16/05/2013
L’Action politique en Algérie (Docteur Mahmoud BOUDARÈNE) 2
Les Parlementaires algériens ne sont pas défendables. Ils méritent largement les critiques dont ils sont l'objet. Ils ne répondent pas aux attentes de la population. Ils ne l'écoutent pas et ne lui sont pas disponibles. Ils se contentent, nous le disions, d'obéir aux ukases de leurs chapelles politiques respectives. En particulier ceux qui émargent dans les partis qui composent l'alliance présidentielle. Ici le pouvoir, les partis et les députés qui lui sont inféodés se confondent et constituent la majorité à l'Assemblée. Et parce qu'ils sont la majorité, ils entérinent toutes les lois présentées par le gouvernement-pouvoir, même les plus impopulaires. Comment peut-on comprendre autrement le vote systématique de tous les projets de loi, même quand ceux-ci sont violemment critiqués durant les débats ?
Ils ont voté une loi qui proroge de deux ans l'exploitation des sablières des vallées du Sebaou et de Chlef, en dépit du bon sens et du risque sanitaire -pourtant prouvé- que celles-ci (les exploitations) peuvent engendrer pour les populations. Ils ont également voté une loi, de finances (2008) sans que le chef du gouvernement, en violation de la Constitution, ne vienne présenter devant l'Assemblée le bilan de l'année précédente. Ils entérinent des ordonnances impopulaires, à l'exemple de celles qui ont été votées le 17 septembre dernier. Des ordonnances qui ont, faut-il le rappeler, soulevé l'ire de toute la population et qui ont tellement fait couler d'encre. Même si quelques semaines tard, dans les débats sur la nouvelle loi de finances (2009), nombreux sont ceux qui sont revenus sur la taxe sur les véhicules neufs et qui ont appelé -sans grande conviction, probablement pour l'objectif des caméras de, télévision- le ministre des finances à l'abroger. Ces députés se sont, toutefois, bien gardés de remettre en cause l'augmentation de leur salaire. Mieux que ça, certains ont violemment pris à partie leurs collègues qui ont rejeté les deux textes de loi, notamment ceux du groupe RCD. « Si vous ne voulez pas de cette augmentation, donnez-la au croissant rouge » a dit avec une rare véhémence l'un d'eux, un député particulièrement zélé et fervent partisan du troisième mandat.
Une offre de service, une parmi tant d'autres.
Ces députés voteront la nouvelle loi de finances, en violation de la Constitution. Une loi qui attribue à trois ministères en charge de la jeunesse -Culture, Jeunesse et sports et Formation professionnelle- un budget global de moins de 60 milliards de dinars alors que le département de la Solidarité nationale obtient à lui seul une cagnotte de près de 86 milliards. Mais cela est normal, ce super ministre qui a les faveurs du pouvoir a une mission : la propagande pour la révision de la constitution et le troisième mandat. Il faut beaucoup d'argent pour cela. Quant à l'Aménagement du territoire, avenir des générations futures, il doit se contenter de 5 petits milliards de dinars. Ce qui a fait dire au président du RCD que «... en vérité, ce projet de loi est un financement implicite d'une révision humiliante de la Constitution et de la fraude électorale annoncée si les choses restent en l'état...».
Durant les débats autour de cette loi de finances 2009, les parlementaires dans leur écrasante majorité ont été pareils à eux même. Ils ont fait dans le déni de la pauvreté grandissante et des inégalités sociales de plus en plus criardes qui caractérisent la société algérienne. Ils ont fait l'impasse sur la détresse et les cris de désespoir de tous ces jeunes algériens, harragas, qui ne veulent plus vivre dans leur pays. Ils ont encensé le pouvoir « qui fait tout ce qu'il peut pour faire le bonheur des citoyens » et ont appelé le peuple à plus de sabr (patience). Ils ont demandé avec insistance au Chef de l'Etat de se présenter pour un troisième mandat et comme des suzerains, ils se sont adressé aux citoyens de leur wilaya d'origine pour bien leur signifier qu'ils veillent à la promotion de leur bien-être et qu'ils peuvent être tranquilles. Cécité et surdité psychique, s'il en est.
Les députés de l'opposition démocratique, certes peu nombreux, ont fait de la résistance avec détermination. Ils ont dénoncé un Parlement aux ordres, docile et réduit à « une chambre d'enregistrement ».
En ce qui concerne la loi de finances 2009, elle est, comme les précédentes, loin des préoccupations du citoyen. Elle sera de toute façon votée. Ce dernier (le citoyen) quant à lui, entend et voit, et par la magie de la télévision, il regarde ses parlementaires « bavarder » à l'Assemblée. Il forge son opinion et attend.
El Watan, le 09 novembre 2008.
Docteur Mahmoud BOUDARÈNE
L’Action politique en Algérie
Un bilan, une expérience et le regard du Psychiatre.
Éditions L’Odyssée
Tizi-Ouzou 2012
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