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29/03/2007

Rayon de soleil ? (Noufel BOUZEBOUDJA)

Rayon de soleil ?
Une aube épanouie,
Brisant l’écume de la nuit.
Ta silhouette se dessine,
Prend forme évanescente ;
Le paysage est encore brumeux.
Je vois ton corps exalté exaltant,
Baigné de rosée, joyau.
Je te regarde…
La brume… la brume…
Un instant de naissance
Mais où est le soleil ?
Où est-il pour dissiper cette brume ?
Puis, je respire,
Je te respire ;
Le lilas, le lys, le jasmin,
C’est le printemps !
Une naissance florale,
Dans ce jardin épineux
Où le cactus et les toiles d’araignées
Se sont épousés.
Où les fantômes médisent,
Jalousent, maudissent ;
Le froid happe mes os.
Mais à ta vue…
Ai-je déjà vu ?
À ta vue, ta chaleur m’inonde
Dans des frissons intarissables.
La brume ! La brume !
Entourant ma vue, mon rêve.
J’ai voulu te sentir…
Je te sens
Et là, ce que je crois perdrix,
Se déniche de mon coeur usé.
Un premier sourire,
Dans ce jardin inclément.
Je fais un premier pas…
La brume… la brume…
J’entends les prémices d’un hymne :
Le rossignol précède.
Au loin, j’entends…
Le tambourin, la flûte et la mandoline,
Le bendir accompagne des voix :
Féminines, masculines ; confuses, joyeuses.
Est-ce notre fête ? Nos noces ?
J’avance vers toi,
Des pas moins sûrs.
Les roses aux pétales gémissant,
Diffusant leur parfum enivrant.
La vie se revêt de verdure,
De toutes couleurs
De beau…
La brume peu à peu se dissipe.
Mes pas de plus en plus sûrs.
Le soleil !
Le soleil, c’est toi.

 

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Noufel Bouzeboudja (Mourad)

« Pensées pensantes »

Édition : À compte d’auteur

 

22/03/2007

Mort d'un libraire (Saïd MEKBEL)

(Mesmar J'Ha)

Quand vous entriez dans sa librairie, il vous donnait l'impression de ne pas l'avoir remarqué. Il restait à sa tâche. Mais pendant que vous passiez devant les rayons à la recherche d'un livre, lui, vous suivait, guettait ce moment ou ce geste qui montrait que vous aviez besoin de lui. Alors seulement il venait, vous saluait, et engageait la conversation. Son prénom véritable était Joachim mais tout le monde l'appelait Vincent, cet homme qui tenait la librairie des Beaux-Arts"

Ceux qui l'ont assassiné hier après-midi, ont sans doute assassiné le dernier des libraires du pays, le dernier des marchands de livres qui savaient vraiment la richesse de ce que contenaient leurs rayons. Vincent assassiné!

Si cet homme avait pris son baluchon et quitté ce pays qui était le sien pour aller vivre dans l'Espagne de ses ancêtres il serait sûrement encore, encore en vie.

Eh non. Vincent ne l'a pas fait, il est resté ici, malgré l'insécurité, l'incertitude, les menaces, les risques. Malgré les amis qui l'exhortaient à partir. C'était des amis algériens qui croyaient que la vie n'était plus possible en Algérie. Vincent lui, y croyait.

Honte à nous!

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Saïd MEKBEL 

(Le Matin, 22 février1994)

16/03/2007

KAHINA (Rénia Aouadène)

Oh Kahina, ma reine

qui n'eut pour Dieu

que rêve, d'un combat

inégal, tu fus la plus guerrière.

 

Oh Kahina, Dehia

ton surnom si célèbre

que l'on en oublia

ton prénom légendaire.

 

Oh Kahina, sorcière

entourée de ta meute,

tu mordis l'ennemi

de tes crocs de femelle.

 

Oh Kahina, berbère,

pour ne pas sacrifier

tes enfants bien-aimés

tu te mis à genoux.

 

Oh Kahina, maîtresse

d'un pouvoir téméraire,

la horde barbaresque

jamais ne t'humilia.

 

Oh Kahina, limpide

Oh Kahina, la juive

Dans les mains du calife ,

Ta tête fut sublime.

