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19/03/2008

Les émigrés (Rachid ALICHE) extrait de FAFFA

[...] Ils se rendent en terre étrangère, ils sacrifient leur jeunesse, retroussent leurs manches et travaillent très dur, afin de se sortir de la misère, eux et leur famille ; pour envoyer un peu d’argent au pays. L’un va commencer par rembourser les dettes qu’il a contractées ou que ses parents lui ont laissées ; un autre va s’efforcer de racheter les terres que son père ou son frère aîné a vendues, un autre va mettre de l’argent de côté pour pouvoir ouvrir un magasin au village et pouvoir retourner vivre au pays, auprès de ses enfants, ou acheter une voiture pour faire le taxi. Chacun d’eux a ses raisons et ses espoirs, les raisons de venir en France sont nombreuses : l’exil est écrit sur leur front depuis qu’ils sont au berceau !

Ils ont laissé le pays, ils ont laissé leurs maisons et leurs familles, leurs parents ; ils sont montés dans le bateau et s’en sont allés. Les vieilles et les mères n’ont plus qu’à se tourner vers les gardiens (génies) du pays pour qu’ils les protègent, qu’il ne leur arrive rien de mal, qu’ils gagnent de l’argent et apportent un peu de bien-être à leur famille.

 

Ceux qui partent pour la première fois sont en général des jeunes, entre dix-sept et vingt-cinq ans ; ils se marient et, le henné de la fête n’est pas encore effacé sur leurs mains qu’ils sont déjà partis !

 

Tous laissent des acheteurs qui vont s’occuper d’approvisionner leur famille ; si les parents sont encore en vie, ce sont évidemment eux qui vont assumer cette tâche, sinon on demande aux oncles paternels, aux beaux-parents ou à des amis.

 

Quant à l’épouse, elle se retrouve seule avec ses beaux-parents ou carrément toute seule : elle devra faire face à la situation comme elle vient ; toute la charge de la maison reposera sur ses épaules et elle devra assumer les tâches de l’homme et celles de la femme : aller chercher l’eau, faire la cuisine, tenir la pioche, grimper aux frênes (pour couper des feuilles destinées à nourrir les bêtes), débroussailler et tailler, cueillir les olives, bref, tenir la maison toute seule !

 

Extrait p. 23-24 du roman FAFFA

Mussidan, Federop, France 1986

 

 

 

Texte kabyle original dans l'allbum STOCK1079577658.jpg

 

 

11/03/2008

Algérie ! Algérie ! (Éric MICHEL)

"La Kabylie est une région sauvage au relief extrêmement varié soulignant une vaste étendue du littoral algérien. Ici, ce sont des plateaux arides et secs où pousse une végétation basse, quasi steppique, puis des plis de vallons ponctués de touffes de palmiers nains, d'oliviers, de figuiers ou de forêts de cèdres et de chênes-lièges. Là, ce sont de vertigineuses parois tombant à pic dans les talwegs, alimentés par d'aléatoires cascatelles. 

Partout, les accès sont difficiles.

Les sautes d'humeur du terrain rendent ardu l'établissement de voies de communication. Ils ne sont pas rares, les villages qui vivent isolés du reste du monde : c'est la norme. Austères, rudimentaires, jetés pêle-mêle au hasard des caprices de la nature et fondus en elle, ils s'accrochent bec et ongles à des pitons rocheux. Massés sur des crêtes à la dentelle platinée, cloués vaille que vaille à des encoches anguleuses et rouillées, ces fortins épousent néanmoins harmonieusement les coteaux, défiant les lois de l'équilibre.

 

Sur cette terre tourmentée se prêtant naturellement à la rébellion, les Kabyles, montagnards sédentaires, se sont montrés au fil du temps réfractaires à l'ordre établi ainsi qu'à toute domination. Ici, on ne se met pas du côté du manche, et c'est dans les replis d'un pays accueillant aux «bandits d'honneur» que, sept années avant le début du conflit, le premier maquis fut constitué avec une poignée d'hommes sans argent, sans nourriture et sans peuple. On y tenait tête, déjà, à l'administration coloniale avec une seule devise : la dignité n'a pas de prix. Pour arme, une volonté en forme de rêve. Indépendants, orageux, ces hommes forment une société simple, reposant sur d'ancestrales coutumes. Elle ne s'est pourtant jamais constituée en classe. Chez eux, pas de militaires mais des résistants, pas de noblesse mais des hommes fiers, pas de religieux mais une conscience politique aiguisée. En un mot, pas de caste.

 

Portés par le destin, quelques centaines d'hommes joignirent leurs forces. Us se préparaient au grand combat dans l'Est algérien, en Kabylie, dans les Aurès et l'Algérois, alors que l'attention de l'administration française était détournée par le séisme qui avait durement frappé Orléansville pendant l'été.

 

Le 1er novembre 1954, une insurrection populaire éclata simultanément en plusieurs points de l'Algérie. Au pire, on n'avait rien vu venir côté caïds et notables locaux. Au mieux, «on sentait quelque chose» en métropole et, au total, on croyait planer sur le problème comme à Sétif neuf ans plus tôt. Mais la mèche, allumée par les répressions sanglantes au lendemain de la victoire alliée pour mater cette première manifestation de masse, était au bout de sa course. On pensait que la botte française pèserait suffisamment lourd sur les musulmans : la paix serait assurée pour un bon moment.

 

Elle touchait à sa fin. L'heure sonna. La population, exaspérée par les injustices de l'administration coloniale, avait maintenant des têtes. À défaut de faire entendre une voix, ils feraient parler la poudre."

