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31/01/2010

Amies, chantons avec entrain (Bahia AMELLAL)

 

"La Ruche de Kabylie" a emprunté au répertoire scout universel, des chants qu’elle a modifiés et conjugués au féminin.

 

Exemple : 

 

Amies, chantons avec entrain

 

(Chanson de marche, dont le titre original est Faïdoli)

 

 

Amies, chantons avec entrain

Notre si joyeux refrain

Lançons-le comme un défi

Au chagrin, à l'ennui !

 

 

Refrain

Les Abeilles ne savent pas

Ce que c'est que d'voir tout en noir

Mais elles savent bien chanter du matin jusqu'au soir.

 

 

À travers les grands chemins,

Allons, nous donnant la main

Et pour chasser les soucis,

Reprenons à l'envie.

 

 

Si la soupe brûle au camp

S'il y a pluie ou grand vent

Au lieu de nous lamenter

Mettons-nous à chanter.

 

 

(Quatrième couplet, inexistant dans la version Ruche)

 

Parfois les braves gens furieuses

De nous voir si joyeuses

Veulent nous enguirlander

Chantons pour les calmer

 

 

Bahia AMELLAL

 

La Ruche de Kabylie (1940-1975)

 

 

Page  107

Ruche-de-Kabylie_1959-mars-avril.jpg

25/01/2010

La Ruche de Kabylie (Bahia AMELLAL)

 


La Ruche de Kabylie (1940-1975)

 

1. Retour sur la naissance d'un mouvement féminin

La réflexion autour de la création d'un mouvement pour les filles serait née en 1939. On attribue l'idée de la Ruche à Soeur Jean Boscou, une femme très proche de la nature. Elle avait pour passion de s'occuper d'animaux et aurait même tenté des croisements alors qu'elle était en Afrique. En Kabylie, elle a eu à observer la société. Le travail acharné, l'ingéniosité et l'opiniâtreté des Kabyles à cette époque, lui rappelaient la vie des abeilles dans une ruche, sa ruche qu'elle entretenait dans son jardin. Elle a eu l'intuition que le principe du mouvement de la Ruche allait bien convenir à la société. Un mouvement où l'esprit d'équipe, l'organisation et le travail minutieux seraient valorisés comme le fait la société kabyle elle-même. L'abeille, si appréciée en Kabylie, devient le symbole du mouvement d'autant plus qu'elle a pour propriétés de travailler dur et en communauté.

 

 

2. La langue de travail au sein de la Ruche

La langue de communication dans les ruchers est d'abord le kabyle. En effet, les plus jeunes, lorsqu'elles intègrent la structure, ne parlent pas encore le français. Le kabyle permet un gain de temps aux filles, leur permettant d'acquérir les premières notions du fonctionnement de la Ruche. Le français est bien entendu utilisé, particulièrement chez les aînées qui ont acquis la maîtrise de cette langue. La langue arabe ne fera son apparition dans la Ruche que plus tard, à l'indépendance de l'Algérie.

Toutes les expressions (Lois, Devises, et Principes) existent dans les trois langues : le kabyle, l'arabe et le français.

 

 

3. Définition de la Ruche

Dans « Chrétiens de Kabylie », Karima Dirèche définit ainsi la Ruche : une association organisée sur le modèle Scout, développe un système de marrainage qui conjugue émancipation féminine et respect des traditions. Les élèves les plus âgées et les plus avancées dans leur scolarité ou dans leur formation, prennent en charge les moins âgées en réactivant l'éducation maternelle mais dans des registres d'apprentissage valorisants et qualifiants.

Selon les filles de l'Association, La Ruche est une grande famille où à l'exemple des abeilles, les jeunes filles apprennent à faire de leur mieux pour faire plaisir au bon Dieu et à leurs parents et pour devenir plus tard de bonnes ménagères et de bonnes mères de famille. Pour chaque équipe, l'idée se précise. Sur son fanion, elle inscrit sa devise. Son coin fleuri lui semble le plus beau pour semer plus. Jamais rien n'est de trop. De mieux en mieux. Dans nos Essaims nous vivons en équipes, d'abord vaillantes, gardiennes des principes, puis Butinette et ses petites soeurs, bien en famille à leur commun labeur. Travaillons mieux.

