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31/03/2010

L'HOMME MALHEUREUX (Ghalem BAROUD) 1

(Conte de Kabylie)

 

 

Voulez-vous entendre l'histoire du bûcheron et celle du vieil homme ? Mon conte est si doux et si plaisant qu'il pourrait guérir les malades et donner des trésors de gaîté aux gens faibles et affligés.

 

Dans un village de Kabylie vivaient, aux temps jadis, un bûcheron et sa femme. Ils n'avaient pas d'héritier. Ils sacrifiaient des moutons et donnaient des offrandes aux marabouts pour avoir un enfant. Un jour, alors qu'ils n'avaient plus d'espoir, la femme donna naissance à un bel enfant blond, aux yeux vifs et rieurs.

 

Quelques années plus tard, le père emmena son fils en forêt. Il le laissa dans une clairière et s'éloigna pour couper du bois. Le garçonnet jouait paisiblement quand soudain un tigre s'approcha. L'enfant n'eut pas peur car, pour lui, un tigre était un gros chat. Quand le félin s'en alla, l'enfant le suivit jusque dans sa tanière. Le père s'aperçut bientôt de sa disparition. Il chercha anxieusement de tous les côtés. Il entendit soudain les cris de son fils. Il courut jusqu'à la tanière mais il était trop tard : le tigre avait déjà mangé le pauvre petit. Il retourna chez lui accablé et raconta l'atroce aventure à son épouse éplorée. Il jura à sa femme qu'il ne mangerait plus tant qu'il n'aurait pas découvert un homme aussi malheureux que lui.

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Il  prit son burnous et sortit à la recherche de cet homme malheureux. Il erra d'une ville à l'autre, d'un village à l'autre, dormant dans les mosquées et refusant toute nourriture.

 

Un jour, il arriva dans un douar où il passa la nuit. Le lendemain matin, un jeune homme d'une vingtaine d'années lui demanda :

-   Quelqu'un t'a-t-il invité à manger ?

Et notre homme de répondre:

-   J'ai juré de ne plus manger tant que je n'aurai pas trouvé un homme aussi malheureux que moi.

-   Viens quand même te chauffer chez mon grand-père ; il t'écoutera et t'aidera à trouver ce malheureux.

 

Le vieux se chauffait près du kanoun. Il interrogea l'homme qui lui raconta son horrible histoire et lui fit part du serment qu'il avait prêté. Le vieux sourit tristement et lui recommanda de bien écouter:

 

- Jadis, une centaine d'habitants de mon village décidèrent de se rendre en pèlerinage à La Mecque. Nous arrivâmes bientôt au Sahara. Hélas, chaque matin, en nous réveillant, nous constations la disparition de l'un d'entre nous. Était-ce le ciel ou la terre qui les engloutissait ? Nous étions terrorisés. Bientôt nous restâmes seuls, mon ami Saïd et moi. Quand la nuit tomba, je dis à mon ami: « Nous allons nous attacher avec ce turban; si la terre nous engloutit, nous disparaîtrons ensemble; si c’est un animal fabuleux, il nous mangera ensemble.»

 

… (à suivre)

 

 

BAROUD-Ghalem_Contes-Algerie.jpgContes d’Algérie

Textes recueillis par Ghalem BAROUD et un groupe d’amis algériens

Éditions EDICEF

Fleuve et Flamme

Collection du Conseil International de la langue française

1985

 

27/03/2010

La Femme Kabyle (Alfred COULON) 3

 

Dans les régions où des écoles sont ouvertes depuis longtemps aux filles indigènes, les moins prévenus se rendent facilement compte de l'heureuse influence qu'elles exercent sur la population. Leurs anciennes élèves, loin d'être des révoltées, trouvent à se marier dans de bonnes conditions et la dot versée pour elles est souvent bien supérieure à la moyenne, ce qui prouve qu'on apprécie leurs qualités et leurs talents.

D'après le témoignage même de leurs maris, elles sont devenues, pour la plupart, d'excellentes ménagères économes, actives et industrieuses et elles savent tirer le meilleur parti possible des ressources mises à leur disposition. Mères de famille plus conscientes et plus probes, elles tiennent leurs enfants propres et les élèvent bien.

Aussi, devant les heureux résultats obtenus, les indigènes éclairés, autrefois farouchement hostiles à l'instruction des filles, demandent de plus en plus, par l'intermédiaire de leurs élus et de leurs notables, la création de nouveaux Cours Complémentaires d'Enseignement Professionnel où les jeunes filles indigènes, tout en recevant un enseignement général réduit, s'initient aux occupations du ménage, aux ouvrages manuels, usuels et à la fabrication des tapis orientaux.

