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16/12/2006

L’Histoire à l’école de Beauprêtre (Émile CHAMPAS)

Beauprêtre* était un douar rattaché administrativement à la petite ville voisine de Dra­-el-Mizan, distante de 4 km, et qui était le siège de ce qu'on appelait en Algérie une «commune mixte». Les éléments européens y étaient peu nombreux (quelques colons, des fonctionnaires, des professions médicales), la population musulmane constituant une majorité écrasante et d'un niveau de vie médiocre. Cette commune était dirigée par un administrateur, nommé par le gouverneur général. C'était une sorte de sous-préfet de canton. Au nombre de 78 dans toute l'Algérie, ces communes mixtes englobaient 7/10 du pays en superficie. Certaines étaient immenses, mal administrées. Elles représentaient 6/10 de la population totale du pays. Des douars éloignés, perdus dans la montagne, déjà dépourvus d'école, n'avaient jamais vu de représentants de l'autorité française gendarmes, policiers. Pas de médecins non plus. Même pas un simple dispensaire.

*

L'enseignement que nous dispensions s'apparentait à celui de mes collègues métropolitains en ce qui concerne les matières de base : français, calcul, disciplines d'éveil. Le fait, pour moi de ne pas parler le kabyle, ne constituait pas un obstacle. Je me comportais exactement comme un professeur d'anglais devant de jeunes français : j 'utilisais exclusivement les mots de la langue à enseigner.

Bien sûr, il fallait quand même s'adapter (et l'Ecole Normale nous y avait préparés). Dans nos dictées, nous évitions des phrases du type de celles figurant dans le manuel d'orthographe de Bled (il s'agit de l'auteur, pas de la campagne algérienne !) «les charrettes traînées par des bœufs rentrent le foin à la ferme», ou encore «les enfants ont mis leurs sabots devant la cheminée en attendant Noël». Dans un pays musulman, africain, il fallait veiller à ce que notre enseignement ne soit pas décalé par rapport à l'environnement de nos élèves.

C'est très volontiers que ceux-ci parlaient de leur vie à la maison, contents d'apprendre à leurs maîtres ce qu'ils savaient des coutumes, des contes, des légendes de leur pays, ce qui facilitait leur apprentissage de la langue française et leur donnait plus d'aisance dans leur travail. On appellerait cela aujourd'hui des activités «interactives». Dès 1955, nous n'avions pas besoin de directives ministérielles pour les mettre en œuvre. La seule fille de ma classe, une Européenne, Véronique, descendante d'immigrés alsaciens, rapportait les témoignages de ses ancêtres, venus en Kabylie au moment de la colonisation, et obligés d'allumer chaque soir des feux pour éloigner les bêtes sauvages.

S'agissant de l'enseignement de l'histoire, l'occasion m'est donnée ici de faire une mise au point au sujet de la fameuse formule «nos ancêtres les Gaulois» qu'on a souvent reprochée aux enseignants s'adressant à leurs élèves dans l'Empire colonial français ? dans mon, école, nous utilisions un manuel qui présentait simultanément l'histoire de nos deux pays : page à gauche, la France, page de droite, l'Algérie à la même époque. Ainsi, nos élèves apprenaient que la France et l'Algérie avaient connu les mêmes envahisseurs, les Romains, et qu'il subsistait dans chaque pays, des ruines, témoins de cette civilisation qui s'était répandue dans tout le bassin méditerranéen.

On leur enseignait aussi qu'une guerrière berbère des Aurès, la KAHINA, s'était opposée à l'invasion des Arabes et qu'elle avait été tuée à la tête de ses troupes en 698, mais que ces mêmes Arabes, après avoir conquis l'Espagne, s'étaient aventurés en France où ils avaient été battus et repoussés par Charles MARTEL à Poitiers en 732.

L'année 1830 fut une date essentielle dans l'histoire commune de nos deux pays puisqu'elle a été marquée par le débarquement des troupes françaises à Sidi Ferruch, prélude à la colonisation. C'était un sujet délicat que nous essayions de traiter avec toute l'objectivité possible.