En langue kabyle, cette définition devient : Tayrast d 1wacul ameqqran, wuyur ttruhunt tehdâyin, ad issinent Rebbi, lewqama, akk d lemâaini. Ad hadrent imawlan-nnsent d yexxamen-nnsent, ad rebbint dderya-nesent, a d-ffyent d tiqcicin n 1âali.

Initialement appelée La Ruche de Kabylie, elle deviendra La Ruche d'Algérie en 1961. En 1963 à la Préfecture de Tizi-Ouzou, on avalise le nom d'Association de formation féminine familiale et ménagère.

 

 

AMELLAL-Bahia_La-Ruche-de-Kabylie.jpgBahia AMELLAL

La Ruche de Kabylie

(1940-1975)

 

Éditions ACHAB

Tizi-Ouzou ; 2009

 

Pages 47 à 49

 

18/01/2010

Pères Blancs et Sœurs Blanches (Bahia AMELLAL)

 

2. Histoire d'une implantation 6-8

C'est cette Kabylie démunie que Charles Lavigerie, archevêque d'Alger (1867-1892), cible pour lancer sa large opération d'évangélisation : L'Algérie n'est qu'une porte ouverte sur un continent, disait-il. La grande mission Africaine, prend son point de départ en Algérie avec une première implantation des missionnaires d'Afrique, appelés par la suite Pères Blancs, à Taguemount-Azouz le 15 février 1873. Cette mission a, ensuite, traversé les frontières kabyles pour s'étendre au Sahara et rejoindre ensuite d'autres pays africains.

Tout cela démarre une fin d'avril, en 1872. Mgr Lavigerie en visite pastorale à Fort-National (Larbaâ-Nath-Irathen), demande que l'accompagnent des orphelins kabyles provenant des famines de 1867­-1868, transférés au centre des Attafs à Orléansville (El-Asnam). Lorsque la petite troupe arrive non loin de Fort-National, les enfants s'écrient : C'est notre village ! C'est Taguemount-Azouz ! 6

Ainsi, le 2 février 1873, des Pères quittent Alger pour Taguemount-Azouz. Ils font escale à Fort-National où la neige les contraint à l'immobilisation pendant quatorze jours. Ce n'est que le 15 au soir qu'ils atteignent les At-Aïssi, où l'Amin et les notables de Taguemount-Azouz les conduisent à la demeure qu'ils ont louée. Le propriétaire leur apporte une natte, une galette et un peu d'huile. Dans la maison où nous venions de nous installer, on remarquait pour tout ornement quelques jarres kabyles destinées à recevoir l'orge et les figues, un poêle servant à la fois de foyer et de cuisine, en face se trouve un bien modeste autel, fait d'une planche et de quelques linges, en dessous coulait un ruisseau destiné à la salubrité de la maison. Les tables y étaient inconnues et chacun écrivait où il pouvait. Le soir venu, on se disposait à prendre soit repos sur le sol mais il n'était pas rare de se voir troublé au milieu de son sommeil par des gouttières importunes 6. L'habitation est voisine de celle de l'Amin qui, peu enchanté d'avoir de tels voisins, propose un emplacement plus spacieux à l'entrée du village.

Les religieux se mettent vite à l'œuvre pour gagner les cœurs. D'abord une école aménagée dans un gourbi que seuls quelques très rares récalcitrants fréquentent. Ils écrivent sur les cantines des Pères. Les notables à la tajmaâït interdisent l'envoi des enfants chez ces chrétiens. En 1874, rien que deux enfants. Des « recruteurs » d'écoliers sont engagés. Ils perçoivent 50 centimes à chaque nouvelle « tête ». Un père punit son fils en le suspendant par les pieds à une poutre car, poussé par la curiosité, il s'est rendu à cette école. En 1891, une cinquantaine d'adultes de 15 à 30 ans fréquentent les cours du soir. En 1923, on crée une troisième, puis une quatrième classe pour arriver à une école digne de ce nom.

Pendant ce temps de nouveaux Pères arrivent et parcourent les villages avoisinants. Il faut multiplier les postes.