 

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Rénia Aouadène

Amer...tumes  

10/03/2007

LA GROTTE ECLATEE (Yamina MECHAKRA)

4 Juin 1962  

 

Cinq heures du matin. Un soleil rouge et ruisselant se levait derrière les collines.

La caravane s'immobilisa au bord de la frontière. Je glissai de la fourgonnette. Debout, le soleil dans le dos, le vent dans les cheveux, la main sur mon cœur, je me dis tout bas mon pays et ma maison, ma grotte et ma peine.  

Quelque part dans le monde, une autre femme peut-être, debout sur une autre frontière priait pour la dernière fois.

Je laissai tomber mon bras puis je me déchaussai.  

De mes pieds couverts des cratères du napalm, mes pieds nus et carbonisés, je foulai avec douceur la terre brûlante de mon pays.

Je fis un pas. puis un autre, puis encore un autre. Les cailloux me déchiraient la peau. Les ronces m'égratignaient, j'eus soif, j'eus mal à la tête et m'évanouis.  

Quand je me réveillai, j'étais allongée au pied de la fourgonnette, le cadavre castré me passait un peu d'eau sur le visage. Il devait être midi. Je lui demandai de verser un peu d'eau fraîche sur le cercueil métallique. Kouider devait suffoquer.

Mon fils tendait l'oreille à la voix du poète, qui le tenait dans ses bras.  

Je laissai la caravane gorgée de milliers d’émigrés sur la route de Tébessa et partis avec le poète, le cadavre castré et Rima à la recherche d'un arbre nu et déchiré, mort debout, au pied duquel dormaient ma grotte et mes amis.

Je le vis au bout de ma route, les bras levés vers le ciel.  

Face à mon arbre, je cessai de respirer et le regardai avec mes yeux mêlés aux yeux de Kouider.

Je m'approchai de lui et glissai mes lèvres sur son écorce rugueuse.  

Il avait survécu à mes amis. Il était ce quelque chose qui avait poussé dans ma mémoire quand ma grotte mourut, il était l'unique quelque chose qui me parlait encore de mes amis J'y accrochai ma ceinture.

Le sol ne trahissait plus l'existence de ma grotte.

J'arrachai une motte de terre. Je l'emporterai avec moi à ARRIS. Je la déposerai dans une jarre et j'y planterai des marguerites.

 

medium_MECHAKRA-Yasmina_dessin-Martinez_pf.2.jpgYamina MECHAKRA 

La Grotte Éclatée.

Alger : SNED. 1979

Pages 173-174

 

03/03/2007

Histoire d'un poste sur un piton. (Jean-Yves JAFFRES)

La création de ce poste.

De nombreuses compagnies ou sections étaient disséminées à travers le pays dont certaines se situaient dans le djebel en des endroits plus ou moins isolés et plus ou moins élevés. Chacun de ces pitons a son histoire. Nous allons prendre l'évolution d'un poste et les débuts de la vie sur un piton kabyle, bien simplement en guise d'exemple bien qu'il n'y ait rien d'exemplaire. Il y a certainement d'autres postes qui auraient beaucoup plus d'histoires et d'événements à raconter.

En 1955, la rébellion s'était rapidement étendue en Kabylie et le FLN menaçait la route nationale 12, reliant Alger à Bougie par Tizi-Ouzou. Cette année-là, le général Beauffre installa son PC à Tizi-Ouzou, au cœur de la Kabylie, pour prendre la région en charge. Il avait pour cible les unités constituées par Krim Belkacem, mais il avait aussi la chaine des Bibans et la vallée de la Soummam.

Un mois avant le drame de Palestro, le 21 avril 1956, (voir le chap.6) le général Olié, commandant civil et militaire de la Kabylie, attirait déjà l'attention: "Jai pu m'en rendre compte que les deniers attentats provoquaient dans la population européenne des réactions très caractéristiques. À Abbo, Roberval, Boghni, Mekla, Tizi­-Rénift, Haussonvillers, unanime la crise de confiance, le désespoir devenait quasi-général. La hantise de l'abandon minait les énergies les mieux trempées. À Camp du Maréchal, où un jeune colon de 22 ans fut récemment tué c’était une atmosphère de colère et de révolte qui régnait, semblable à celle que nous avions mesurée à Haussonvillers et à Palestro.

