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07/02/2008

Mouloud Feraoun et l'éthique du journalisme (Mehenni AKBAL)

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À ce stade de notre propos, un regard furtif dans le rétroviseur s'impose. D’abord il y eut l'enfance. Une enfance misérable, cruelle, rapetassée. Une misère quasiment générale. Ce fut, malgré tout et après tout une enfance regrettable. Regrettable car faite d'innocence, d'insouciance et de naïveté. À cinq ou six ans, il faut exécuter  les  injonctions maternelles, s'arrêter, devant le petit cimetière de la maison des Soeurs blanches, sur la route carrossable entre Taguemount-Azouz et Tizi-Hibel, pour regarder la tombe de Mouloud Feraoun. Une tombe qui m’avait toujours impressionné. Une tombe qui a poussé dans un décor traditionnel  et ancien. Tout laisse à penser qu’avant Feraoun il y eut des morts. Et après lui, il n'y en a eu aucun.  

6ème à dix ans, bac à 17 du temps où on le présentait à 19. Jamais je ne me suis vu par contre, décerné un quelconque prix. Tantôt  intéressé.  Tantôt  désintéressé. Engouement  pour  certains enseignants, désenchantement pour d'autres. Ennui devant certaines situations, amusement devant d'autres. Un élève moyen avec une scolarité superbement banale et sans histoires.

Cependant, j’avais à cette époque déjà fait mon choix. Entre un Hugo, un Baudelaire, un Musset, un Vallès, un Maupassant, un Bataille, un Tolstoï, un Gibran, un Al-Hakim, un Al Aqqad, un Choukri, un Al Ma'arri et une révision pour un examen, d'une échéance décisive, je nourrissais une grande prédilection pour un des cités au masculin négligeant, sans regret et sans remords, celle citée au féminin.  

Durant mon enfance, j'avais beaucoup lu. Je vivais dans les livres et dans les bandes dessinées. Je l'avais fait car j’avais de l'otium, j'en avais. Jamais, je n'avais imaginé un seul instant, à cette époque, que l'acte de lire pouvait me servir un  jour. Cela ne me procurait aucun bonheur. Aucun malheur. Ne provoquait en moi aucune  sérénité.  Ne  suscitait  aucune angoisse. Je le faisais uniquement  pour  m'occuper.  J'étais comme ces oisifs qui lisent (et) que Nietzsche haïssait.

Certains auteurs m'avaient beaucoup séduit. Hergé m'avait emmené et conduit ailleurs. Il m'avait fait découvrir un autre monde. Un monde différent du mien. Un monde que je méconnaissais. Il m'avait fait rêver. J'avais accompagné Tintin dans tous ses voyages. Lui et moi, nous partîmes au Tibet, au pays des Soviets, au Congo, en Amérique, au pays de l'or  noir. Nous découvrîmes  L 'étoile  mystérieuse,  Le trésor de Rackham le Rouge. Ensemble, nous avions marché sur la lune. Nous avions percé Le secret de la licorne. Nous prîmes le vol 714 pour Sydney,  

Cependant, si Hergé m'avait coupé et isolé des miens, Mouloud Feraoun m'avait fait découvrir ma condition et ma réalité. Il m'avait réduit à ma stricte nudité. La lecture de son Le Fils du pauvre m'avait permis de m'identifier, de me reconnaître, de me connaître.

Adulte, j'ai continué à aimer les livres et leurs silencieuses conférences. Souvent, je m'emploie à arranger ma bibliothèque. Une  bibliothèque  assez  riche.  Une bibliothèque que j'ai toujours enveloppée et continue d'envelopper d'un amour actif et constant. L'amour et le respect que je dois aux livres, m'ont été inculqués, depuis mon innocente et tendre enfance, par feu l'instit. Ma bibliothèque a bien changé d'aspects de nombreuses fois. Je ne sais d'ailleurs plus ce que sont devenus les livres et les bandes dessinées de mon enfance. Ceux que mes instits, mon frère et ma mère m'ont offerts. Je n'ai même plus souvenir de ce que sont devenus ceux de mon  adolescence.  J'aurais  aimé  voir figurer sur un de ses rayons L 'Ami fidèle, mon premier livre de lecture, dont les textes d'une grande valeur littéraire et d'une grande beauté artistique m'avaient fait rêver durant mon enfance. Je savais à cette époque déjà que la série L 'Ami fidèle, qui devait m'accompagner du CE1 au CM2, avait été conçue par un des miens : Mouloud Feraoun.

 

2be8f0fe0bbbe5a65ddeb47401aada71.jpgMehenni AKBAL

 

Mouloud Feraoun et l'éthique du journalisme

 

Introduction (extrait)

Editions El-Amel

 

2007

 

Commentaires

je trouve qu artthur rimbaud n apparaissent pas sur votre liste d ecrivain est ce de le hasard ?

Écrit par : dadi | 16/02/2009

Les Mots se perde si elle voyage vers le monde de Monsieur Akbal Mehenni , un vrai penseur qui fait fonctioner ses opinion . Parler de Mouloud ferraoun c'est parler d'un père de la littérature , c'est découvrire un autre aspect de l'un de nos beau monde , Bonne courage

Écrit par : Nassima | 01/06/2010

je trouve l'auteur narcissique et prétentieux. il
faut etre modeste et ne pas se laissez allez à l auto glorification m akbal sinon vous perdez un peu de votre ame. que diraient dans ce cas les bacheliers à 16 ans matheux mention très bien!
un petit bac lettres qui plus sans mention aurait du t'inciter à davantage de retenue. cela étant cet écrit m'a fait voyager dans le temps et rien que pour cela merci akbal!

Écrit par : karl poper | 17/12/2010

Bjr henni,
décidément succés te suit. En etre fier est ton droit le dire dans tes livres est autres (d'autant que cet essai n'est pas autobiographique).
j'ai lu avec bcps d'intéret ton essai que je trouves très intéressant tous comme l'a été celui qui l' a précedé "les idées médiologiques chez mouloud feraoun" que j'ai lu il y'a lontemps de cela,
si ma mémoire ne me trompe pas, j'y trouve des redondances avec ce dernier.
je te félicite en core une fois pour tous ces efforts données pour cet auteur dont tu mets en valeurs les écrits qui semble etre des histoires pour tant d'autres lecteurs.
Bon courage et bonne continuité.

Écrit par : lynda | 03/04/2011

je suis fiere de toi cher ami henni mon ahdour sezith ouzemour.

Écrit par : Djahida | 20/09/2011

Les commentaires sont fermés.