 

3. Etat des lieux à l'arrivée des Pères-Blancs 2-5-9

Le cas des At-Yanni est une belle exception. L'école Jésuite destinée aux autochtones est créée en 1873, à At-Larbâa ; elle revient en 1883 aux Pères Blancs et continue de recruter des élèves. Cette année 1883 voit aussi la naissance d'une école publique française, à Taourirt-Mimoun (école que fréquentera, plus tard, Mouloud Mammeri). Avec ses trois classes, cette école ministérielle est la plus vieille école française d'Afrique. Une école manuelle (existe) aussi, à At­-Larbâa. Un privilège qui a donné aux At-Yanni une avance intellectuelle et manuelle sur leurs voisins. À Fort-National, il y a l'école des arts et métiers née en 1867 et l'orphelinat de Taddart­-Oufella fondé en 1884 6-9. À Djemâa-Saridj, deux classes Jésuites ouvrent en 1873, pour 112 enfants âgés de 9 à 18 ans. En 1875 c'est une grande école, à l'ombre des hêtres, qui émerge de la terre de Djemâa.

 

4. Arrivée des Sœurs

1878 : les Sœurs sont installées aux Ouadhias. D'autres rejoignent les autres postes où leurs collègues, les Pères, se trouvent. L'école féminine va s'imposer à chacun de ces postes pour apporter à la fille kabyle sa part d'enseignement. L'adjonction d'un ouvroir et d'une section ménagère à l'école renforce la formation de ces fillettes à tous les niveaux : maîtrise de la langue d'enseignement, initiation à des travaux appropriés et adaptés aux usages locaux tels que l'hygiène domestique, la puériculture et l'instruction ménagère (couture, repassage, tricot, lessive...). 6-7 9

 

Références

2. Alfred Rambaud. Les écoles françaises d'Algérie chez les kabyles. Revue : L'illustration. Août 1891.

5. August Veller. Monographie de la commune mixte de Sidi-Aïch (1888). IBIS Press, 2004.

6. François Dornier. En Kabylie. Au fil des jours, sur les pas des Pères Blancs. Taguemount-Azouz, Les Ouadhias, Taourirt-Manguellat, Iberkanen. Bry-sur-Marne, novembre 2004. (Manuscrit non publié).

7. Karima Dirèche-Slimani. Chrétiens de Kabylie. 1873-1954. Une action missionnaire dans l'Algérie coloniale. Editions Bouchène, 2005.

8. Antony Philippe. Mission des Pères Blancs en Tunisie, Algérie, Kabylie, Sahara. Edition Dillen, 1930.

9. Fathma Ath Mansour Amrouche. Histoire de ma vie. François Maspéro, 1968.

AMELLAL-Bahia_La-Ruche-de-Kabylie.jpgBahia AMELLAL

La Ruche de Kabylie

(1940-1975)

 

Éditions ACHAB

Tizi-Ouzou ; 2009

 

Pages 20 à 24

AMELLAL-Bahia_Tableau-page33.JPG

 

 

10/01/2010

Mathias Sandorf (Jules VERNE)

 

Le principal bazar de Tétuan* est un ensemble de hangars, d’appentis, de bicoques, basses, étroites, sordides en de certains points, que desservent des allées humides. Quelques toiles, diversement colorées, tendues sur des cordes, le protègent contre les ardeurs du soleil. Partout, de sombres boutiques où se débitent des étoffes de soie brodées, des passementeries hautes en couleurs, des babouches, des aumônières, des burnous, des poteries, des bijoux, colliers, bracelets, bagues, toute une ferronnerie de cuivre, lustres, brûle-parfums, lanternes, – en un mot, ce qui se trouve couramment dans les magasins spéciaux des grandes villes de l’Europe.

 

Il y avait déjà foule. On profitait de la fraîcheur du matin. Mauresques, voilées jusqu’aux yeux, Juives, à visage découvert, Arabes, Kabyles, Marocains, allant et venant dans ce bazar, y coudoyaient un certain nombre d’étrangers. La présence de Luigi Ferrato et de Pointe Pescade ne devait pas autrement attirer l’attention.

 

Pendant une heure, à travers ce monde bigarré, tous deux cherchèrent s’ils rencontreraient Namir. Ce fut en vain. La Marocaine ne se montra point, Sarcany pas davantage.

 

Luigi voulut alors interroger quelques-uns de ces jeunes garçons, à demi nus, – produits hybrides de toutes les races africaines dont le mélange s’opère depuis le Rif jusqu’aux limites du Sahara, – qui grouillent dans les bazars marocains.

 

Les premiers auxquels il s’adressa ne purent répondre à ses demandes. Enfin l’un d’eux, un Kabyle d’une douzaine d’années, à figure de gamin de Paris, assura qu’il connaissait la demeure de la Marocaine, et il offrit, moyennant quelques menues pièces de monnaie, d’y conduire les deux Européens.

