25/01/2010
La Ruche de Kabylie (Bahia AMELLAL)
La Ruche de Kabylie (1940-1975)
1. Retour sur la naissance d'un mouvement féminin
La réflexion autour de la création d'un mouvement pour les filles serait née en 1939. On attribue l'idée de la Ruche à Soeur Jean Boscou, une femme très proche de la nature. Elle avait pour passion de s'occuper d'animaux et aurait même tenté des croisements alors qu'elle était en Afrique. En Kabylie, elle a eu à observer la société. Le travail acharné, l'ingéniosité et l'opiniâtreté des Kabyles à cette époque, lui rappelaient la vie des abeilles dans une ruche, sa ruche qu'elle entretenait dans son jardin. Elle a eu l'intuition que le principe du mouvement de la Ruche allait bien convenir à la société. Un mouvement où l'esprit d'équipe, l'organisation et le travail minutieux seraient valorisés comme le fait la société kabyle elle-même. L'abeille, si appréciée en Kabylie, devient le symbole du mouvement d'autant plus qu'elle a pour propriétés de travailler dur et en communauté.
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2. La langue de travail au sein de la Ruche
La langue de communication dans les ruchers est d'abord le kabyle. En effet, les plus jeunes, lorsqu'elles intègrent la structure, ne parlent pas encore le français. Le kabyle permet un gain de temps aux filles, leur permettant d'acquérir les premières notions du fonctionnement de la Ruche. Le français est bien entendu utilisé, particulièrement chez les aînées qui ont acquis la maîtrise de cette langue. La langue arabe ne fera son apparition dans la Ruche que plus tard, à l'indépendance de l'Algérie.
Toutes les expressions (Lois, Devises, et Principes) existent dans les trois langues : le kabyle, l'arabe et le français.
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3. Définition de la Ruche
Dans « Chrétiens de Kabylie », Karima Dirèche définit ainsi la Ruche : une association organisée sur le modèle Scout, développe un système de marrainage qui conjugue émancipation féminine et respect des traditions. Les élèves les plus âgées et les plus avancées dans leur scolarité ou dans leur formation, prennent en charge les moins âgées en réactivant l'éducation maternelle mais dans des registres d'apprentissage valorisants et qualifiants.
Selon les filles de l'Association, La Ruche est une grande famille où à l'exemple des abeilles, les jeunes filles apprennent à faire de leur mieux pour faire plaisir au bon Dieu et à leurs parents et pour devenir plus tard de bonnes ménagères et de bonnes mères de famille. Pour chaque équipe, l'idée se précise. Sur son fanion, elle inscrit sa devise. Son coin fleuri lui semble le plus beau pour semer plus. Jamais rien n'est de trop. De mieux en mieux. Dans nos Essaims nous vivons en équipes, d'abord vaillantes, gardiennes des principes, puis Butinette et ses petites soeurs, bien en famille à leur commun labeur. Travaillons mieux.
En langue kabyle, cette définition devient : Tayrast d 1wacul ameqqran, wuyur ttruhunt tehdâyin, ad issinent Rebbi, lewqama, akk d lemâaini. Ad hadrent imawlan-nnsent d yexxamen-nnsent, ad rebbint dderya-nesent, a d-ffyent d tiqcicin n 1âali.
Initialement appelée La Ruche de Kabylie, elle deviendra La Ruche d'Algérie en 1961. En 1963 à la Préfecture de Tizi-Ouzou, on avalise le nom d'Association de formation féminine familiale et ménagère.
La Ruche de Kabylie
(1940-1975)
Éditions ACHAB
Tizi-Ouzou ; 2009
Pages 47 à 49
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