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29/10/2010

L’homme de mauvaise vie (Belqasem IHIGATEN)

 

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Belqacem IHIGATEN_A travers la brume.jpgBelqasem IHIGATEN

 

À travers la brume

Udhir Uffir

 

L’Harmattan ; 2010

 

 

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26/10/2010

L’existence (Belqasem IHIGATEN)

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Belqacem IHIGATEN_A travers la brume.jpgBelqasem IHIGATEN

 

À travers la brume

Udhir Uffir

 

L’Harmattan ; 2010

 

 

 

22/10/2010

La jeune Kabyle et le songe de l'eau (AQACIWALI)

 

La jeune Kabyle avait coutume d'invoquer le songe, lorsque son cœur était encombré d’inquiétude, absence de l’être cher, le père, le frère, le fiancé ou le mari parti chercher pitance. Lorsque ce même cœur bat en partage pour des partis indécis qui le remplissaient d’anxiété. Quand, le plus souvent hélas, la vision de son sort était brouillée... Son père, son frère, son oncle, son tuteur pouvait la marier à son insu, du jour au lendemain, dans thajmäyth, l’assemblée des hommes, comme au marché.

 

Au crépuscule, elle s'asseyait alors secrètement au seuil de la porte et elle se mettait à pétrir en cachette une pâte sur son genou. Il y avait là entre ses doigts, l'équivalent en semoule de sept fois ce que puise l'ongle du pouce dans la jarre, autant de sel, et autant d'eau. En quelque sorte, elle pétrissait son rêve. Ce faisant, elle souhaitait du ciel qu'il lui révélât la tournure, ou le tour, de sa destinée. Avec la mixture salée elle obtenait une petite galette, "thahvult lvkht, galette du sort", qu'elle faisait cuire sur la braise par une seule face. Elle la partageait en trois parts égales qu'elle donnait à manger aux femmes qu’elles avaient mises dans le secret, la sœur, la belle-sœur, la tante ou la grand-mère. Ou bien elle avalait un à un les morceaux de pain salé avant de se coucher aux trois nuits suivantes durant lesquelles elle s'abstenait de boire. Elle provoquait ainsi son rêve de l'eau... On lui racontait celui qu’on avait fait pour elle, elle disait le sien… Une fontaine où son élu secret eut rempli sa cruche ou lui eut offert à boire ; la maison de cet autre, désiré sans se l'avouer, et où elle eut été se désaltérer ; de l’eau qui coulât, ruisseau ou source, signe favorable qui allât la rassurer, lui redonner par la soif l'espoir qu'elle recherchait dans le sel. Ämän dh läman, l'eau est pureté, confiance, croyait-elle... Avant ! Avant que les rêves d'eau ne tombent à l'eau ... Comme ceux de beaucoup de jeunes malheureux.

 

 

galette-kabyle_detail.jpgAQACIWALI

 

Ylla, Thella

 

Feuilles de contes

 

 

Édilivre, 2007

 

16/10/2010

Les Animaux ont parlé en Kabylie (Aqaciwali)

 

En ce temps où les animaux avaient parlé, leurs vœux furent immédiatement exaucés.

- Znn ! dit l'abeille, qui je pique, je meurs.

Elle voulait dire "qui je pique, meurt", mais le Souverain avait fait fourcher sa langue et depuis c'est elle qui meurt en perdant son dard lorsqu'elle pique quelqu’un.

- Dieu, souhaita le chat, aveugle les gens de la maison, que je puisse dérober la viande à loisir.

- Non, mon Dieu, pria le chien au contraire, fais prospérer la famille ! Qui mange m'offre une bouchée.

Aussi surveille-t-on toujours le chat et le surprend-on lorsqu’il va chaparder la viande ou voler les poussins. Et on aime bien à table, lancer quelque chose à manger au chien de la maison.

- Dieu, fais la nuit, que je puisse me reposer, pria le bœuf de labour.

- Mort, je choisis l'enfer, déclara le bourricot, ça me reposerait des enfants et de leurs courses incessantes sur mon dos.

- Dieu, rends-moi muet, demanda Isghi le percnoptère, pour n'avoir pas à témoigner contre quelqu'un.

Et probablement aussi pour qu’il ne risque pas de proférer d'âneries.

 

Vint le moment de distribuer l’espérance de vie. Cinquante ans pour l'homme, trente cinq pour l'âne, vingt cinq pour le chien et vingt pour le singe.

- C'est trop peu, protesta l'homme. Quoi, j'aurais à peine goûté à la vie que je mourrais ?

- Je veux bien te céder dix ans, proposa le baudet. Ce serait toujours ça de moins à trimer, m'user les sabots et souffrir l'aiguillon et le gourdin que tu m’administres.

- Mon maitre, mon ami, s’écria le chien, je ne saurais être heureux si tu ne l'étais ; je t'offre donc volontiers dix autres années des miennes.