Dans ces secteurs, l'exode se dessinait. Des départs de colons eurent lieu. D'autres, face aux derniers événements, se décidèrent et se préparèrent à liquider leurs biens et à acheter en France, ou encore prospectèrent à l'étranger. Tizi-Ouzou connut les premiers drames d'abandons sans retour. "

Dans cette atmosphère, en ce milieu, fut créé le poste de Béni-Ouarzeddine, en 1956. Le lieutenant colonel Jacques Sautreau me relata cette histoire par écrit et de mémoire, puis le soldat Pedehum Jean Marie, là-bas à cette époque compléta l'information.

Le 15 mai, une vaste opération de nettoyage, dite « basque », fut entreprise. La 5ème compagnie du RIC partie de Mirabeau surprenait les guetteurs, neutralisa un groupe de fellaghas et au prix d'un soldat blessé et du chien éclaireur tué, parvenait à proximité du village de Karboucha. Elle fut alors très sérieusement accrochée par un fort élément rebelle équipé d'armes de guerre qui nous surplombait depuis le piton de Béni-Ouarzeddine. La position devenait intenable. Le caporal-chef radio fut tué et il fallut se replier sous la protection d'un tir d'artillerie. Le commandement décida alors d'implanter la 5' compagnie au cœur même du dispositif FLN, à l'observatoire de Béni-Ouarzeddine d'où les rebelles surveillaient tous les mouvements de troupe sur les routes d'Alger et de Dra-el-­Mizan.

Ainsi, au début du mois de juin 1956, le 2ème bataillon du 2ème Régiment d'infanterie coloniale (à recrutement essentiellement breton et vendéen), venant de Nantes, s'implanta à Camp du Maréchal, Haussonvillers, Mirabeau et El-Tléta, enveloppant les massifs du Sidi Ali-Bou-Nab, position clef du célèbre Krim Belkacem qui était là chez lui, d'où il dirigeait toutes les exactions, embuscades, attentats, sabotages, enlèvements, assassinats.

Le 13juin 1956, profitant de la diversion d'un ratissage général de l'Ali-Bou-Nab, la 5ème compagnie amenée rapidement en camions près de ce piton, investit le village et s'y installa défensivement. D'importants stocks de nourriture et de médicaments furent découverts dans le village. En un mois, il s'y construisit un poste fortifié. Le moitié de l'effectif assurait la sécurité rapprochée face au djebel qui nous dominait, l'autre moitié éleva d'abord un mur crénelé de protection, puis les plates-formes de soubassement des futurs baraquements et, se reposèrent... en montant la garde!

En juillet 1956 le poste était assez équipé et fortifié pour être défendu par une seule section et le reste de la compagnie put reprendre les opérations offensives avec le bataillon, opérations qui, hélas, au prix encore de plusieurs morts et d'un avion d'observation abattu (pilote grièvement blessé) extirpa enfin le gros du FLN de l'Ali­ Bou-Nab. Les incessantes opérations du II / 2 R.I.C ramena progressivement la sécurité. Mais les pentes Est et Sud de l'Ali-Bou-Nab (Tizi-Renift, Beauprêtre...) restèrent infestées de rebelles, protégés par la végétation très dense. Le II / 2 RIC a été relevé de Grande Kabylie à la mi-octobre 1956 et envoyé dans la région d'Orléanville­-Ouarsenis pour y rétablir l'ordre. Je(Le Lt colonel Sautreau.) commandais à l'époque, la 5' compagnie. Le 9' RIC prit la relève.

 

Les premières semaines de l'espoir. (Un reportage de Jean Paillardin, du journal d'Alger en 1956, présenté par R Henricolas.)

 « Il y avait autour de nous tous les notables du village, avec le chef de cette fraction, Kébir, un grand vieillard sec, impression que renforçaient encore, l'ombre d'un immense chapeau et d'épaisses lunettes noires, son air énigmatique. Il y avait une nuée d'enfants. Un surtout, tout petit sous son béret, que nous appelions « moustique » était toujours dans nos jambes, mais son grand copain paraissait être un soldat qui montait la garde au poste. Il y gagna en caramel.