Le bénéfice réalisé sur la vente des articles confectionnés sert à rémunérer le travail des jeunes apprenties dont l'assiduité est ainsi récompensée. L'action heureuse de ces cours d'apprentissage se poursuit hors de l'école par des œuvres d'assistance dont l'objet principal est de procurer du travail aux anciennes élèves, de leur faciliter l'achat, de leur louer à bon compte ou de leur prêter des métiers à tisser perfectionnés, de les aider à écouler le produit de leur travail aux conditions les plus avantageuses ; enfin de leur venir en aide sous les formes, les plus diverses et les plus ingénieuses.

Par les services qu'ils rendent, par la faveur dont ils jouissent, ces Cours servent merveilleusement la cause de l'enseignement des filles indigènes ; par eux, par leur belle tenue, par leur action bienfaisante, par la propagande active, que font autour d'eux les anciennes élèves, les dernières préventions tomberont et la cause de l'enseignement des indigènes ne tardera pas, elle aussi à triompher de tous les préjugés, de tous les égoïsmes ligués encore contre lui comme ils l'étaient au début contre l'enseignement des garçons indigènes et, au temps de Guizot contre l'enseignement populaire.

 

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Ils ont d'ailleurs pour eux quatre puissants facteurs de succès :

 

1 La volonté ferme des pouvoirs publics de faire œuvre féconde et durable.

2 La bonne volonté éprouvée des institutrices dont l'esprit d'initiative, le zèle et le dévouement font l'admiration de tous ceux qui suivent avec sympathie leurs patients et louables efforts.

3 Une organisation bien comprise et d'ailleurs perfectible.

4 Enfin, l’intérêt des indigènes qui seront les premiers à bénéficier de cet enseignement utilitaire et moralisateur.

Par suite, que tous ceux qui ont à cœur l'expansion toujours plus grande de notre civilisation et de notre influence, unissent leurs efforts pour entretenir en faveur de ces Cours Complémentaires d'Enseignement Professionnel et Artistique et des œuvres d'assistance sociale qui les prolongent, un courant d'ardente sympathie. Ils font de la bonne besogne et je suis certain que nous n'aurons pas à regretter nos sacrifices. N'oublions pas en effet, que, s'il faut être fort pour être respecté, il faut être bon pour être aimé.

 

 

Alfred COULON

 

La Femme Kabyle

 

Directeur de l’École d’Application d’El-Biar

BSGAAN ; 1930

 

 

21/03/2010

La Femme Kabyle (Alfred COULON) 2

 

 

EN MÉNAGE

 

 

Voilà donc, et sans autre formalité, sans contrat d'aucune sorte, la jeune femme installée dans sa nouvelle famille. Mariée, sans qu'on ait trouvé utile de solliciter son consentement ni de consulter ses goûts à un homme souvent beaucoup plus âgé qu'elle, c'est pour la femme kabyle surtout que le mariage est une loterie.

 

Si l'époux que les circonstances et la volonté de son tuteur légal lui ont assigné n'a pas été gâté ou aigri par une union précédente et si, homme de caractère, il fait taire d'autorité les insinuations malveillantes de son entourage féminin, jaloux de la beauté de la nouvelle mariée et de la place prépondérante qu'elle prend d'emblée dans la maison, la jeune femme pourra goûter un bonheur partagé car les kabyles qui n'ont ni cafés, ni cercles, ni distractions d'aucune sorte apprécient beaucoup les joies du foyer et ils sont dans la vie ordinaire des maris ni plus exigeants ni plus intraitables que le reste des hommes.

 

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Mais, si par malheur son seigneur et maitre est un paresseux, un débauché, un violent et brutal, alors va s'ouvrir pour la malheureuse, surtout si la naissance d'un garçon ne vient pas à propos mettre trêve aux emportements de son mari, une ère d'ennuis, de contrariétés et de vexations sans nombre. Elle n'a personne pour la protéger et la défendre et elle ne peut exercer aucun recours contre son irascible époux qui n'est pas son associé mais son maitre et qui n'a à rendre compte à personne de ses dérèglements.

 

Quand son ménage est devenu un enfer et qu'elle a conscience de l'inutilité de ses efforts pour ramener son mari à de meilleurs sentiments, la pauvre femme --bravant la réprobation que sa rébellion va lui attirer-- n’a plus qu'une ressource désespérée : celle de s'enfuir chez ses parents qui, contrepartie de l'exclusion des femmes de l'héritage paternel, sont tenus de la recevoir et de pourvoir à son entretien aussi longtemps que les circonstances l'exigeront.

 

C'est la seule échappatoire qui lui est offerte pour rompre les liens devenus insupportables car la femme kabyle ne peut pas solliciter d'elle-même le divorce. Ce droit est l'apanage exclusif du mari qui peut, par contre, l'obtenir avec la plus extrême facilité et sans avoir à engager la moindre dépense.