Nos ouvrages scolaires avaient été conçus indifféremment par des auteurs d'origine arabe, kabyle ou européenne. Parmi eux, on trouvait l'inspecteur Max MARCHAND ainsi que Mouloud FERAOUN, un kabyle, enseignant, écrivain célèbre qui, tout en restant fidèle à ses origines, tenait à témoigner de l'enrichissement dû à sa double culture. C'est cela que n'a pas accepté l'O.A.S. qui a massacré ces deux hommes et quatre de leurs collègues, tous membres des centres sociaux éducatifs, à El Biar, le 15 mars 1962, quatre jours avant le cessez-le-feu.

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Notre guerre

et notre vécu en Algérie

Pages 373-374

Jean-Yves JAFFRÈS

2005

 

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* En ce lieu ( proche de Dra-el-Mizan ) se situe (se situait ?) la colonne BEAUPRÊTRE, qui commémore le combat du 8 avril 1864, où périt cet officier, et par lequel débuta l'insurrection des Ouled Sidi Cheich.

 

Commentaires

Ce texte est-il d'un instit avec sa soeur instit également à Beauprêtre (Boufaîma pour les Kabyles) dans les années 59-60 ?

Le capitaine qui commandait cet endroit autour de l'école portait le nom de Capitaine Robin.

Écrit par : Bidaut | 17/03/2008

Réponse à "Bidaut" :

Tout à fait, Emile CHAMPAS a bien enseigné en Kabylie avant l'Indépendance et sa soeur aussi mais celle-ci a dû quitter son poste avant son frère.

Dites m'en plus : Je dois le rencontrer prochainement !

Écrit par : GéLamBre | 27/03/2008

Je possède des photos de l'école avec les élèves pendant une récréation. Ce sont des diapos en couleur et d'autres en noir et blanc des instituteurs.
Je pourrai à l'occasion, si cela vous convient, en faire faire des tirages.
À vous lire

J.J. Bidaut

Écrit par : Bidaut | 28/04/2008

Sur l'indication de google, il est indiqué que le site autour de l'école de Beaupretre s'appelle Capitaine Robin : non c'est le nom du commandant de la 2éme batterie qui occupait ce poste et j'étais sous ces ordres en 1959 1960

Écrit par : bidaut | 25/06/2008

bonjour,
Je suis à la recherche à la recherche de Photos concernant tout ce qui touche le Colonel Alexandre Beauprêtre.
Merci.

Écrit par : Beauprêtre Patrick | 05/07/2009

au début du siecle il y avait une infirmière qui partait à dos de mulet avec un responssable de tribu pour soigner les pauvres
le docteur marquer de Dra el Mizan un jour par semaine soignai les indigents payé pa la mairie

a la même époque penssez vous qu'en france les gens étaient mieux loti?? pas

un exemple en france en 1965 beaucoup de gendarmes avaient encore des logements bon pour des cochons

Écrit par : arnaud | 02/10/2009

Bonsoir auriez vous des informations, photos, ... concernant le village de Beauprêtre (Boufhaima) ?

Mon père est natif de ce village et y a vécu jusqu'à ses 10 ans environ mais il a perdu tout contact avec sa famille lorsqu'il fut envoyé en france. Si vous pouviez me donner l'e mail de l'auteur (avec son accord bien sûr).

Bien cordialement.

Écrit par : zahir | 15/05/2010

Je garde un doux souvenir de ce village pour y avoir passé une petite partie de mon enfance du temps où mon père, que Dieu ait son âme et l'ait accueilli en Son Vaste Paradis et lui ait déjà accordé Sa Sainte Miséricorde, était chef de chantier dans la réalisation de la cité qui je crois a depuis disparu. Je me rappele aussi des militaires français qu'on narguait lorsqu'ils descendaient ou montaient vers leur camp. Je ne sais toujours pas s'il existe toujours ce camp. Une chose est certaine Beauprêtre qu'on disait à l'époque "Boubrite" reste un élement indélibile de ma vie.

Écrit par : Hammoutene rachid | 19/05/2010

quelques traces du camp subsitent toujours, quant à la cité elle n'a pas beaucoup changé depuis

Écrit par : ahmed | 24/05/2010

Je me trouvai dans les maquis au 2ème semestre 1959 à Boufhima (Beauprêtre). J'ai gardé des bons souvenirs des gens
de toute la région entre Boghni et Dra El Mizan, Ait Yahia Oumoussa. J'ai même participé à l'attaque du poste de Taourirt le 1er novembre 1959, à l'occasion de la commémoration du 5ème anniversaire du déclenchement de la guerre de libération. Lire mon témoignage dans "Avoir 20 ans dans les maquis" que j'ai publié en France en 2009 chez Edilivre. Il me semble même avoir assisté à l'évacuation du poste militaire.