 

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Éric MICHEL

 

Algérie ! Algérie !

 

Presses de la Renaissance,

 

Paris, France, 2007

 

04/03/2008

Cas de la Kabylie (ZORELI Mohamed Amokrane)

L'histoire d'un cas de réussite :

Durant les premières années post-indépendance, le chef de la famille acheta une petite boutique où il a réalisé un commerce d'articles de confection.  

Le jeune fils commença d'abord par assister le père dans son commerce; mais l'affaire n'étant pas suffisamment rentable, il décida de partir en France où il travailla en tant qu'élément d'une chaîne de production.

Vers la moitié des années 1970, il rentra de France, avec un véhicule commercial, en vue d'exercer dans le pays le commerce ambulant de produits de confection.  

Au début des années 1980, il réalisa un investissement dans une entreprise de fabrication d'articles accessoires pour la confection où il s'approvisionnait pour les commerces de la famille; et, quelque temps après, il lança des travaux de construction au village natal.

Vers la fin des années 1980, ces travaux étant achevés, cet entrepreneur se désengagea de l'association industrielle où il trouvait des freins à ses élans afin de pouvoir réaliser au village une unité de production spécialisée* dans le même domaine d'activité.  

À partir de cette date et jusqu'aujourd'hui, l'entreprise a réalisé une extension, à double reprise, qui s'est concrétisée par un taux de croissance du nombre d'employés de près de 300%.

Venant juste d'achever un projet de construction dans le chef-lieu de la commune, le propriétaire-dirigeant serait en phase de préparation d'une nouvelle unité de production à ce niveau.  

 

* L'entreprise en question est 1oca1isée au niveau d'un village de la commune de Tizi-Gheniff, Wilaya de Tizi-Ouzou.

 

7d3f4680c24ff67fe7912b9e01f0f3e8.jpgL’historiquement construit au niveau local et dynamique de développement :

Cas de la Kabylie

 

ZORELI Mohamed Amokrane

 

Éditions Le Savoir

2006  

Tizi-Ouzou

 

26/02/2008

Lhadj Arezki Ouhouach (Mohand Ouremdane LARAB)

Rencontre entre Lhadj Arezki Ouhouach et Si Mohand Ou M’hand

C'est au café dit Lqahwa n Yeghzer, sis à l'entrée est de l'antique Bida Municipium, qu'eut lieu, en 1895, (il est bien précisé, 10 ans avant la mort de Si Mohand Ou M'hand), la rencontre entre le natif d'Icharaïouen et Lhadj Arezki Ouhouach. …

On raconte, ainsi qu'arrivé devant le seuil de ce lieu de détente et de consommation, Si Mohand aurait lancé, tout de go :

"Qui de vous pourrait me dire quel est cet oiseau dépourvu d'ailes ?"

Aussitôt après, une voix lui aurait répondu du fond de la salle :  

"C'est le coeur !".

Satisfait, le citoyen du âarch At­ Yraten aurait répliqué, illico presto, à son interlocuteur :  

"Aucun doute ! C'est toi Arezki Ouhouach et c'est après toi que je cherchais ! C'est même spécialement pour te rencontrer que je suis venu ! "

 

À peine eurent-ils échangé les accolades de rigueur que l'hôte ajouta à l'adresse de son confrère:  

Ô hadj avec qui je suis lié d'amitié,

L'être intelligent.

Toi et moi, nous nous connaissons depuis longue date.

Nombreux sont les océans que tu as découverts

Pour avoir suivi la voix juste

Et échappé à celle du démon

En t'étant rendu à la Mecque sans égal

Éclatante tel croissant lunaire

D'où tu en es revenu hadj encore adolescent.

 

Et l'autre, de lui rétorquer, immédiatement après, ceci :

Je te prie, ô noble, de m'écouter

Je vais te dire ce que je pense

Ne fréquente point celui auquel tu es supérieur

Tu t'avilirais.

Prends garde de confier tes secrets

Tu serais trompé et trahi

Car, dans ce siècle, tous les gens sont faux.

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Le poète Lhadj Arezki Ouhouach ne voudra pas qu'on parle de lui. Par là, il n'aimerait guère que son nom soit cité sur des pages de journaux ou de livres: question de nnif en ces temps-là. Il ne voulait donc, en aucune manière, faillir à la règle établie et porter ainsi atteinte à la communauté dont il est membre.  

En conséquence, une délégation d'intellectuels, conduite par Saïd Boulifa, le sollicitant un jour, par le biais du caïd, se verra refusée catégoriquement.

L'administrateur, embarrassé, sera alors contraint de faire intervenir un parent éloigné de Lhadj Arezki pour qu'il tente de faire changer d 'avis le poète.

Après moult négociations serrées, à la suite desquelles le missionnaire de bons offices consultera les membres de la délégation et obtiendra leur aval, il ira vite retrouver Lhadj Arezki pour lui promettre l’anonymat. Et ce ne sera qu’une fois ce pacte conclu que le poète acceptera enfin que ses œuvres soient  transcrites et colportées.

Extrait de la Préface de Mouloud HAOUCHE

 

 

7357859b840fe0a5428d5631b27acc63.jpgMohand Ouremdane LARAB

 

 

Lhadj Arezki Ouhouach 

 

 

 

Éditions LE SAVOIR

 

 

Tizi-Ouzou 2007

 

 

19/02/2008

D'Algérie (MORVANDIAU)

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Morvandiau, auteur de D’Algérie

Editions : L’oeil électrique 2 rue d’Andorre 35200 Rennes

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