Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/04/2012

L'espoir (Youcef MERAH)

 

Chaque matin,

Chaque soir,

Je remercie une moitié de moi :

Cette citadelle où brûlent les syllabes,

Cette masure où germent les vers de l’espoir.  

 

Chaque matin,

Chaque soir,

Je remercie cette moitié qui me défie

En face de la plénitude creuse des autres.  

 

Chaque instant,

Chaque matin et soir,

Je redouble mes congratulations

Envers ce voilier que les vents de la mort boudent

Pour n’être accosté aux cotés de nulle tombe.  

 

Chaque matin sans attendre le soir,

J’efface les clôtures des hommes

Et redessine de mes poings tant de départs.  

 

Chaque matin,

Chaque soir,

Je cueille des fleurs

Au jardin où les chênes flétrissent.  

 

Chaque jour,

Du matin au soir,

Je rêve des jours où les rivières du silence tarissent.

 

 

MERAH Youcef_Les griffes du silence_couv.jpgYoucef MERAH

 

Les Griffes du silence

 

 Aframed Éditions 2010

 

15/04/2012

La main de Nouara (Fatima KERROUCHE) 2

Mais lorsque Nouara demandait qui était la fiancée d'Urthilan, la mère se taisait.

 

Quand le trousseau fut prêt, elle dit à sa fille :

-   Prends cette terre d'argile et va enduire les murs de la chambre de ton frère.

Pendant que Nouara pétrissait la pâte blanche, une hirondelle vint à passer:

-   Si tu me donnes un peu d'argile pour mon nid, je te dirai qui ton frère va épouser.

-   Et que m'importe de savoir qui mon frère épouse ? Il va se marier et cela me suffit.

 

Quand la chambre fut prête, la mère demanda à sa fille de trier du blé. Nouara prit le plat en osier, une corneille traversa le ciel en croassant :

-   Quelques grains de blé pour mes petits et je te dirai qui est la fiancée de ton frère.

-   Passe ton chemin, dit Nouara et laisse-moi, j'ai fort à faire.

Quand le blé fut trié, elle le porta à moudre. La mère ordonna à sa fille :

-   Tiens, roule-nous du couscous pour la fête de ton frère.

Installée devant le grand plat de bois, Nouara vit s'approcher une vache nonchalante.

-   Un peu de couscous pour mon veau et je m'en vais te révéler qui ton frère doit épouser.

La jeune fille songea que ces animaux répétaient la même chose. Alors, elle jeta quelques grains à la corneille :

-   Le blé que tu tries, c'est pour tes noces, celle que ton frère veut épouser, c'est toi, dit l'oiseau.

Stupéfaite, elle ne savait pas si elle avait très bien compris. Elle vit repasser l'hirondelle et lui fit don d'un gros morceau d'argile.

-   La femme que ton frère va épouser, c'est toi, dit l'hirondelle.

Nouara prit une pleine poignée de couscous qu'elle jeta à la vache.

 

-   Tu roules le couscous de ta propre fête, Nouara, car la mariée, demain ce sera toi. Ce sera toi, ce sera toi...

Il n'y avait plus de doute. Nouara laissa là son couscous. Elle vêtit immédiatement des habits de voyage et sortit en douce de la maison. Elle marcha longtemps à travers la forêt et se réfugia dans une grotte retirée. Elle roula une énorme roche à l'entrée.

À l'annonce de sa disparition, les habitants d'Illoula Oumalou, se mirent à sa recherche. Son frère, furieux, écuma à cheval les moindres recoins de la forêt. Les parents étaient désespérés.

chèvre_ph-jskabylie.info.jpg

Un jour, alors que le berger employé par les parents continuait de conduire chaque matin son troupeau de chèvres dans la forêt, l'une d'elle grimpa jusqu'à l'entrée d'une grotte. Elle donna de grands coups de corne dans le rocher. Le berger accourut pour ramener sa chèvre. Soudain, il entendit une voix qui sortait de la grotte :

Ouste, chèvre, va de là!
Ou la gale te dévorera.
Et va dire à mes père et mère :
Nouara dans la grotte, se terre !

Le berger éberlué, regarda autour de lui, mais ne vit personne. Le soir, il conta l'aventure à son maître qui décida de le suivre. Le lendemain, la chèvre se dirigea de nouveau vers la grotte. Elle donna de furieux coups de corne sur la roche. Aussitôt, une voix très distincte dit :

Ouste, chèvre, va de là!
Ou la gale te dévorera.
Et va dire à mes père et mère:
Nouara dans la grotte, se terre !

Le père aussitôt reconnut la voix de sa fille.

-   Nouara ma fille, où es-tu ?

J'étais ta fille, ta fille, dit Nouara.
Tu étais mon père, mon père.
Maintenant tu es mon beau-père!

Il essaya de la faire sortir, elle refusa.

-   Au moins montre-moi ta main que j'y dépose un baiser.

La main sortit au dehors, il y porta ses lèvres, mais ne pouvant rien obtenir d'autre, s'éloigna. Quand il conta à sa femme où était Nouara, elle voulut partir tout de suite, mais la nuit tombait, il lui fallut attendre le lendemain. 

...

 

Fatima KERROUCHE

 

Les contes de Mademoiselle Soumicha

 

 

Éditinter 2011

10/04/2012

La main de Nouara (Fatima KERROUCHE) 1

Que mon conte soit beau et doux comme du miel et qu'il se déroule comme un long fil d'or dans votre âme et votre cœur.

