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17/01/2007

LA MALEDICTION (Mokrane Aït Lounès)

 

L'inspiration de la légende me vient d'une phrase

Toute aussi légendaire. Cette phrase dit :

 

Quand il y a un homme digne de régner sur le peuple on le tue,

Certains pensent que c'est de la jalousie,

D'autres répondent que c'est une malédiction,

Moi, je suis parmi ceux qui disent que cela est une malédiction, comme dans la vie tout a une fin,

Aujourd'hui l'esprit de nos ancêtres dit, à travers cette légende

Que la malédiction qui a envoûté le peuple AMAZIGH est finie !

 

J'espère que la réflexion de cette légende, sera pour le peuple,

Une cession d'acte de l'histoire

Sur le déchirement de la culture AMAZIGH

 

Pour vous résumer la force et le respect de la dignité d'un peuple, un dicton dit :

Avec un doigt, je ne fais pas le poids,

Avec deux doigts, je soulève un petit pois,

Avec deux mains, je soulève l'équivalent de mon poids

Avec un peuple uni, je soulèverais des montagnes dans le chaud ou le froid.

 

 

La malédiction

Mokrane Aït Lounès

Essai

La Société des Écrivains

Paris, 2005

(4ème de couverture) 

     

10/01/2007

POEME POUR L’ALGERIE HEUREUSE (ASSIA DJEBBAR)

Neiges dans le Djurdjura

Pièges d'alouette à Tikjda

Des olivettes aux Ouadhias

On me fouette à Azazga

Un chevreau court sur la Hodna

Des chevaux fuient de Mechria

Un chameau rêve à Ghardaïa

Et mes sanglots à Djemila

Le grillon chante à Mansourah

Un faucon vole sur Mascara

Tisons ardents à Bou-Hanifia

Pas de pardon aux Kelaa

Des sycomores à Tipaza

Une hyène sort à Mazouna

Le bourreau dort à Miliana

Bientôt ma mort à Zémoura

Une brebis à Nédroma

Et un ami tout près d'Oudja

Des cris de nuit à Maghnia

Mon agonie à Saïda

La corde au cou à Frenda

Sur les genoux à Oued-Fodda

Dans les cailloux de Djelfa

La proie des loups à M'sila

Beauté des jasmins à Koléa

Roses de jardins de Blida

Sur le chemin de Mouzaia

Je meurs de faim à Médea

Un ruisseau sec à Chellala

Sombre fléau à Medjana

Une gorgée d'eau à Bou-Saada

Et mon tombeau au Sahara

Puis c'est l'alarme à Tébessa

Les yeux sans larmes à Mila

Quel Vacarme à Ain-Sefra

On prend les armes à Guelma

L'éclat du jour à Khenchla

Un attentat à Biskra

Des soldats aux Nementcha

Dernier combat à Batna

Neiges dans le Djurdjura

Pièges d'alouette à Tikjda

Des olivettes aux Ouadhias

 

Un air de fête au coeur d'El Djazira.

 

medium_DJEBAR-Assia_Tipasa1976_photo-Julien-Gros_pf.jpg ASSIA DJEBBAR

 

Poème pour l’Algérie heureuse

   S.N.E.D. Alger. 1969

02/01/2007

Les aventures de Velâjoudh ( Lounès BENREDJAL )

 

      Velâjoudh est un héros des contes kabyles. C'est un jeune enfant espiègle, qui se moque de tout le monde, même de Teriel (l’ogresse). C'est son histoire que nous allons vous raconter aujourd'hui.

 

     Velâjoudh, petit garçon facétieux, invente des situations loufoques, rien que pour rire et faire rire ses semblables.

 Un jour, il décide de s'attaquer à Teriel (l’ogresse) qui hante sa contrée. Cette dernière devenue vieille est atteinte de cécité (thiderghelte). C'est en tâtons qu'elle cherche sa route et à tâtons qu'elle se sustente.

 

     Velâjoudh attend Teriel (l'ogresse) juché sur un figuier qui n'appartient à personne et appartient en même temps à tout le monde. C'est pour cela d'ailleurs qu'on dit à propos d'un tel figuier ce proverbe :

"Am thnoqlets B-ouvrid'

Ouin âdan ad' ikharef"

     (Tout le monde a le droit de manger de ses fruits sans crainte)

 

     La saison des figues est finie depuis longtemps. mais puisque Teriel est aveugle, Velâjoudh veut lui jouer un tour. Dès qu'il la voit au loin, il monte au faîte du figuier et se met à crier de toutes ses forces.

- Oui vghan ad'ikharef

Ad iâdi gher d'a

Thanoclets Velajoudh

Thethour d'elfakia

 

     (Celui qui veut manger des figues hors saison n'a qu'à venir ici, le figuier de Velâjoudh regorge de fruits!)

 

     Teriel intéressée s'approche, elle tâte les branches, mais point de fruits. Courroucée, elle cherche Velâjoudh qui s'était réfugié sur la plus haute branche. Elle l'attrape et le fait entrer dans l'outre qu'elle avait ramenée pour puiser de l'eau. Afin qu'il ne puisse s'échapper, elle ferme le goulot de l'outre avec des feuilles de vivras (oignons sauvages) faute de cordelettes.

 

     Elle dépose l'outre avec Velâjoudh dedans, au pied du figuier et s'en va au ruisseau tout proche pour se désaltérer. Sentant l'odeur caractéristique du vivras, Velâdjoudh devine que c'est avec les feuilles de cette plante qu'elle a fermé l'outre.

 

     Il se débat un cours instant et l'outre s'ouvre. Avant que Teriel ne revienne, il remplit l'outre "d'-ivaâlalachène" (petites pierres) ramassées sur place et court se mettre à l'abri sur un petit monticule qui donne sur la route et le figuier.

 

     Après s'être désaltérée, Teriel met l'outre sur son dos. Elle est lourde, elle se dit que Velâjoudh ferait un très bon repas. Après avoir fait quelques pas, elle sent des douleurs dans son dos, elle demande à Velâjoudh de changer de position, afin que ses genoux ne lui fassent pas mal. Comme il ne s'exécute pas, elle se met à crier à haute voix :

- Ekès roukvath ik'

Seg zag'our iou a Velâjoudh !

     (Enlève tes sales genoux de mon dos Velâjoudh!)

 

     Comme il était hors de portée, il lui lance moqueur :

- Mouqel ma ligh d'akhel ouïdid' !

(Regarde dans l'outre si j'y suis !)

 

     Rageuse elle laisse tomber l'outre d'où s'échappent des pierres.

-         Tu m'as eu petit garnement, mais tu ne perds rien pour attendre ! Je t'aurait un jour ou l'autre foi de Teriel !

 

     Sorti indemne, Velâjoudh continue à faire des siennes. Il remonte sur le figuier et abuse les gens en leur faisant croire que l'arbre produit des fruits en toutes saisons.

 

Le Messager magnifique

Lounès Benredjal

(Contes) - Éditions ANEP, Alger, 2004