 

Il lui suffit, pour cela, de manifester devant témoins sa volonté ferme de divorcer et le voilà débarrassé, séance tenante de la compagne qui a cessé de lui plaire. Bien plus il peut même répudier sa femme à distance, par procuration ou par simple lettre. Enfin, il peut encore prononcer un divorce partiel, en quelque sorte provisoire, et qui lui permet de reprendre, sans autre formalité que l'expression de son désir, la femme congédiée dans un accès de mauvaise humeur et qui parait, après réflexion, mériter un meilleur traitement. Le divorce est tellement chose facile et courante en Kabylie que les bambins en se chamaillant, se lancent à tout propos cette invective : « Que ta mère, que tes soeurs soient répudiées. »

 

 

La Femme Kabyle

 

Alfred COULON

 

 

Directeur de l’École d’Application d’El-Biar

 

BSGAAN ; 1930

 

17/03/2010

La Femme Kabyle (Alfred COULON) 1

LA FEMME KABYLE DANS LE MILIEU FAMILIAL.

 

Dès son plus jeune âge, la fillette kabyle est préparée au rôle de ménagère active, de servante fidèle et résignée qu'elle aura à remplir plus tard. Elle aide sa mère dans les durs travaux du ménage et son concours n'est pas de trop car, en général, la femme kabyle fournit une somme de travail au moins égale, sinon supérieure à celle de l'homme.

 

C'est elle qui approvisionne l'eau nécessaire aux besoins de la famille et des animaux domestiques or ce n'est pas une petite corvée car les fontaines sont toujours situées loin du village et souvent au fond de ravins d'un accès difficile, surtout à la mauvaise saison. Elle moud le grain nécessaire à la préparation du couscous et de la galette; elle cuit le pain au four avec le bois et les herbes sèches qu'elle a ramassés elle-même ; elle fabrique les plats, les marmites en terre, les cruches à eau et à huile, ainsi que les énormes jarres et les « ikoufans » où sont conservées les figues et les céréales, elle aide à la cueillette des olives et c'est elle qui en extrait l'huile par des procédés primitifs et par suite pénibles, elle lave, carde, peigne, file et tisse la laine utilisée pour la confection des vêtements de toute la famille ; elle soigne les bêtes, boucane la viande « de conserve », cultive à elle seule le jardin potager et prépare les provisions d'hiver. Enfin, elle aide encore parfois son mari dans les durs travaux agricoles et c'est elle, notamment, qui sarcle les mauvaises herbes dans les champs d'orge et de fèves.

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Sa sujétion commence déjà au sein de la famille et frères et soeurs ne sont pas élevés sur le même pied d'égalité. Toujours les garçons ont le pas sur les filles qui se mêlent rarement à leurs jeux. Ils mangent avec le père et les hôtes, alors que leurs soeurs, qui les servent avec humilité, mangent à part avec la mère et après seulement que les hommes ont été servis.

 

Le père prend plaisir à emmener son fils avec lui au marché, distraction chère aux Kabyles, au centre français où l'appellent ses affaires ; il le conduit aux fêtes ; il l'initie à ses travaux, etc. ..; mais il croirait se couvrir de ridicule s'il s'embarrassait de sa fille. En voyage s'il ne peut disposer que d'une monture, il l'enfourche et prend son fils en croupe tandis que la femme et les filles suivent péniblement derrière, sans même murmurer tant la chose leur parait naturelle et logique.

 

Une femme n'est jamais émancipée si ce n'est que lorsque l'âge l'ayant rendue impropre à procréer, elle est pour ainsi dire asexuée et qu'elle est devenue ce type de vieille, défigurée par les souffrances et les maternités fréquentes, à la peau basanée par le soleil et la pluie, aux seins flétris et pendants, aux membres grêles, qu’on voit trottinant pieds nus dans les rues d’Alger, et se disputant, autour des poubelles, les vieux chiffons, les papiers, les déchets de toute sorte et les détritus de nourriture.

 

BSGAAN-1930_couv.jpgLa Femme Kabyle

Alfred COULON

Directeur de l’École d’Application d’El-Biar

BSGAAN ; 1930

11/03/2010

Le refus du musée (Dahbia ABROUS) extraits

Le refus du musée, avant-projets de Magister en Langue et Culture Amazigh (1991-1998) par Dahbia ABROUS

 

