09/12/2012
La fouille (Gérard VAN DER LINDEN)
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"La Chtouille" poussa un cri. Le poignard s'était enfoncé sous l'omoplate. Il s'effondra, La jeune fille avait retiré la lame et tentait de recommencer son geste sur Hilare, mais elle n'en eut pas le temps. Pallier, Beaumatin, Torquay, Maugis, avec un bel ensemble, avaient réagi instinctivement, avec une précision acquise à force d'entraînement. Les quatre M.A T. crépitèrent en même temps. La jeune fille avait hurlé quelques mots en kabyle tout en frappant "La Chtouille". Elle agonisait maintenant.
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L'hélicoptère parti avec le blessé, Pallier décida de reprendre les affaires en main. Il n'y avait qu'un blessé et les dégâts étaient moins importants que quelques semaines auparavant où il y avait eu plusieurs tués et des blessés Il n'acceptait pas d'être ridiculisé. Ses trois hommes étaient revenus bredouilles. Le Fell leur avait échappé. La femme était morte avant même l'arrivée de l'hélicoptère. Il avait l'impression que toutes les femmes étaient complices. Et surtout, il craignait qu'un autre homme ne se soit caché dans leurs rangs, bien qu'à la réflexion il ait été persuadé que dans ce cas quelque chose aurait trahi l'intrus.
- Dis-donc, Torquay, comment t'es-tu aperçu que c'était un homme ?
- C'est pas difficile, regarde les femmes, quand elles sont à croupetons, elles ont les fesses sur les talons, au ras du sol, les genoux écartés et les bras entre les genoux. Elles sont capables de rester des heures sans bouger, à palabrer. Les hommes, eux, sont en général assis en tailleur. J'avais remarqué que plusieurs fois le Fell essayait de détendre ses jambes, il n'avait pas une allure très naturelle. Tu vois, c’est tout bête !
- Il y a plus simple, tu vas voir.
Pallier fit sortir du rang trois femmes qui allaitaient leur petit. L'une d'elles avait son enfant sur le dos, ligoté littéralement par de fines languettes de tissu. Elle avait jeté son sein par dessus l'épaule et donnait ainsi la tétée au nourrisson.
- C'est encore mieux qu'une oreille de cocker. Mais pour elles pas de doute
Il fit approcher un autre groupe de trois femmes puis il sortit son poignard de commando et fendit du haut en bas les robes de manière à s'assurer de la féminité de ses interlocutrices.
Il recommença avec un autre groupe puis un autre encore. Deux ou trois fois, tombèrent des corsages immenses des trésors : une cuiller, un briquet qu'elles espéraient soustraire aux soldats. Il découvrit par contre une grenade et des papiers sur deux femmes qu'il décida d'emmener au piton. Pagès, instituteur dans le civil, chargé de la fouille, déclara sentencieusement : " Ne laissez nulle place où la main ne passe et ne repasse." Curieusement, sa maxime, il l'appliquait sur les plus jeunes et les plus jolies.
Tout en surveillant la fouille, Pallier songeait à la difficulté de son rôle, qu'il comparait a celui de la police. L'un et l'autre étaient engagés dans une guerre non déclarée. Lui, contre les Fellagas que l’on disait ennemis dela France. Ildevait les neutraliser. La police luttait contre les assassins et les voleurs de tous poils. Mais l'armée contre laquelle ils luttaient tous deux était invisible. Elle ne portait pas d’uniforme.
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Gérard VAN DER LINDEN
Bou Mahni
Des Appelés en Grande Kabylie
Chapitre II (extraits)
Auto-Édition 1996
07:59 | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook
Commentaires
bonjour
je suis tres content de vos ecris.
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taleb ammar
Écrit par : taleb ammar | 30/03/2015
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