Lorsque nous regardions une carte, du pays, nous voyions d'abord, presque parallèle au littoral, entre le cap Djinet et le cap Tédelès, la route d'Alger à Tizi-Ouzou. Au sud de cette route, prise entre les Issers et Mirabeau, l'arête rocheuse aiguë, orientée sensiblement du sud-ouest au nord-est, que nos Jeeps venaient d'escalader. Nous étions maintenant très exactement au sud-ouest de Camp-du-Maréchal, à 800 mètres d'altitude.

Le lieutenant Dumoutier, qui commandait ce poste, nous montra son chantier. Il s'agit bien d'un chantier de construction. Ici un mur s'élevait, là une nouvelle piste se creusait, là encore, un officier étudiait les moyens de captage d'une source... Je demandai naïvement si une entreprise de travaux publics participait à ces travaux, ou tout au moins une formation du Génie... «Les Marsouins font tout par eux-mêmes», me répondit courtoisement le colonel Viguié. Ils avaient quand même des ouvriers, et c'était déjà surprenant, ces ouvriers kabyles en grand chapeau de paille. Comprenez bien, ici dans les Ali-Bou-Nab, il y avait encore quinze jours, les troupes arrivaient et trouvaient les villages vides seuls des femmes et des enfants qui s'enfermaient dans les maisons. Les hommes avaient suivi les hors la loi dans la montagne pour des raisons complexes mais surtout parce qu'ils avaient peur de tout le monde Mais peu à peu, ils revinrent. Maintenant le chef du poste refusait de l'embauche.

Nous nous arrêtions devant un robinet. Les plus petites choses prenaient ici leur importance réelle. Parfois les indigènes demandaient comme faveur suprême de leur offrir en gage d'amitié, un de ces petits bouts de métal qui donnaient de l'eau. Les villages kabyles étaient construits sur des hauteurs parfois difficiles d'accès, et le problème de l'eau restait toujours posé avec acuité, surtout pour les femmes. Le capitaine Fernando et les gens du 9' RIC captèrent une source très loin, et ils amenèrent jusqu'au centre du village un débit de 5 à 6 litres-minute.

Il serait cependant naïf de s'imaginer que les Kabyles nous étaient éperdument reconnaissants, d'abord parce qu'ils avaient une tendance à croire que tout leur était dû par la France, et qu'il valait mieux récriminer toujours plus pour tâcher d'obtenir davantage. Ensuite, parce que la corvée d'eau, c'était surtout dévolu aux femmes qu'on voyait grimper les pentes depuis le cours d'eau jusqu'au village, leurs préhistoriques amphores sur la tête. Le mari allait surtout au marché hebdomadaire dans la vallée. Il s'occupait de ventes, d'achats et de politique, c'est-à-dire des affaires sérieuses.

Un jour nous eûmes une surprise au cantonnement, une femme toute ridée amenait son petit fils au médecin-capitaine Ricossé. Le garçon toussait depuis longtemps, mais elle ne pouvait pas le conduire plus tôt au «toubib»... Elle remercia aussi le docteur pour sa fille qui était maintenant guérie. La confiance s'établit ainsi progressivement, le «toubib» fut même autorisé par les Kabyles à soigner leurs femmes! C'était une marque de confiance extrêmement rare. Aussi rare que de voir des semailles sur un sol rocheux,»

Ret e oa deomp da vibanan o degemer er gêriadeun, eno, war or n'enez. Gwelet a raemp stadpaour ha reuzeudik kaîz anezho. Evel-se, hor boa ofizians hag e c 'bellemp o sikour: shaliata ar 'vugale, or n~edisin a selle ou~h Oc 'hlenvedoù hag a me louzeler. » C’est du Breton; voici la traduction : « Il nous fallait au moins les recevoir là au village, dans la montagne. Nous voyions leur état pauvre et malheureux de beaucoup d'entre eux. Ainsi, nous avions leur confiance et nous pouvions les aider scolariser les enfants ; le médecin observait leur ennuis de santé et donnait des médicaments...»

 

Puis vint le tour de la classe 57-2 /C de prendre le relais.

