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20/06/2010

Une école en Kabylie vue par Jean LAVENIR

 

 

Une école en Kabylie

 

« Allumons l’esprit : c’est notre loi première. » Victor HUGO.

 

 

J’ai visité l’autre jour une de ces écoles françaises de Kabylie. Ah ! l’aimable école et les intéressants élèves !  Je passais dans une rue de village ; un bourdonnement de ruche me fit tourner la tête : j’aperçus quelques chéchias rouges qui s’agitaient au dessus des pupitres. J’entre. L’instituteur me reçoit avec bonne grâce, heureux de faire voir à ses élèves un soldat français qui s’intéresse à eux.

C’est la leçon de calcul.

Un petit Kabyle, visage carré, brûlé de hâle, est en train de calculer avec des bûchettes de roseaux. C’est lui qui est chargé de faire l’opération désignée parle maître. Quel honneur ! Il faut voir comme il est fier dans ses haillons et comme ses camarades l’entourent, les yeux luisants du désir de voir et de comprendre !

 

 Voici maintenant la leçon de conjugaison.

« Qu’est-ce que je fais ? » dit le maître en levant le pouce.

« Pouce ouvert, dit Ali.

—  Ouvert, est-ce bien cela ?

—  Non, reprend Mohamed, pouce levé.

—  Ah ! mieux, reprend le maître, c’est cela : je lève mon pouce. Lève ton pouce, Ali. »

Ali lève son pouce.

« Qu’est-ce que lu fais, Ali ?

—   Je lève mon pouce.

—   Abdallah, qu’est-ce que fait Ali ?

—   Il lève son pouce.

—  Levons tous le pouce.  Qu’est-ce que nous faisons ? »

Tous ensemble :

« Nous levons le pouce. »

Ainsi se continue la conjugaison, apprise sans qu’on s’en doute, en gesticulant, en (se) jouant.

 

 Enfin la leçon de morale.

Faut-il prendre les oiseaux pour s’amuser ? En hiver, c’est facile... et tentant.

« Tenez, dit le maître, en prenant une boite à craie vide.  Voici une boite. Qu’en ferons-nous ?

—   Un piège pour prendre les oiseaux, dit Mohamed.

—   Et qu’est-ce que tu mettras dedans ?

—   Une baguette qui tombera quand l’oiseau se posera dessus et qui, en tombant, refermera sur lui le couvercle de la boite.

—   Ali, est-ce que les oiseaux ne sont pas assez malheureux sans cela en hiver ?  Est-ce qu’il ne vaut pas mieux mettre autre chose dans la boîte ? »

Ali réfléchit et cherche en regardant droit devant lui.  Tout à coup : « Ah ! oui, je mettrai un peu de pain dans la boîte et je me cacherai pour regarder les oiseaux.

—   Et pourquoi te cacheras-tu ?

—   Pour qu’ils n’aient pas peur et qu’ils mangent tranquillement. »

—   Eh bien ! mes amis, qu’est-ce qui vaut mieux, regarder le petit oiseau dans le piège, ou le petit oiseau qui mange tranquillement le pain qu’on lui donne quand il a faim ? »

Tous ensemble : « L’oiseau qui mange. »

—   « Qui tendra des pièges aux oiseaux ? »

Silence général.

« Et qui pensera à donner à manger l’hiver prochain ? »

Vingt voix ensemble :

« Moi!... »

 

 PETIT Edouard+LAMY Georges_Jean LAVENIR_école en Kabylie.jpg

Je te le demande, ami Jean, est-ce que ces petits Kabyles ne sont pas dignes d’être Français ? Ah ! que je voudrais être tout puissant dans ce pays d’Algérie pour y multiplier les écoles qui font connaître la France et qui la font aimer !

Est-ce que la France serait la mère-patrie si elle ne traitait pas comme une mère non seulement les peuples qui sont sortis d’elle, mais aussi ceux qu’elle a adoptés dans leur enfance, si elle ne se considérait pas comme tenue de faire leur éducation, de les élever peu à peu jusqu’au niveau de la famille française dont ils font partie désormais ?

 

Petits Kabyles, fils de vaincus, ne maudissez pas vos vainqueurs : vous n’êtes les sujets d’aucun homme, vous faites partie de la France qui veut votre bien. Comme une mère, dans un de ses derniers fils, elle place en vous une de ses plus chères espérances. Petits Kabyles, nous vous aimons pour que vous nous aimiez. »

 

 

PETIT Édouard et LAMY Georges

Jean Lavenir

 

Livre de lecture CM 1904

 

Chapitre 101

Pages 302 à 305

 

Commentaires

Les kabyles ne passeront jamais avant les Français de souche nés en France.
Les adoptés ne passent pas avant les enfants légitimes.
Les adoptés n'ont pas vocation à remplacer des enfants légitimes tués par le gouvernement.
Les kabyles peuvent retourner en Kabylie.
Les Français de souche nés en France n'ont qu'un seul pays.

Écrit par : Hiérarchie | 20/06/2010

À " Hiérarchie " :
Ce sont bien les Français qui ont investi la Kabylie à partir de 1830 ...
et les " Français de souche " ,comme vous dites, ne vivent pas tous en France ! (Doit-on les rapatrier ?)

Écrit par : GéLamBre | 20/06/2010

Les commentaires sont fermés.