Quels sont les questionnements formulés dans le champ berbère après son intégration comme champ scientifique par l'université algérienne et quelle analyse en faire ? Tel est le propos de mon intervention. L'intégration du berbère à l'université a constitué une véritable levée de tabou. Elle s'est concrétisée par l'ouverture de deux « Départements de langue et de Culture Amazigh » : l'un à Tizi Ouzou en 1990 et l'autre à Béjaïa en 1991. Il est possible de parler de « levée de tabou » car, jusqu'en 1990, les études berbères étaient exclues de l'université algérienne. Cette exclusion était elle-même dictée par le refoulement de la dimension berbère dans le discours officiel algérien. À la différence des départements d'Anglais, d'Arabe et de Français qui sont essentiellement des départements de Langue et de Lettres, ces deux nouveaux départements portent dans leur dénomination la mention « Langue et Culture Amazigh ». Outre les enseignements de Langue et Littérature, leur cursus contient des enseignements d'histoire et de socio-anthropologie. L'introduction de cette dernière discipline est en soi une nouveauté car, depuis les années 1970, ni l'ethnologie ni l'anthropologie — considérées comme des sciences coloniales — n'avaient droit de cité dans l'université algérienne.

Le cursus proposé par ces deux départements universitaires au moment de leur ouverture était un cursus de Magister (représentant la première étape dans la formation doctorale, et équivalant au Diplôme d'Études Approfondies — DEA — délivré par l'université française). L'accès à ce cursus est soumis à un concours pour lequel les candidats étaient tenus de présenter un avant-projet de recherche dans l'une des options suivantes : Civilisation, Linguistique, Littérature, le choix des thèmes relevant de leur entière initiative.

Ces avant-projets « spontanés » (leur thématique n'a pas été proposée et ils n'étaient pas encore construits sur le plan scientifique) traduisent des interrogations qui traversent à l'état diffus la société sur la situation et le devenir de la culture berbère, d'où l'intérêt de leur analyse. Pour être exhaustive, une telle analyse devrait tenir compte de la totalité des avant-projets présentés dans les départements des deux universités de Tizi-Ouzou et de Béjaïa. Dans ce travail a été dépouillé et analysé un échantillon de 44 avant-projets, représentant ceux des candidats admis aux quatre premières promotions de Magister entre 1991 et 1998 à l'université de Béjaïa. Ont été également analysées les demandes d'inscription qui accompagnaient ces avant-projets.

L'analyse de la thématique de ces avant-projets et l'étude des options dans lesquelles ils s'inscrivent indique un lien étroit avec le contexte social dans lequel ils ont été élaborés, en particulier avec la manière dont se posait la question berbère en Algérie.

Ce sont les options « Civilisation » et « Linguistique » (avec dix-huit avant-projets pour chacune) qui dominent, suivies de loin par l'option « Littérature ». En linguistique, les avant-projets comportent quelques thèmes classiques (ex : « Le verbe entre le temps et l'aspect », la formation du pluriel en berbère »). On y note aussi quelques travaux de collecte lexicale (ex : « Complément au dictionnaire de J.-M. Dallez ») et surtout des thèmes liés à la profonde dynamique qui, depuis quelques décennies, traverse le kabyle (ex : « Règles de transcription de la langue berbère », « La néologie en tamazight »). En littérature, les avant-projets sont orientés vers des objectifs de collecte (poésie, proverbes, contes) et vers l'analyse de la production littéraire moderne (romans, théâtre) ; quant aux avant-projets de civilisation, ils sont centrés sur le passé lointain, en particulier sur la Préhistoire et l'Antiquité (ex : « Essai sur la classification des monuments mégalithiques de la Berbérie protohistorique », « L'agriculture numide : les efforts de Massinissa ») et sur la revendication identitaire (ex : « Le mouvement amazigh en Algérie entre 1980 et 1995 »). L'option civilisation comporte aussi d'autres thèmes : « assemblée villageoise », « laïcité », « monographie de tribu », etc. …

D'autre part, aussi bien pour la littérature que pour la langue, ces avant-projets soulignent l'urgence des travaux de collecte, ces travaux sont perçus comme une nécessité vitale : « une véritable course contre la montre, contre la mort » (1ère Promotion, Avant-projet, p. 2). Cette collecte, non destinée au musée, est présentée comme une « tâche essentielle » qui doit assurer la permanence : « sauver notre langue de l'oubli qui la menaçait, l'écrire et l'utiliser pour qu'elle devienne un support solide et permanent susceptible de transmettre aux générations futures toutes les manifestations de notre personnalité » (4ème Promotion, Avant-projet, Avant-propos).

Face au discours officiel en matière d'identité nationale, discours dont tous les programmes du système éducatif portent l'empreinte, ces avant-projets - en raison de la diversification de leur thématique, de leur articulation avec des questions très récentes – sont porteurs d'un contre-discours : ils traduisent la dynamique d'une culture qui refuse d'être reléguée au musée.

 

CLAUDOT-HAWAD-Helene_Berberes-ou-Arabes_2006.jpgBerbères ou Arabes

 

Éditions Non-Lieu

2006

 

Pages 171 à 176