LE MEDRACEN (André LARONDE)

Au coeur de l'ancienne Numidie, à 100 kilomètres au sud de Constantine, le Medracen est un grand mausolée berbère, de forme circulaire, présentant une base cylindrique surmontée d'une structure conique à gradins. Ce monument funéraire de type bazîna* pourrait être la sépulture de l’un des descendants du roi Massinissa, peut-être Micipsa, disparu en 119 avant Jésus-Christ.

Stylistiquement, il est tout à fait typique des constructions des II-III^èmes  siècles av. J.-C. Si l'on considère que la sebkha (étendue d'eau) voisine s'appelait le lacus regius, et que le nom de « Medracen » dérive de celui de « Madres » ou « Madghès », l'un des ancêtres mythiques des Berbères, il est vraisemblable qu'il s'agisse de la tombe d’un dynaste dont la famille dut exercer le pouvoir; puisqu'une nécropole se développa dans son voisinage. Culminant à 19 mètres, la plate-forme sommitale supportait sans doute une sculpture qui a malheureusement disparu depuis.

La base du monument en pierre de taille était ornée de 60 demi-colonnes engagées à fût lisse et à chapiteau dorique, que couronnait une gorge de style égyptien. Cette paroi cylindrique présentait une fausse porte, tandis que l'entrée réelle du mausolée se trouvait cachée plus en hauteur, entre deux blocs des troisième et quatrième gradins. Elle donnait accès à la galerie qui menait a une chambre funéraire, aujourd'hui effondrée, et qui n'a livré aucun matériel lors des fouilles.

* bazîna : monument funéraire de base cylindrique surmontée d’un cône en gradin.

LE MEDRACEN AU I^er SIÈCLE AV. J.-C.

Cette restitution du mausolée permet de se faire une idée du motif sculpté qui le couronnait, ici une représentation du souverain sur son char. Architecturalement, le Medracen était assurément plus soigné que les autres grands tombeaux que l'on trouve au Maroc par exemple.

André LARONDE

L'AFRIQUE ANTIQUE

Histoire et Monuments

Dessins de Jean-Claude GOLVIN

Éditions Tallandier-Historia

2001

page 64 L'AFRIQUE  NUMIDE (Algérie)

 

Dimensions exceptionnelles du monument : diamètre 59 mètres, hauteur 19 mètres ! (moins haut toutefois que le "Tombeau de la Chrétienne"qui culmine à 34 mètres avec un diamètre à la base de 64 mètres.

Bleu permanent (Brahim ZEROUKI)

Je sais presque parler la langue du pays et je n'ai toujours pas découvert la ville, Tagdemt la mère des Djazaïr d'Occident, celle qui empêche le Khalife de dormir, celle qui protège tous les réfugiés de Bagdad, du Royaume Franc et d'ailleurs, celle dont on dit que tout voyageur qui la voit s'y installe.

- C'est la vérité.

- À ce jour, je n'ai pu voir que quelques maisons, des moulins, le réservoir d'eau... Quand on me dit "la porte des moulins", je m'attends à voir porte et murs, mais rien de tout cela. Je n'ai aucune idée de Tagdemt. Au cours de mon voyage, à partir de Chelif, nous sommes passés dans la vallée de la tribu des Miknassa.

- Ce sont les meilleurs des gens!

- Il y avait dans la vallée des Miknassa des villages portant les noms de toutes les tribus sauf celui des Miknassa.

- C'est souvent comme ça.

- On s'est arrêté dans un village soi-disant des Sanhadja.

- Ce sont les meilleurs des gens.

- Mais c'étaient plutôt des Zenata qui vivaient là avec d'autres.

- Oui, je connais bien. Ce sont les meilleurs des gens.

- Mais personne ne portait le nom de Zenata et les gens venaient d’un peu partout.

- Oui, il doit en être ainsi.

- Il y a partout des noms de tribus. Mais il n'y a de tribu nulle part.

- C'est ça les tribus. Elles sont insaisissables.

- Tagdemt, ça veut dire quoi ?

- La plus ancienne.

- L'imam m'a dit : « la plus récente ».

- Oui, Tagdemt, c'est les deux à la fois.

- Tous les mots que j'apprends en ce moment veulent dire quelque chose et son contraire.

- C'est bien.

- Tagdemt est la capitale de l'Occident et son contraire!

- Face à Rome, Byzance et Bagdad, elle représente tous les Amazigh d'Occident, face aux Djazaïr, elle n'est qu'une Djazira parmi d’autres.

- Où se trouve-t-elle?

- Le Prophète a dit : « les hommes du Maghreb n'ont pas de ville où habiter, pas de citadelle où se retrancher, pas de marché où commercer. Ils sont les meilleurs des hommes. »

- Dans le Regnum Francorum, ceux qui vivent ainsi sont réduits au servage et leurs enfants doivent mourir sur des champs de bataille vils et déshonorants.

- Ici c'est le contraire. Personne ne fléchit les genoux.

 

 

Brahim ZEROUKI

Bleu permanent

Roman

L'Harmattan (Ecritures berbères)