Autrefois, au pays dIlloula Oumalou, vivait un couple qui avait deux enfants : Nouara, aux cheveux d'or et Urthilan, fier cavalier. Les parents s'inquiétaient pour leurs enfants, ils voulaient les voir mariés. Surtout Urthilan, car le jeune homme préférait passer son temps à cheval dans la forêt. Parfois, Nouara le suivait, elle se baignait dans la fontaine d'eau claire où la monture avait l'habitude de boire. Un jour, en nageant, elle laissa tomber un de ses cheveux d'or. Le soir, quand le frère voulut abreuver son cheval, celui-ci refusa. Le cavalier s'approcha de l'eau, prit une petite branche de chêne et la promena dans l'eau. Quand il la retira, un long cheveu souple et blond pendait au bout du bâton. La lumière jouait dans les gouttelettes qui s'y étaient accrochées. Le jeune homme admira le cheveu, le recueillit avec soin et le rapporta à la maison.

-   Mon père et toi mère, dit-il à ses parents en arrivant, puisque vous me poussez à me marier...

-   C'est que nous sommes vieux et nous voudrions, avant de mourir, vous voir mariés, interrompit le père.

Le jeune homme alors montra le cheveu :

-   Et bien, dit-il, si tu trouves la femme à qui appartient ce fil d'or, je l'épouse.

La mère, transportée de joie par cette nouvelle inespérée, prit le cheveu et alla faire le tour des maisons du village. Elle l'essaya à toutes les filles, mais... à son grand désespoir, il ne seyait à aucune. Il était trop long, trop fin ou trop clair. Le père, qui attendait le retour de sa femme impatiemment, fut déçu :

-   Tu es sûre de n'avoir oublié personne ? lui demanda-t-il.

-   Personne, dit-elle, sauf Nouara, naturellement.

-   Et si tu l'essayais à Nouara, au moins, nous saurions qu'il est inutile de chercher plus longtemps.

 

La mère fit venir Nouara, elle lui essaya le cheveu et... ô miracle ! C'était la même couleur, la même longueur, la même finesse. Les parents étaient atterrés, leur fils n'allait tout de même pas épouser sa soeur.

De retour de la chasse, Urthilan demanda :

-   Alors ?

La mère qui avait peur que son fils renonce à se marier, prit d'infinies pré­cautions :

-  J'ai visité toutes les filles du village, lui dit-elle, il y en a de très belles, dont les cheveux ressemblent à celui-ci à s'y méprendre.

-   Ils lui ressemblent, mais ils ne sont pas les mêmes.

-   Aucune, murmura la mère, aucune n'a exactement les mêmes cheveux, sauf...

-   Il y a donc une femme? dit le jeune homme. Vite, dis-moi qui elle est, et je l'épouserai.

-   C'est Nouara.

-   J'ai juré d'épouser la femme à qui ce cheveu appartient et je ne renoncerai pas.

La mère essaya en vain de lui faire entendre raison.

-   Je dois respecter mon serment, sinon je quitte le pays.

Terrifiés à l'idée de perdre leur fils unique, les parents acceptèrent la mort dans l'âme et durent promettre de lancer les préparatifs du mariage entre... le frère et la soeur.

 

À Nouara, ils dirent que son frère allait se marier, mais sans plus. La mère commença par le trousseau de la mariée. Chaque fois qu'elle achetait un habit, elle l'essayait à Nouara.

Les robes :

-   Tu sais la fiancée de ton frère a juste ta taille.

Les souliers :

-   La fiancée de ton frère a la même pointure que toi.

Les bijoux :

-   La fiancée de ton frère a le même tour de cou, les mêmes rondeurs de bras et les mêmes chevilles que toi.


Mais lorsque Nouara demandait qui était la fiancée d'Urthilan, la mère se taisait.

 

 

KERROUCHE Fatima_Les contes de Mademoiselle Soumicha_couv.jpgFatima KERROUCHE

 

Les contes de Mademoiselle Soumicha

 

 

Pages 19 à 25

 

Éditinter 2011

 

 

04/04/2012

La femme algérienne face à la législation (Samir REKIK)


Petits passages du livre :

Considérée comme un être inférieur et faible, dès sa naissance elle est accueillie sans joie. Et quand la naissance des filles se répète dans une même famille, elle devient une malédiction. Jusqu’au mariage, c’est une « bombe à retardement » qui met en danger l’honneur patriarcal. Et plus elle grandit, plus le danger grandit avec elle. Elle est donc recluse dans le monde souterrain des femmes entre quatre murs …

 

Devenue un instrument dont on ne parle même pas ; elle est loin d’être l'égale de l’homme. Ce dernier la consomme comme un fruit par le mariage et surtout par la maternité. Hors mariage, elle redevient l’instrument des passions animales et selon le milieu social, on l’achète cher ou bon marché, on peut même se ruiner pour elle, mais on la méprise toujours …


En Algérie, selon l’article 29 de la Constitution « les citoyens sont égaux devant la loi … » mais… pour les femmes, c’est une autre histoire ! La polygamie sous réserve, l’absence de statut pour la mère célibataire, la tutelle matrimoniale à l’égard de la fille (même majeure), la prohibition du mariage avec un non-musulman pour la femme, le divorce comme faculté exclusive du mari (la répudiation), et le droit à la moitié des parts en matière successorale …


L’Algérie est le pays le plus rétrograde des pays Nord-africains du point de vue des droits de la femme …


Mais peut-on parler de démocratie, de droits de l’Homme, d’un avenir meilleur sans y intégrer la femme ?

 

 

REKIK Samir_La femme algérienne face à la législation_couv.jpgSamir REKIK

 

La femme algérienne face à la législation

 

Religion, violence, tabous et fléaux de la Société

 

 

Edilivre 2012