Écrit par : Djoudi Attoumi | 14/08/2010

J'étais élève à l'école de Beauprêtre dans la même classe que la fille de l'adjudant Malavo (Andrée) de 1951 à 1961.

Écrit par : ABBES Achour | 04/01/2012

J'aimerais avoir des tirages de photos concernant cette école de Beauprêtre. Pendant les évènements, l'école était au centre du camp militaire.

Écrit par : ABBES Achour | 04/01/2012

Bonjour. Message à monsieur Abbes Achour . J'étais maréchal des logis à Boufhaïma et sous les ordres de l'adjudant Malavau j'ai connu sa fille et pour mémoire c'est moi qui à installé les instituteurs dans les nouveaux bâtiments métalique de l'école . J'ai des photos de l'école en 1959 et 1960 . Je vous donne mon numéro de téléphone 04 66 83 46 64 à l'heure des repas. Heureux de retrouver des gens de Boufhaïma où malgrés la guerre j'ai de bons souvenirs. Cordialement . J.J. Bidaut

Écrit par : Bidaut | 18/07/2012

A Djoudi Attoumi . J'étai chef de groupe à Boufhaïma au 43 RA 2 é batterie . Vous m'avez surement vu dans le village je le sais par un ami du village monsieur Shift . Vous étiez dans les greniers de la rue de l'église la rue qui monte à l'école. Des mauvais souvenirs d'une guerre et de bons souvenirs des gens d'ailleurs j'ai programmé un voyage en direction de Boufhaïma . Cordialement.

Écrit par : Bidaut | 18/07/2012

A monsieur Hammoutène Rachid. J'ai une photo de la rue de l'église à Boufhaïma ou un enfant semble narguer un militaire mais celui ci semble trouver ça drôle ce n'est qu'un enfant . J'ai a travers mes contacts de gens de Boufhaïma l'impression que notre occupation du village n'a pas laissée de mauvais souvenirs , pour confirmation alors que j'étai chef de groupe de 1959 à 1960 je reste en contact avec les anciens qui m'ont connu et leurs enfants et je suis invité chez eux. Je pense y être en décembre. Cordialement.

Écrit par : Bidaut | 27/07/2012

j aimerais bien avoir des photos anciennes de mon village boufhaima.les envoyes a mon email .merci d avance med diafi.

Écrit par : diafi mohamed | 20/09/2013

email maison.diafi@hotmail.fr

Écrit par : diafi mohamed | 20/09/2013

J'étais à L'école de (Boufhaïma) ex: Beauprêtre de 1960 à 1968

Écrit par : KHELIFI Saïd | 28/01/2014

Bonjour j aimerais avoir des nouvelles de mon ami Menas Ali alias Alimatache.Merci

Écrit par : boumghar amar | 23/07/2014

Je suis natif de Boufhaima ex Beaupretre (né en 1959). J'y ai poursuivi ma scolarité primaire de 1965 à 1972. Je me souviens des deux bâtiments métalliques qui ont servi de classes dans les années 60-70.
Je m'y rend au moins une fois par mois pour voir ma famille qui habite toujours la rue qui mène à l'école.
C'est avec plaisir que je nouerai contact avec toute personne ayant ce village dans son cœur.
Pour Mr Boumghar, Alimatache est mon cousin (je suis le fils de son oncle Chabane). Ali vit sa retraite à Boufhaima.
mes coordonnées :
menasferhat@yahoo.fr
tel 213 552152128

Écrit par : MENAS Ferhat | 27/08/2014

je suis natif de boufhaima j ai poursuivi ma scolarité primaire de 66 a 73. j'aimerais avoir des photos de classes de ses années. merci tel.0636084998 a paris

Écrit par : tachekort | 05/02/2015

Je suis très touché par l'ensemble de vos commentaires et chacun de vous témoigne de souvenirs de cette époque malheureuse .... mais qui dégage un sentiment humain et fraternel , je vous salut à tous .
Un citoyen Algérien de la Région Ouest qui garde aussi , en mémoire , de très bons souvenirs de jeunes garçons des années 1950 à 1962 .