Nous attendîmes une dizaine de jours à Camp du Maréchal, c'est-à-dire jusqu'au prochain convoi de ravitaillement qui nous mènera au piton de Béni­-Ouarzeddine. Ce village avait la même origine alsacienne que Haussonvillers et son nom rappelait l'installation sur ce point du maréchal Bugeaud lors de l'expédition de 1844, sur la rive gauche de l'oued Sébaou. Ce lieu aussi, dans une période plus ancienne, fit un poste de garde turc qui joua un grand rôle dans les guerres entre Algériens et Kabyles. Ainsi, avant hier, hier et aujourd'hui se retrouvaient sur ce terrain.

Ce convoi pour nous diriger sur le piton nous surprit à plus d'un titre. D'abord, l'artillerie «canardait» les points stratégiques de notre parcours, elle préparait notre passage. Un piper dans les airs, tel un faucon à l'œil perçant, surveillait les alentours et préviendrait de toute anomalie perceptible. Des half-tracks ou automitrailleuses protégeaient l'avant et l'arrière du convoi. Les anciens ne parlaient pas beaucoup, sinon pour nous raconter les pépins qu'il y eut dans les parages dans un passé récent, tout en scrutant les flancs du djebel où nous passions, toujours prêts à intervenir. Nous étions tous en casque lourd. C'est ainsi que nous sommes montés la première fois à la treizième compagnie du 3/9ème R.I.Ma. Un piton bordé de barbelés nous attendait Ce sommet était tout en dénivelé, le village berbère d'une extrémité et nous de l'autre. Nous nous situions face aux monts du Djurdjura sous un soleil brûlant, loin des nôtres, dans la solitude et pour un certain temps.

Le camp était en fait au sommet d’un piton. Il y avait d’autres sommets environnants au sud , à l’ouest et au nord qui dominaient notre village ; c’est souvent le cas dans les postes du djebel ? Ces collines périphériques limitaient notre horizon. Le cantonnement militaire, siège de la compagnie, prit position côté ouest du village, la partie kabyle se situait à l'est du piton. Notre site était entouré de barbelés. Il y avait deux postes de garde de jour et quatre la nuit. Nous avions un four à pain où le boulanger faisait parfois de la pâtisserie et il servait aux cuisiniers pour diverses cuissons. Des soldats résidaient en des baraquements du bas et dans des mechtas du haut.

 

Évolution de ce piton

Nous pouvons constater une nette évolution des bâtiments au P C de la compagnie de 1956 à 1958. Ces constructions resteront ainsi en place de 1958 a 1960 (voir photo p 111) Ensuite ils furent démontés comme nous pourrons le constater. La suite de cette histoire nous est narrée par un instituteur civil qui y est resté en Algérie après son temps de service militaire

Ces élèves étaient volontaires, joueurs, espiègles, comme beaucoup d'enfants de cet âge en France. Nous avions leur confiance. Tout en étant réservés, ils parlaient de choses et d'autres facilement. Ils se faisaient un plaisir de nous vendre quelques œufs, un poulet... Nous allions parfois faire un tour en leur village (cependant nous allions toujours à plusieurs et gardions l'œil attentif On ne sait jamais !)

Nous(Information donnée par E. ALIX) sommes sur l'aire bétonnée où se situaient les baraquements des années passées. D'une compagnie de plus de cent soldats 1956 à début 1960, l'effectif s'était considérablement réduit. En effet, il fit créé une S.A.S à proximité, dans le village de Sidi Ah Bou Nab et un groupe d'autodéfense fut instauré à Béni­-Ouarzeddine courant 1960. Il ne restait plus qu'une dizaine de militaires sur place et l'instituteur. Lorsque ces militaires rejoignaient la compagnie pour une opération, je restais seul avec mes élèves. Les murs de protection étaient défaits, les baraques n'existaient plus et il n'y avait plus de barbelés autour du cantonnement.

À « Béni » nous n'avions essuyé, qu'une seule fois, un coup de fusil du village en ruine de la crête d'en face. Mais, une nuit, nous eûmes droit à des jets de pierres venant du village. Cela commençait à sentir l'indépendance lorsque je quittai les lieux en juin 1961 pour la SAS. Là, je me sentais plus en sécurité et j'avais l’électricité. Cependant le danger était toujours présent.

medium_JAFFRES-Jean-Yves.jpgJean-Yves JAFFRÈS

La vie des soldats bretons

dans la guerre d'Algérie

2000

Pages 110 à 120

Texte numérisé par GeLamBre