- Quant à moi, dit le singe, il me suffirait de dix ans à surveiller, à sauter d'arbre en arbre, la peur de recevoir la raclée de mes congénères si nous étions surpris par l'ennemi.

C'est pourquoi donc, après la cinquantaine l'homme vit "la dizaine de l'âne" à besogner sans cesse pour rattraper le temps qu'il a été insouciant ; puis la "dizaine du chien", toujours à maugréer, sermonner, crier, après tout et tous ; et enfin "la dizaine du singe", le menton qui avance en pendouillant, la bouche en cul, la langue tremblotante, les tics, les gestes involontaires, les grimaces... de la vieillesse !

 

AQACIWALI_Ylla-Thella.jpgAQACIWALI

Ylla, Thella

Feuilles de contes

 

Édilivre, 2007

 

04/10/2010

Islamisation, marabouts et çoufis en 1900 (EDMOND DOUTTÉ)

 

Pages 38-39

 

Le grand travail d’islamisation qui eut lieu alors est perceptible même pour celui qui lit superficiellement les histoires des musulmans ; à partir du XVI‘ siècle, tout change : les tribus n’ont plus les mêmes noms, elles se donnent des patrons religieux ; les historiens se montrent beaucoup plus intolérants dans leurs appréciations; les saints, les marabouts, jouent dans l’Etat et dans la vie populaire un râle de plus en plus grand. On croirait, quand on passe d’ibn Khaldoùn à Et Oufrànî, qu’on lit l’histoire de deux peuples différents.

 

Cependant cette islamisation dont nous parlons s’est continuée jusqu’à nos jours; le maraboutisme, développant le vieux goût des Berbères pour le culte de l’homme, n’a cessé d’étendre son influence. Certes, il y a des populations que l’Islâm n’a pas encore entièrement pénétrées; la Grande Kabylie, qui a adopté la loi musulmane en ce qui concerne les prescriptions d’ordre purement religieux, n’a pas accepté le statut personnel musulman. Elle garde ses coutumes, ses kanoûn, malgré leurs contradictions formelles avec le droit coranique d’origine divine. Mais, répétons-le, le maraboutisme ne cesse de gagner du terrain.

 

Nous y avons contribué nous-mêmes en arabisant inconsidérément des pays comme l’Aurès d’où nous avons à peu près fait disparaître les coutumes nationales et antéislamiques. A côté du maraboutisme, ou plutôt au sein du maraboutisme, se sont élevées les confréries mystiques religieuses qui ont aussi puissamment contribué à faire pénétrer le pur esprit islamique jusque sous les plus humbles gourbis et les plus modestes tentes. Il est temps de dire quelques mots de ces deux éléments de l’Islàm : maraboutisme et associations mystiques.

 

 

Page 43

 

Le mot marabout a vu son sens s’élargir encore davantage : il en est venu non seulement à servir pour désigner torts les saints, mais encore tout ce qui est sacré. en sorte que des animaux, des arbres, (les pierres, sont dits « marabouts ». C’est à cet égard, le terme le plus général qui existe et le seul dont se serve le peuple.

 

Donnons, à ce propos, l’explication de quelques expressions courantes dans la terminologie du maraboutisme, Un bahloùl est un simple d’esprit, partout regardé comme un favorisé de Dieu, de même que le fou on l’épileptique. Le bahloùl est naturellement prédisposé à être medjdzoub c’est-à-dire « ravi en extase » par Dieu, illuminé. Le saint qui est continuellement medjdzoub, ravi, est devenu un ouali !, c’est-à-dire un ami, un familier de Dieu. Les saints sont généralement désignés par le titre de Sidi « monseigneur.», qui s’abrège en Si, pour désigner surtout un lettré, un jurisconsulte. un faqih Au Maroc, le sultan et tous les saints reçoivent le titre de Moulaye c’est à-dire « mon maitre ». Lofin, les femmes maraboutes sont désignées, comme en Orient, sous le nom de Setti, madame » ; mais leur titre le plus populaire est celui de Làlla iily), mot berbère, qui signifie « maîtresse ».

 

 

Page 56

 

Le mystique musulman se nomma çoûfi  et le mysticisme taçawwouf. Les orientalistes européens l'appellent le çoûfisme. D'où vient ce mot de  çoûfi  ? La question a beaucoup exercé les lexicographes arabes et européens ; la grammaire voudrait qu'il vint du mot çoûf  qui signifie « laine »

 

Les premiers çoùfis, dit-on, s'habillaient de laine et la laine serait le symbole de la douceur. de la foi, de la pureté. D'autres l'ont tiré de la racine çafà qui veut dire « être pur », mais les lois de la dérivation ne sont pas favorables à cette étymologie. Peut-être vient-il du grec ! On a été jusqu'à vouloir le tirer du berbère, ce qui semble audacieux. La première étymologie nous paraît la plus vraisemblable.

 

 

Edmond DOUTTÉ

 

L’ISLÂM ALGÉRIEN EN L’AN 1900

 

 

Giralt, Imprimeur

Alger-Mustapha

1900