Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

12/12/2009

Du temps de la France (Jean GALLAND) 2

 

Une découverte imprévue, près de TABAROURT, Kabylie. (Suite)

 

Soudain à quelques mètres à droite du chemin ils découvrirent un amoncellement de blocs dont les contours ne semblaient pas naturels. Ayant installé le couffin berceau sur un tapis d'herbe, ils franchirent le fossé pour aller voir cela de plus près. Sur une remontée de terrain avant l'immense descente jusqu'à la mer d'énormes rochers découpés grossièrement avaient été entassés pour former une enceinte vaguement elliptique. Cette enceinte constituée de plusieurs épaisseurs superposées s’interrompait en trois endroits aménagés comme des couloirs d'accès.

Là où des blocs avaient été déplacés on découvrait des cavités pouvant avoir servi de tombeaux. L'ensemble n'avait guère bougé, les blocs étant encastrés les uns dans les autres pour que leur assemblage résiste au temps, à l'image, mais grossièrement, de ce qu'on peut observer encore à Mycènes ou à Machu Picchu par exemple. Sur la partie supérieure de l'enceinte, arréragée en terre-plein, des traces de soubassements de murs étaient encore visibles. Seul au-dessus du sol s'élevait un encadrement de porte dont le linteau monolithique s'appuyait sur des montants également d'un seul bloc. Comment décider s'il y avait eu là des habitations, un temple ou un poste d'observation ? Et pour observer quoi ?

Jean-Jacques croyait pouvoir exclure que ce qu'ils avaient sous les yeux avait pu être une cité du fait des dimensions très modestes de l'enceinte elliptique dont le grand axe ne mesurait guère plus d'une vingtaine de mètres. Il aurait été intéressant de trouver si, à proximité immédiate, d'autres traces associées à ce qu'ils avaient sous les yeux auraient pu constituer un ensemble aux éléments associés d'une manière cohérente.

En grimpant sur le bord de la muraille en surplomb face à la mer il eut soudain la révélation qu'ils venaient de découvrir un site archéologique digne d'intérêt, ignoré selon toute apparence des services spécialisés s'il fallait en croire la carte qui n'en faisait pas mention.

À ses pieds, tout là-bas sur la côte, deux demi-lunes de sable clair se découpaient nettement sur le reste du rivage sombre jusqu'au noir et bordé d'une mince frange d'écume et de vagues venant mourir en limite des flots.

Pourquoi ne pas rêver de navires grecs, étrusques, carthaginois venant jeter l'ancre sur ces plages et allumant des feux pour signaler leur présence afin de rencontrer des autochtones en vue de quelques trocs réciproquement profitables ? Ainsi les deux promeneurs se trouvaient peut-être là sur un poste de guet chargé de repérer l'arrivée des caboteurs étrangers et d'en avertir les villages de l'intérieur.,

Cette rencontre avec un imaginaire passé si lointain avait quelque chose d'émouvant en dépit des incertitudes qui l'enveloppaient. Quel dommage, pensaient-ils, de ne pas être mieux qualifié pour en apprécier l'intérêt et la valeur.

Quels regrets aussi de connaître cet endroit au moment de le quitter puisque Jean-Jacques avait demandé de faire la prochaine rentrée dans une autre école plus proche des villes d'Azazga ou de Tizi-Ouzou.

- Il faudra y revenir, décidèrent-ils avant de faire demi-tour.

 

Jean GALLAND

En Algérie : Du temps de la France ;

 

Éditions TIRESIAS ; 1988

 

TABAROURT_Tala Bouchane_detail-mf_ph-Hamid-Arris.jpg
Tala Bouchane (Tabarourt) Photo Hamid Arris

Les commentaires sont fermés.