Écrit par : BENTRIKI | 07/03/2015

Il est presque 1h00 du matin quand dans lecture sur le Royaume des koukou, je découvre à ma grande surprise- agréable bien sûr ces commentaires. J'ai fréquenté l'école Boufhaïma ex-Beauprêtre que j'ai quitté de mémoire en 1956 suite à l'arrestation ( pour la seconde fois) précisemment par le militaires de Boufhaïma qui étaient sous les ordres d'un sergent dont je ne me rappelle pas le nom-une force de la nature- secondé par un caporal qui était grand et avait une barbe, d'une grande gentillesse contrairement au sergent. La classe était en dur batti entre les deux villas, à droite où logeait les Instituteurs- le 1er que j'ai eu Mr André GAIGNE que je n'oublierais jamais- j'étais si j'ose dire son chouchou et qui est rentré en France, dés 1955 suite au déclenchement de la guerre de libération, avec sa femme qui s'appelait Colette de mémoire, je crois qu'ils avaient un petit garçon. J'en ai les larmes aux yeux. Ensuite Mr Conte, pas du tout commode, qui avait les classes de CM1 au cours de fin d'études 2ème année, la classe de CP au CE2 était assuré par un jeune qui le soir venu troquait sa tenue civile en tenue militaire avec sa mitraillette en bandoulière qu'il arborait fièrement pour nous narguer. Avec des copains- amis ( Menas Lounis, frères précisément de Chabane qui je crois était l'aîné suivi de Amar, Mokrane et le dernier Lounis- Louenes _ A droite de l'école c'était la villa du garde champêtre Mr Barbarou qui avaient une fille dont je ne me rappelle pas le nom et un garçon Jean je crois. Je ne me rappelle pas de Mr Bomghar du tout mais des Tachkort il y avait Slimane et Amar qui était un Ami et qui est décédé en 2014 suite à une longue maladie que je n'ai pu voir hélas car je suis en France depuis 1958. La seule petite fille qui se trouvait en classe dont parle Mr J.J. Bidaut dont je n'ai aucun souvenir, j'avais quitté l'école en 1956 après l'arrestation de mon père qui a été conduit précisément à la villa Barbarou qu'occupait les militaires (un groupe ou section je n'y connais rien à l'armée) et ou je voyais par la fenêtre les militaires le bastonné dans la salle qui juxtaposait notre classe. J'ai simulé une urgence et je n'ai plus remis les pieds dans cette école. Mon Instituteur le dernier donc s'appelle, puisqu'il vit encore dans la région de Lyon à l'Arbrelle et auquel j'ai rendu visite plusieurs fois. Il en était ravi. Pour en revenir à la fille la seule qui était en classe, Véronique je crois de son prénom était la soeur de deux autres garçons Dédé l'aîné et claude STRUB qui était maçon marié à une Algérienne- Kabyle- je vois je suis parti dans les souvenirs et je dois m'arrêter pour laisser un peu pour la prochaine fois que j'espère en tout cas qu'il y aura une prochaine et des prochaines fois. Je ne voudrais pas terminer sans préciser que Menas Ali - Ali Dada si c'est de lui dont il s'agit- que j'ai connu il y a à peine cinq à six ans et sommes devenus de grands amis, je l'apprécie beaucoup. Je peux citer Ranem Kader un autre ami, les Aouadi dont Ahmed est devenu le Directeur de l'école, ABBAS Achour qui est aussi un ami, le seul Abbas qui était de mon époque à l'école, les Moudir, Chiff Yahia, les Chaïbi Ali et Djillali les enfants de Rebouh, les frères Benhmidat, Moussi et tous les élèves qui descendaient des montagnes,les Ayache dont Ali est un ami très cher, nous partagions la même table, derrière nous Tchkort et Ali Chaïbi, que nous n'avions pas fait comme conneries !!!- es Hmanache, Baouch etc.. ect... que tous les autres me pardonnent. Enfin je ne me souviens de l'école en tôle c'était probablement après mon départ. Je salue tous ceux de cette époque et d'après et un coucou à Boufhaïma. Au plaisir de rencontrer chacun de ceux qui sont cités. Mon n° de téléphone 0758089304, je suis dans la région Parisienne. Voilà, j'ai du mal a m'arrêter.

Écrit par : DAHMANE Boualem | 29/04/2015

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