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27/01/2012

Hold-up à la Casbah (Tarik DJERROUD) 2

 

Les doigts dans les cheveux, Polignac remua sa mâchoire :

- Oui, Majesté ! L’Angleterre ne souffre point de piraterie ; on s’en fout d’elle mais, les Cours européennes seront avec nous et partageront nos soucis et nos résolutions. Oui, Majesté ! Cet argent peut nous servir à acheter des voix pour les prochaines élections, soudoyer les récalcitrants sinon acheter le silence des bourgeois ! Rien qu’à Paris, l’opposition est d’ores et déjà amplement favorite. Les élections approchent, dans quatre mois, le temps presse, Majesté, l’heure de partir vers Alger est arrivée, chaque retard et chaque hésitation jouent en faveur des anglais, Majesté !

Charles X exultait :

- Oui, messieurs ! Grâce au concours de la Providence, on ferait également avancer la chrétienté ! Et leur Trésor va indemniser nos efforts et nous faire assurément quelques réserves.

Impatient, Charles Lemercier de Longpré, baron d’Haussez, ministre de la Marine, toussa et s’octroya la parole :

- Majesté, les plans sont prêts depuis belle lurette. De plus, il y a trois siècles, les Espagnols étaient déjà aux aguets. Notre majestueux Charles Quint qui rêvait jusqu’à l’obsession d’épingler Alger sur le bout de son épée était brillamment conseillé par le général André Doria en lui prodiguant qu’en Afrique, la réussite passe par trois excellents ports ; juin, juillet et août… Sinon, rien !

Il coupa sa parole, sec, et ravala sa langue avec le nom de Napoléon qui était l’ennemi juré des Bourbons. Finalement, le baron ajouta :

- Mieux encore, il y a plus de vingt ans, le capitaine Boutin a défraîchi le terrain ! Nous attendons uniquement votre aval et nos armées seront sur un pied de guerre dès la mi-mai.

Le chef du Gouvernement jeta un regard de biais et serein à son ministre de la Marine.

- Avez-vous un nom à proposer pour acheminer nos armées à bon port ?

Le baron d’Haussez boursoufla le torse et répondit sans hésitation :

- Bien sûr ! J’ai le nom d’un officier réfléchi et plein de bon sens ; le Vice-amiral Duperré, un homme d’esprit. Actuellement, il est un officier de la marine de Brest, un de nos brillants combattants auquel on doit une fière chandelle, héros majeur de la Compagne de l’Inde.

general-bourmont_ph-NapoléonBonaparte.jpg

(Le Général de Bourmont)

 

En marquant un silence, Polignac retourna la question au ministre de la Guerre. Le regard ne soutenant aucun doute, le ministre se dressa sur ses ergots guerriers, porta sa main droite vers ses pectoraux et jeta :

- C’est moi : Louis Auguste, comte de Bourmont en personne !

Charles X se leva et ses convives firent de même dans un grincement de sièges. Brossant du regard les murs chatoyants de la salle des États généraux, posant ses yeux doucereusement sur les tableaux de peintures, le Roi se tourna finalement pour regarder simultanément ses ministres :

- Nous irons en guerre !

À la même seconde, de larges sourires se répandirent sur les visages des présents, comme délivrés d’une longue et pernicieuse attente. Avançant d’un petit pas afin de tenir de Bourmont par l’épaule pour lui communiquer sa confiance, le ministre de la Guerre releva ses paupières et soutint le regard endurci du Roi :

- Nous allons triompher, Majesté !

 

Tarik DJERROUD

Hold-up à la Casbah

 

Edifiions Belles Lettres

2012

 

 

Commentaires

Belle histoire.

Écrit par : ALLOUCHE Mohammed | 27/01/2012

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