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28/05/2010

Fiez-vous aux femmes (Ameqran AT YEHYA) 2

 

 

Un jour, Dieu l'amena au village où se trouvaient sa femme et l'homme qui l'avait entraînée Il alla s’asseoir à la tajmaat, se proposant d'y passer la nuit, (mais vous n'auriez pas reconnu l'homme même le connaissant depuis longtemps, tant il était amaigri et mal vêtu ; même, i1 ne s'était plus rasé depuis la fugue de sa femme).

Il attendit à la tajmaat jusqu'au soir. Les gens se levèrent pour rentrer chez eux. Il en resta un : il se trouvait que c'était celui qui avait enlevé sa femme. Le mendiant le reconnut mais l'autre ne le reconnut pas. Il lui dit :

-        Tu ferais bien, l'ami, de te mettre à chercher un repas pour ce soir ; c’est 1e moment ; ou, peut-être, sais-tu où aller ?

L'autre répondit :

      Mon cher, je ne sais où je pourrais aller ; si quelqu'un m'apporte de quoi souper un peu, très bien, tant mieux ; sinon, c'est réglé, je reste ici.

      Alors, viens avec moi, dit l'autre : tu auras à souper et où dormir.

Ils quittèrent la place.

À la maison, ils allèrent à la chambre des hôtes. À ce moment, l'épouse fugitive passa la tête (dans l'embrasure de la porte). Elle ne le reconnut pas, mais i1 la reconnut : il ne dit rien.

En entrant dans la chambre, 1e maître de la maison dit à son hôte :

      Reste ici : je vais te faire allumer du feu en attendant que le souper soit prêt.

Et il alla dans une autre pièce. Au bout d'un moment, la mère de cet homme entra, alluma du feu. Elle regarda le mendiant :

      Homme, tu me plais: si tu acceptes de m'épouser, nous vivrons heureux : tu es âgé et je suis vieille aussi.

      Mère, répondit-il, je suis sûr que ton fils nous tuerait, aussi bien moi que toi.

      C'est cela qui t'inquiète ? Pas de difficulté : écoute ; tout à l'heure, je servirai le repas: je poserai le plat entre vous deux : sur le côté que je tournerai vers toi, tu pourras manger sans crainte mais je mettrai du poison du côté où mon fils se servira. Quand il sera mort, nous irons où tu voudras.

— C'est entendu, dit-il.

Le bouillon fut versé ; elle plaça le plat entre eux deux. Le maître de la maison prit la cuillère et dit : Au nom de Dieu ! Le mendiant lui saisit la main. Il reprit sa cuillère et 1e mendiant la lui fit remettre dans le plat. Une fois encore, même manège.

Enervé, le maître de la maison dit :

      Mange si tu veux, sinon laisse-moi !

DALLET_Contes.JPGAmeqran AT YEHYA

 

Écrit en 1941

Paru en 1968 ;  N°99

 

Réédition dans CONTES KABYLES

Tome III

1970

 

Pages 190 à 203

 

 

Pages correspondantes en kabyle :

DALLET_Contes_T-III_p195.JPG
DALLET_Contes_T-III_p197.JPG
DALLET_Contes_T-III_p199.JPG

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