27/03/2011
Avoir 20 ans dans les maquis (Djoudi ATTOUMI)
IX - Les années de gloire de la wilaya III
1958 - L'apogée de l'A.L.N.
Le départ du colonel Mohamedi Saïd au milieu de l'année 1957, a été l’occasion pour le colonel Amirouche de prendre la tête de la Wilaya III. Une autre stratégie, plus offensive avait été mise en place. La Wilaya III, sera profondément marquée de l’empreinte d’Amirouche, d’un bout à l’autre, avec une présence constante sur le terrain et auprès des hommes.
La formation des unités d’élite avait permis de lancer des actions d’éclats. Les embuscades, la prise des postes militaires, les accrochages avaient montré que l’A.L.N. avait l’initiative du terrain. Ceci, grâce aux chefs militaires de valeur qui émergèrent, comme Chaïb Md Ourabah, Hocini Lahlou dit Lahlou Aït Rabah, Zioual Allaoua, Abdelkader Mézaï dit « Boulayat », Bouaouina Amira, Smaïl Azzoug, Chérif Boumansour, Mustapha Belanteur, Zène Boualem Madani Begtache, Ali Baba et bien d’autres, ceci uniquement pour la rive gauche de la Soummam.
Des actions d’éclats ont été multipliées un peu partout et qui étaient d’une grande efficacité : récupérations d’armes, des dizaines de soldats faits prisonniers, des documents récupérés, etc.
Pour parfaire les connaissances militaires des maquisards, un centre d’instruction avait été créé, ainsi que pour permettre le recyclage des cadres militaires. La formation était dirigée par le sous-lieutenant Slimani Moh Ouali dit « Chéri bibi » , ancien adjudant de l’armée française et de son adjoint l’aspirant Md Salah Saadi, un ancien élève d'une Ecole Militaire française !. Une compagnie d’élèves sous-officiers avait été mise sur pied, avec quelques actions militaires à son actif.
La prise du poste militaire d'El Horane(M'Sila)
Le petit village d’El Horane, tout près de Hammam Dalaa, dans la région de M’sila, a vécu un événement sans précédent. Un poste militaire doté d’une dizaine de chars et d’autos blindées a été envahi par une unité de l’A.L.N. dans l’après-midi du 4 février 1958. L’affaire a été préparée depuis plusieurs mois.
Le sergent-chef Adouane Abdelhafid, responsable des renseignements et liaisons du secteur et l’aspirant Messoudi Boubeker, avaient eu un contact sérieux avec le sergent-chef Mohamed Zernouh en poste à El Horane (Msila), dans une unité blindée . Pendant plusieurs jours, le contact était maintenu d’abord au niveau de la fourniture des armes et munitions, et puis au niveau des contacts directs. Plusieurs tests ont été opérés pour prouver la bonne foi de celui qui se disait être disposé à ouvrir les postes du poste militaire pour faire rentrer les Moudjahidin.
Enfin, le 4 février 1958 à minuit, une compagnie pénétra au poste militaire et s’empara de tout le contenu, avec la participation du lieutenant Nouri Mustapha, du chef du bataillon de choc Chaïb Md Ourabah, de ses adjoints Si Lahlou, Bouaouina Amira, Ali Baba et bien d’autres encore. Aslat Mokhtar, dit Si Méziane assurait la protection de ceux qui allaient investir le poste.
Le lieutenant Olivier Dubos et 14 de ses hommes étaient faits prisonniers. Un lot important d’armes et de munitions avaient été récupérées. Sept chars portant chacun une mitrailleuse 12/07 et une mitrailleuse « 30 Américaine » sont désarmés et une vingtaine d’armes légères emportées par nos hommes. Un convoi de 35 mulets, chargés d'armes et de munitions avait acheminé le butin inespéré jusqu'à l'Akfadou. L'itinéraire était très difficile, surtout que l'ennemi avait engagé d'importantes opérations de poursuite. Il voulait à tout prix rattraper le convoi, et surtout récupérer l’armement .
Connaissant la stratégie de l'ennemi qui consistait à ratisser les montagnes, le convoi avait pris un itinéraire inverse, à savoir : HORA, BENI OUAGAG, TIZA, OUAKKOUR, AIT HAMDOUNE, IGHRAM, AKFADOU. Cet itinéraire a été dévié par tactique, d’abord à l’Est, puis au Nord, ceci pour dérouter l’ennemi dans ses opérations de poursuites. Cette stratégie a été payante, puisque le convoi n’a pas été rattrapé par les nombreuses opérations de poursuite, qui furent organisées. Des forces gigantesques ont été mises en œuvre pour rattraper les prisonniers et les combattants qui ont pris le poste d’El Horane, mais en vain. L’armée française fut complètement déroutée par l’absence de renseignements et par la stratégie de repli de nos combattants.
À l'arrivée du convoi à l'Akfadou, le colonel Amirouche était un homme heureux et fier : un butin de plus de 50 armes de guerre, 14 armes collectives (mitrailleuse 30 américaine, mitrailleuse 12/7, un mortier 80, un mortier 60 ). Il y avait également une quantité importante de munitions. En plus de cet important butin de guerre, il y avait 14 soldats français prisonniers dont le lieutenant Olivier Dubos.
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Avoir 20 ans dans les maquis
Edilivre 2005
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