17/03/2010
La Femme Kabyle (Alfred COULON) 1
LA FEMME KABYLE DANS LE MILIEU FAMILIAL.
Dès son plus jeune âge, la fillette kabyle est préparée au rôle de ménagère active, de servante fidèle et résignée qu'elle aura à remplir plus tard. Elle aide sa mère dans les durs travaux du ménage et son concours n'est pas de trop car, en général, la femme kabyle fournit une somme de travail au moins égale, sinon supérieure à celle de l'homme.
C'est elle qui approvisionne l'eau nécessaire aux besoins de la famille et des animaux domestiques or ce n'est pas une petite corvée car les fontaines sont toujours situées loin du village et souvent au fond de ravins d'un accès difficile, surtout à la mauvaise saison. Elle moud le grain nécessaire à la préparation du couscous et de la galette; elle cuit le pain au four avec le bois et les herbes sèches qu'elle a ramassés elle-même ; elle fabrique les plats, les marmites en terre, les cruches à eau et à huile, ainsi que les énormes jarres et les « ikoufans » où sont conservées les figues et les céréales, elle aide à la cueillette des olives et c'est elle qui en extrait l'huile par des procédés primitifs et par suite pénibles, elle lave, carde, peigne, file et tisse la laine utilisée pour la confection des vêtements de toute la famille ; elle soigne les bêtes, boucane la viande « de conserve », cultive à elle seule le jardin potager et prépare les provisions d'hiver. Enfin, elle aide encore parfois son mari dans les durs travaux agricoles et c'est elle, notamment, qui sarcle les mauvaises herbes dans les champs d'orge et de fèves.
Sa sujétion commence déjà au sein de la famille et frères et soeurs ne sont pas élevés sur le même pied d'égalité. Toujours les garçons ont le pas sur les filles qui se mêlent rarement à leurs jeux. Ils mangent avec le père et les hôtes, alors que leurs soeurs, qui les servent avec humilité, mangent à part avec la mère et après seulement que les hommes ont été servis.
Le père prend plaisir à emmener son fils avec lui au marché, distraction chère aux Kabyles, au centre français où l'appellent ses affaires ; il le conduit aux fêtes ; il l'initie à ses travaux, etc. ..; mais il croirait se couvrir de ridicule s'il s'embarrassait de sa fille. En voyage s'il ne peut disposer que d'une monture, il l'enfourche et prend son fils en croupe tandis que la femme et les filles suivent péniblement derrière, sans même murmurer tant la chose leur parait naturelle et logique.
Une femme n'est jamais émancipée si ce n'est que lorsque l'âge l'ayant rendue impropre à procréer, elle est pour ainsi dire asexuée et qu'elle est devenue ce type de vieille, défigurée par les souffrances et les maternités fréquentes, à la peau basanée par le soleil et la pluie, aux seins flétris et pendants, aux membres grêles, qu’on voit trottinant pieds nus dans les rues d’Alger, et se disputant, autour des poubelles, les vieux chiffons, les papiers, les déchets de toute sorte et les détritus de nourriture.
Alfred COULON
Directeur de l’École d’Application d’El-Biar
BSGAAN ; 1930
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Commentaires
"qu’on voit trottinant pieds nus dans les rues d’Alger, et se disputant, autour des poubelles, les vieux chiffons, les papiers, les déchets de toute sorte et les détritus de nourriture".
Cela m'étonne vraiment ; je ne pense pas que la femme kabyle pourrait procéder à ce genre de comportement ; c'est étonnant !
Écrit par : paul | 18/03/2010
Cela m'étonne moi aussi mais il y eut certainement des pauvresses kabyles à Alger ( et je ne fais que recopier fidèlement le texte qui date de 1930 ! )
Écrit par : GéLamBre | 21/03/2010
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