointues, Messaoud et Aïcha, un couple de gazelles cédées à mon père par un nomade pour une poignée de douros, gambadent dans la cour sous le regard jaloux de Ferrah, le chien de garde, enchaîné en permanence, une belle bête au museau pointu, les oreilles droites, le pelage fauve, la queue à longs poils blancs, peut être un lointain croisement de loup et de chacal.

 

C'est l'hiver. Un froid sec, un vent aigre. J'installe Messaoud sur une peau de mouton, devant le feu de cheminée du salon, je sors dans la cour pour en ramener Aïcha ; à mon retour, Messaoud s'est éclipsé par la porte de la chambre voisine. Je ressors pour le porter près du feu mais dans l'intervalle, Aïcha a filé. Je poursuis mon manège jusqu' à l'essoufflement sous l'œil amusé de ma mère.

 

Je suis sujet à des angines. Meriem, une octogénaire édentée, vient me martyriser la gorge avec une tige de bois lisse enduite de cade, de miel, et de citron. Dès qu'elle a le dos tourné, je livre aux flammes l'instrument du supplice.

 

Certains soirs, à la veillée, quand notre père est de bonne humeur (ça lui arrive), il nous raconte des bribes de l'histoire de Laghouat, jadis habitée par deux tribus arabes rivales, les Hallafs et les Ouled-Serguine. En 1828, le khalifa Ahmed Ben Salem, chef des Hallafs, massacra Lakhdar, le caïd des Ouleds Serguine et resta seul maitre de la ville. La lutte reprit en 1838. En ce temps là, l'Emir Abdelkader cantonnait depuis neuf mois à Aïn Madhi, une ville fortifiée située à vingt lieues à l'est de Laghouat et dont le chef, Ahmed Tidjani, refusait de reconnaître son autorité pour avoir signé en 1834 un traité de paix avec le général Desmichels.

 

Un jour, s'interrompait notre père, je vous dirai l'aventure romanesque d'Aurélie Tidjani …

 

 

BENHAMZA-Hocine_L-Algerie-assassinee_2005.jpgHocine BENHAMZA

 

L'Algérie assassinée

 

 

Éditions de Paris

2005

 

 

Disponible aussi aux Éditions INAS

Commentaires

benhamza hocine est un grand menteur.,il a raconté bcp d mensonge dans son livre que je déconseille de lire car il apporte des faits du point de vue d'une personne qui n'était pas convaincu de cette guerre de libération, lui, qui était douanier durant les années 50. malheureusement,ceux qui pouvaient lui répondre n l'ont pas fait,c pour celà d'ailleurs que des gens comme lui se permette de raconter n'importe quoi croyant que l'histoire de l'algérie les retiendra.

Écrit par : khames | 20/08/2011

benhamza est un grand menteur.

Écrit par : madi | 20/08/2011

tu a raison mon mr khames , un ancien maquisard décédé alah irahmou m'a raconté un jour que ce ben hamza l'a torturé et l'a battus avec un manche a pelle ( afus l'mesha) en 1963 , il a fait du mal lui aussi , d'ailleurs le jour se sont enterrement il a neigé au point que les route étaient bloqué a fort national , azraiine ne voulais pas étre dérangé ,peut étre que ça va éveillé la conscience de ceux qui sont a sa place aujourd'hui

Écrit par : chachnaq | 06/11/2014

Il ne faut pas confondre ! C'est Abdellah BENHAMZA qui fût le boureau des kabyles. C'était un gars de la SM.
Hocine devrait être son frère mais bon sang , serait-il responsable des atrocités de son frère, alors?
Abdellah était une crapule. Sans aucune dignité. Un monstre. Un sanguinaire comme ses paires , Kasdi merbah et autrse KDS. Quant aux autres criminels, comme VOULOUDIENNE, voutesrika....etc ils sont dans leur role... Mais encore une fois, merci de ne pas faire d'amalgame ou de préjugés sur HOCINE.

Écrit par : HIDUC | 29/11/2014

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