 

L’offre acceptée, tous trois s’engagèrent à travers les rues enchevêtrées qui rayonnent vers les fortifications de la ville. En dix minutes, ils eurent atteint un quartier presque désert, dont les maisons basses étaient clairsemées, sans une fenêtre à l’extérieur.

 

* Tétouan : ville du nord du Maroc, non loin de Ceuta.

 

 

VERNE-Jules_Mathias-Sandorf.jpgJules VERNE

 

Mathias Sandorf

 

extrait

 

1885

 

02/01/2010

Conte de Tislit n’Lebher (Larbi RABDI)

 

Ceci est le conte de Tislit n’Lebher ; qu’il soit beau et se déroule comme un long fil.

 

Il était une femme qui avait une jolie petite fille qui s'appelait Aïcha.

Un jour, elle tomba malade. Sentant son heure approcher, elle appela son mari à son chevet et lui dit :

- Promets-moi de ne te remarier ou de donner notre fille en mariage que le jour où elle sera capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

En vérité, la pauvre femme voulait épargner les affres d'une marâtre à sa fille jusqu'à ce qu'elle soit assez grande pourri être à la merci de personne.

- Je te le promets, lui répondit son mari.

 

Il n'avait pas terminé ses paroles que sa femme rendit l'âme.

Il tint sa promesse et resta avec sa fille, prenant le plus grand soin d'elle.

Mais, il y avait, au village, une vilaine femme qui avait entendu parler de cet homme qui vivait seul. Elle attira la jeune fille, la combla de cadeaux et commença à lui promettre monts et merveilles pour peu que son père consente à l'épouser, et la fille de s'en retourner chez elle le répéter à son père : « S'il te plaît papa, épouse cette femme ; elle me traitera mieux que sa propre fille » et, à chaque fois, son père de lui répondre la même chose :

- Il n'est pas question que je trahisse la mémoire de ta défunte mère.

 

Mais la fille n'en démordit pas, à tel point qu'elle ne tenait plus avec son père de conversation où il ne soit question de cette femme si vertueuse et si gentille...

Harassé et acculé par la ténacité de sa fille, son père finit par accepter et alla demander la main de la femme.

 

Les premiers temps, la femme choya la petite fille au-delà de ce qu'elle avait rêvé. Mais, aussitôt passée la lune de miel, elle changea d'attitude et dit à son mari :

- N'est-il pas temps que tu penses à donner ta fille en mariage ?

- Mais c'est une pauvre orpheline qui ne te dérange en rien, et puis j'ai promis à sa mère de ne la donner en mariage que lorsqu'elle serait capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

 

Devant cette réponse la femme comprit que seule la ruse payerait. Elle appela la petite fille et lui demanda

- Aimes-tu vraiment ton père ?

- Plus que tout au monde, chère tante.

- Et bien si tu l'aimes tant que ça, tu ne peux que tout faire pour le rendre heureux.

- Dites-moi ce qu'il me faut faire.

- Sais-tu que ce qui ferait vraiment plaisir à ton père c'est de te voir capable de prendre toute seule le pain sur le dekkan.

- Mais je n'en serai pas capable chère tante, je suis si petite.

- N'aie crainte, je te montrerai comment faire.

Elle prit un tas de terre, le mit sur le sol dans la partie la moins éclairée de la chambre et façonna une sorte de marche assez haute pour que Aïcha puisse prendre facilement le pain, puis lui dit :

- Quand ton père sera de retour, je te demanderai de lui apporter le pain, et tu iras le chercher toi-même en montant sur cette marche-là.

 

Le soir venu, le père rentra. La femme s'empressa de demander à Aïcha de prendre le pain. Celle-ci, ne contenant que difficilement sa joie, alla vers le dekkan, prit soin de monter discrètement sur la marche, tendit la main et prit la galette de pain.

 

RABDI-Larbi_le-roi-et-les-3-jeunes-filles.jpgLarbi RABDI

Le Roi et les trois jeunes filles

(Lunğa yellis n’tamza)

 

L’Harmattan

Paris ; 2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pages correspondantes en kabyle :

 

RABDI-Larbi_conte_p68.JPG
RABDI-Larbi_conte_p70.JPG
RABDI-Larbi_conte_p72.JPG